Michel Serres, en fin pédagogue, explique sa vision de la jeunesse et de sa Petite Poucette.


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 12/03/2013 PAR Laura Jarry
Petite Poucette - Michel Serres
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Carte d’identité de la Petite Poucette.Née entre 1980 et 1990, « dans cette période où les nouvelles technologies sont monnaie courante », elle ne pouvait être que fille vu que « ces dernières années, on assiste à la victoire des femmes ». Michel Serres, pour exprimer ses idées, a ainsi « tenu à créer un personnage, qui serait plus frappant qu’un concept » et lui est finalement reconnaissant du nouveau sens qu’elle a donné au mot « maintenant ».
Pour le sens commun, « maintenant » désigne l’instant présent. Pour Petite Poucette, « maintenant » reprend le sens de « tenant en main ». Citant la théorie mathématique du Petit monde (n’importe qui peut, en un minimum de quatre appels, joindre n’importe qui à travers le monde), le philosophe exprime la devise de son personnage : « maintenant, tenant en main le monde ». Si, en leurs temps, seuls l’empereur Auguste et Louis XIV pouvaient tenir ces propos, ils sont maintenant « 3.750 millions qui ont un portable en main et peuvent dire cette maxime ».

« Les grands-papas ronchons »Voilà comment Michel Serres désigne « ceux que toutes ces nouveautés peuvent affoler », tout en tentant de les rassurer par une explication simple : « tout cela n’est pas si nouveau ». Si l’écriture, puis l’imprimerie, ont surpris d’anciennes générations, les séniors contemporains doivent s’adapter « à ce troisième acte » qu’est l’avènement de l’ordinateur.
« Il n’y a pas de doute, nous vivons une forme de renaissance », ajoute le philosophe.

« La tête objectivée »Pour lui, l’important est de comprendre ce qui se trame dans la tête de Petite Poucette. En Père Castor racontant une histoire, il narre l’époque où les chrétiens devaient se cacher pour exercer leur religion dans un Lutèce aux mains des romains, dont les légions avaient interrompu un culte et tranché la tête de l’évêque Denis ; que ce dernier avait récupéré aussitôt en bas des marches. « Petite Poucette tient donc en face d’elle [dans l’ordinateur] la tête de Denis », annonce Michel Serres en morale du conte.
Dans cette « tête objectivée » se trouvent trois fonctions, qu’il compare à celles dont il avait appris le caractère indispensable « pour que la cognition humaine soit possible : la mémoire, l’imagination et la raison ». Il souhaiterait ainsi remettre au goût du jour l’expression de Montaigne « Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine » ; car si le nouveau cerveau n’a pas besoin d’accumuler de l’information, son problème n’est donc pas d’être bien rempli mais de devenir créatif.

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