Nos lectures du Vendredi :  » La main de Rodin », Florence de la Guérivière, Séguier Editions.


Séguier Editions.
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 05/02/2010 PAR Anne Duprez

Et si? Par la magie de l’écriture, par le pouvoir de l’écrivain, le réel se transforme. On suit Camille dans son périple hors le peuple des fous, dans sa quête de reconnaissance, enfin, des autres, mais aussi d’elle-même. Avec elle, on espère, on y croît soudain, on désespère, on lutte. On y est. Tout colle à la réalité, et c’est là le premier grand talent de l’auteur qui , dans une écriture qui a du sculpteur la précision des émotions rendues et la véracité changeante des contrastes et des points de vue, retrace une ambiance, une époque : la France de 1917, aux repères bouleversés par la guerre, en écho au conflit intérieur que vit Camille.

La main de Rodin
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Celle-ci est à la fois recul et moments de répit, loin des arrachements du front, et soudain nouvelles attaques, inattendues, déroute, errements. Point d’élucubrations rocambolesques, c’est là la force de ce roman. Tout se tient. Florence de la Guérivière, avec intelligence et clairvoyance, pénètre l’âme géniale et tourmentée de Camille, elle en perce les démons, à tel point que   ses moments de vie en dehors de l’asile éclairent ce que fut sa réelle folie. Un vrai roman, créateur et créatif, aux multiples rebondissements et en même temps si juste, contenu, réaliste.

A l’heure où s’écrit cette chronique, le ciel est bas et lourd sur la Gironde. Ombres noires des arbres sur ciel de plomb où perce, difficilement, la lueur de l’aube. Pluie, lourdeur de la terre qui colle aux semelles et rend la marche incertaine. On se sent un peu Camille. On respire un peu du vent glacial de l’Aisne, de son Villeneuve natal. Les yeux mouillés de pluie la cherchent dans l’épais brouillard. Soudain, elle se distingue, ciselée comme par la main d’un maître. Une Camille extraordinairement vivante qui se modèle au fil des pages, de la griffe des tourments à la morsure rebelle de la folie, des apaisements tendres à la translucide lumière qui irradie, soudain, le marbre impassible. Une Camille re-née, par la grâce et le talent d’une main de maître, une main d’écrivain. Merci à Florence de la Guérivière de donner ici la possibilité d’une vie à la pauvre Camille, la chance, même illusoire de faire enfin le deuil de ses démons. Même si…

A l’heure où s’écrit cette chronique, la lueur timide tend à gagner sur l’ombre, sans qu’on sache encore l’issue de leur combat. On aime pourtant à imaginer qu’une fleur   à la corolle rouge, perce, timide mais fière, la terre sèche et muette du carré des fous de Montdevergues.

Anne DUPREZ

Mais aussi …

–  » La robe bleue » . Michèle Desbordes. Editions Verdier. Partant d’une photo de Camille Claudel prise à Montdevergues, Michèle Desbordes revient sur la relation fraternelle entre Camille et Paul Claudel. Paul qui fut sa seule visite familiale, une fois par an, au cours de son long internement. La robe bleue, que Michèle Desbordes imagine que se confectionne Camille, cristalise l’impatience de l’attente, l’insoutenable, un certain absurde aussi.  A redécouvrir.

Editeurs cités: Atlantica-Séguier www.atlantica.fr et Editions Verdier www.editions-verdier.fr

 

 

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