Car Duras c’est avant tout une terre, en Lot et Garonne, autour d’un châteauoù on vous raconte volontiers, et depuis toujours, que Marguerite Donnadieu était un peu d’ici, et que si elle a pris ce nom là, c’est qu’elle aimait ce pays. Le pays de Duras… où, Henri Donnadieu, le père de Marguerite, se sentant mourir, achète un domaine: le Platier. A la mort du père, Marguerite suit sa mère et ses frères, depuis l’Indochine jusque vers cet autre ailleurs, inconnu, mais où quelque chose va se nouer, pour l’éternité serait on tenté de dire. Car Alain Vircondelet nous parle alors d’une rencontre, celle de Marguerite avec Duras, la terre mais aussi la femme, celle qui écrit. Une rencontre avec elle-même, au cours de laquelle germe son devenir. Elle SERA Duras, le pays du père,et, au travers de l’écriture, tissera l’écheveau des routes vers ce père absent, disparu, oublié, en apparence. Récit d’un voyage intérieur, torturé parfois, tortueux en tout cas, à l’image des méandres et des lianes qui, aujourd’hui, enserrent Le Platier dans un carcan de brousse et de faux oubli, et enracinent à tout jamais Marguerite et son père, comme éternellement mêlés par un même destin. Une autre Duras. On en comprend les doutes, les égarements et interrogations. Elle nous devient alors plus proche, plus intime, plus humaine. Elle-même, enfin, sans artifices ni faux semblant.
Mais aussi…
– « Cadence », de Stéphane Velut, Christian Bourgois Editeur . Un livre dérangeant, dont on ne sort pas indemne… mais le rôle de la littérature n’est-il pas aussi parfois de bousculer? Stéphane Velut nous livre ici une parabole. On ne sait rien de l’identité de ses personnages, car là n’est pas le propos. On les observe comme on suivrait un documentaire, dans la crudité et la brutalité des faits. Le recul vient de la toile de fond, tout aussi terrible (Munich vampirisée par le nazisme) au centre de laquelle l’auteur imprime son histoire. Ainsi chacune est le reflet de l’autre. Au fil des mots, le récit monte en puissance, un puzzle diabolique prend forme, à petite et grande échéance. On ne sait plus si l’on est juge ou partie. Là est la force de ce livre: par la trace qu’il laisse, il nous pousse à la réflexion. Magistral.
– « Je vous raconterai », d’Alain Monnier. éditions Flammarion. Pour son dixième opus, l’auteur toulousain Alain Monnier explore les zones d’ombre d’un homme aux portes de la mort. Désespéré de la vie, flirtant avec l’abîme du jeu de roulette russe, son héros entame un voyage en lui-même qui le mènera peut-être, au bout du compte, vers l’inattendu. La vie en somme.
– « Le club des incorrigibles optimistes », de Jean-Michel Guenassia, éditions Albin Michel. Dans l’arrière salle d’un bar, Joseph Kessel et Jean-Paul Sartre jouent aux échecs… rencontre improbable et loufoque ( que l’auteur certifie réelle!), dans un petit monde à part, une galerie de portraits et de destins insolites. Plus de 750 pages de bonheur et déjà un succès en librairie.
Lire et Sortir:
– Lire en poche, Gradignan (33): du 2 au 4 octobre 2009. www.lireenpoche.com
– Un aller-retour dans le noir, Pau (64): du 2 au 4 octobre 2009. Salon des littératures noire et policière. www.unallerretourdanslenoir.com
– Festival Lettres du monde, en Nord: du 8 au 18 octobre 2009. Dans des bibliothèques, librairies, cinémas et théâtres de 20 villes en Aquitaine. www.lettresdumonde.com et www.arpel.aquitaine.fr
Anne DUPREZ
Le Bord de l’Eau éditions, www.editionsbdl.com