Nos lectures du vendredi – « Vers l’hyperrugby » : Xavier Lacarce relève la mêlée !


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 04/12/2009 PAR Olivier Darrioumerle

Le « vrai » rugby a été sacrifié sur l’autel du spectacle
Le changement des règles du jeu fut le premier coup donné au rugby à l’ancienne. Les professionnels du spectacle,Max Guazzini, et autres «ambianceurs » se chargent de l’achever sous nos yeux. Améliorer le spectacle à tout prix, travestir les rites et vulgariser les mythologies, le rugby est mis aux goûts du jour pour satisfaire l’Homo festivus. Le bouffon amuse son bourreau, pour son loisir. Le travailleur assujetti aux images, « coupé entre l’hystérie exagérée et la mollesse affective participe gaiement à la destruction de l’ancien monde.» S’appuyant sur les situationnistes, pour mieux « distribuer les marmites », Xavier Lacerce déclenche une belle bagarre. Le rugby est mort, passez, il n’y a plus rien à voir… Normalisé, le rugby s’est soumis au modèle unique du spectacle sportif, le football. Malgré les nombreuses levées de boucliers, notamment écossaises, l’alibi démocratique (égalitarisme et uniformisation par la majorité) a annihilé ce sport d’essence aristocratique.

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Vers l'hyperrugby triomphe du sport unidimensionnel
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La corrida est traversée par les mêmes enjeux. La marchandisation et la touristification menacent.Ernest Hemingway et Alain Montcouquiol l’ont bien compris: « c’est un signe distinctif de tout véritable sport d’amateur, qu’il procure plus de plaisir à l’acteur qu’au spectateur. Dès qu’il commence à procurer assez de joie au spectateur pour qu’on puisse lui imposer un droit d’entrée, le sport contient le germe du professionnalisme. »
L’Arms Park était le Séville du rugby. Ce pré carré, toujours boueux, entouré d’une piste de lévrier, a été rasé par les tractopelles obéissants. Sur les ruines du temple du rugby, s’élève désormais un bijou technologique, le Millenium Stadium. Le rugby est mort, on commande une autopsie. A travers une réflexion qui peut paraître anodine, la mort du rugby nous fournit un prisme parfait pour observer le monde moderne et la perte des valeurs.

A qui profite le crime ?
Qu’avons-nous fait de nos mythologies fondatrices ? Que signifiait le fighting spirit ou le french flair ? Will Carling était-il le dernier « rugger » anglais ? Aujourd’hui, les rivalités, les symboles et les rites sont manipulés pour être les éléments essentiels du spectacle. Les pratiques opaques et complexes du rugby sont simplifiées, ses ambiguïtés fondamentales exhibées. Il n’y a plus de tabous, plus de secrets pour le nouveau roi du stade. Le spectateur veut de l’exotique, de la violence et du refoulé ! Le Haka des all blacks est sous-titré comme dans un clip de boys band, Max Guazzini fabrique de toute pièce une rivalité Parigo-toulousaine sur le modèle PSG-OM, la Michalakmania et les beaux corps luisants s’étalent sous les projecteurs… L’histoire du Tournoi des cinq nations n’est-elle pas que le fond du décor où l’Italie, ce grand guignol, est le partenaire idéalpour jouer cette sinistre comédie ?

L’amateurisme en question
Si ce livre nous invite à une réflexion lucide sur nous-mêmes et sur notre société.Le concept n’est étudié que dans la confrontation entre la réalité-spectacle et la réalité-traditionnelle dite « vraie » du rugby, entre le professionnalisme cynique et la tendre naïveté de l’amateurisme. Si le sentiment de nostalgie est largement partagé à la lecture de cette joyeuse histoire du rugby, pleine de saveurs et d’épisodes épiques, de grandes figures et de traditions précieuses, on regrette le peu de place fait à l’amateurisme et aux écoles de rugby qui aujourd’hui continuent à se battre derrière les projecteurs, dans la boue et les larmes.

Photo : aqui.fr,Charles Fred

Olivier Darriou

Du côté du Bassin : Jolie idée que l’édition par Mollat de ce petit ouvrage écrit par le confrère Rodolphe Martinez et dédié au Bassin d’Arcachon. Un vrai coup de coeur qui abonde de photos dont toutes ne sont pas de carte postale mais renvoient au contraire à l’intimité du bassin, aux espaces infinis, aux hommes et aux femmes qui le font vivre, aux pinasses et aux parcs ostréicoles. Un voyage dans ce lieu unique « miracle naturel fragile, mer intérieure où l’homme et la nature cohabitent depuis des siècles ». 

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