La vie rêvée des villes, c’est ça. Une manière offerte à chacun de s’approprier les lieux, à l’image de ces quais de Bordeaux rendus aux déambulations sereines des familles, aux pas sautillants des joggeurs, aux combats contre eux-même et leur propre agilité des skateurs qui, inlassablement, martèlent le bitume de leurs cascades à roulettes.
Il y a 20 ans encore, les quais de Bordeaux n’étaient qu’une errance vague entre oubli du passé et utopie d’avenir. Du rêve à l’utopie, il n’ y a qu’un pas. Puis deux. Puis trois. Puis cent! … le long de cette promenade de 4 kilomètres, qui enchaînent commerces, jardins, parc des sports. Le réel se construit sur le rêve.
Mais voici que soudain, Bordeaux disparaît dans un soupçon de brume… Dans l’envol des embruns, flottent les souvenirs des lointains cargos d’un port plusieurs fois millénaire. Et la pensée voyage, vagabonde, investit d’autres lieux: Pau, Casteljaloux, le Pays Basque, les Landes, destins entrecroisés.
A nouveau, on se promène ici comme on voyage. Et le coeur des villes vibre à l’unisson de celles et ceux qui les parcourent, les sculptent de leur regard, les patinent de leurs rêves. Chaque ligne de vie en trace les sillons, imprime des souvenirs sur des images qui, à l’infini, inventent et réinventent. Les villes vivent du coeur des hommes, se nourrissent et grandissent de leurs rêves. Un beau festin!
Anne DUPREZ
Le Festin n°75. Automne 2010. La vie rêvée des Villes. www.lefestin.netIllustration de couverture: Bordeaux vu par Max Ducos. Max Ducos.