« Li Chevalier : l’Art du Croisement » à la Base sous-marine de Bordeaux


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 24/05/2014 PAR Nicolas Leboeuf

Une artiste biculturelle exemplaireCe n’est certainement pas un hasard si Li Chevalier, artiste peintre et plasticienne pékinoise, a été choisie pour incarner l’amitié franco-chinoise. Elle reçoit la grande majorité de sa formation artistique dans les plus prestigieuses institutions parisiennes avant de devenir sociétaire émérite à la Société Nationale des Beaux-Arts. Diplômée en philosophie politique et forte d’une expérience dans le chant choral, elle obtient la nationalité française à l’âge de 25 ans. Ses créations expérimentales, tournées vers une quête esthétique et spirituelle complexe, ont écumé les plus grands salons d’art au fil de ses déambulations européennes, notamment ceux de Glasgow, Londres et Paris. Cette relation privilégiée avec la France est fortement symbolisée par la présence, finalement inévitable, de deux de ses principaux tableaux dans la collection de l’Ambassade de France en Chine.

L’approche artistique et le parcours de cette « artiste sans frontière » se jouent des disciplines, attitude dont l’exposition propose un aperçu :

L’Orient médiéval revisité à coups de pinceaux et de jets de lumièreLi Chevalier : L’Art du Croisement propose un panorama des œuvres expérimentales de l’artiste nées « au croisement » des deux cultures auxquelles elle appartient ; une hybridation parfaite entre harmonie orientale et esthétique occidentale, où s’entremêlent méditation, musicalité et rêverie.

La Base sous-marine réunit différentes approches de l’œuvre de la créatrice franco-chinoise, autour de trois espaces :

« Encres expérimentales » : La pratique picturale de Li Chevalier rend hommage à un millénaire de calligraphie à l’encre de Chine. Elle fait contraster sa noirceur avec de multiples nuances délicates de couleurs, du blanc au gris, en passant par le jaune ocre et le marron, s’émancipant ainsi de la tradition asiatique. La pratique du « clair-obscur » n’est pas sans rappeler les symboles de Yin et de Yang.
Au delà de l’indéfinition, plusieurs composantes sont récurrentes au fil des toiles de Li Chevalier. Pour n’en citer qu’une, des points d’interrogations à l’encre noire évoquent l’ambition passée de l’artiste philosophe à apporter des réponses à ses questions. L’ensemble des confrontations de couleurs fait émerger des toiles des paysages oniriques brumeux, faits d’incertitude et de solitude, autant que de délicatesse et de douceur.

 « Cantabile per archi » : La musique, second grand amour de Li Chevalier, est ici honorée par une installation majestueuse de 100 violons, magnifiée par un jeu de lumière et une recherche exigeante sur les ombres. Dans une seconde approche transdisciplinaire entre musique et art visuel, la créatrice embellit ses instruments en y apposant des références subtiles à son art traditionnel. Un noble éloge aux artisans qui ont pu croiser sa route, ainsi qu’aux compositeurs ayant inspiré ses procédés artistiques. Le titre est d’ailleurs tiré de l’œuvre symphonique du compositeur letton Peteris Vasks.

« Stèles de lumière » : Comme un écho à l’ouvrage précédent, c’est une centaine de stèles illuminées, disposées à l’horizontale et recouvertes de poèmes calligraphiés en guise d’oraison funéraires qui viennent clore l’exposition. Li Chevalier a souhaité saluer à sa manière le poète français Victor Segalen. Au début de la Grande Guerre, ce dernier décide en effet d’entreprendre une mission archéologique consacrée aux monuments funéraires chinois. Ces « monuments restreints à une table dressée, portant une inscription » inspireront d’ailleurs la composition de son recueil de poésie « Stèles ».

Li Chevalier : l’Art du Croisement sait proposer un art contemporain accessible au grand public, en parfaite synergie avec le lieu atypique qui l’accueille. Remarquablement scnénographié, l’effet apaisant de l’exposition, dont seule la culture chinoise a le secret, n’a pas échappé à ses visiteurs.

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