Nos lectures du week-end: « Le bel enfer », Bernie Bonvoisin. Stéphane Million éditeur.


Stéphane Million éditeur
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 09/04/2011 PAR Anne Duprez

Car Bernie Bonvoisin regarde l’homme droit dans les yeux, droit dans ses contradictions et ses dérives.  Dans un style quasi journalistique où chaque mot est une seconde, un souffle de vie et souvent de survie, il nous plonge dans « Le bel enfer » : celui qu’on refuse de voir. La guerre en Tchétchénie,  mais aussi la guerre intérieure de l’occidental trop endormi dans son confort d’indifférence, rendu aux frissons de glace d’un rail de coke un soir de victoire marketing.  Dans une écriture miroir, il choisit de mettre en scène deux sœurs, qu’apparemment tout oppose : Tessa, reporter photographe, l’innocence en alerte, belle dans son désespoir qui découvre l’enfer de la guerre ; Carol, directrice d’une agence de communication,  qui justement ne communique plus, fière, en apparence, de sa folle réussite, mais si seule en fait, et dont la destruction intérieurement muette fait pourtant écho aux massacres de Grozny.

Le bel enfer, Bernie Bonvoisin
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Carol croit que tout est permis, Tessa que tout est possible. Mais à ce jeu des sept erreurs, on découvre l’ampleur des failles enfouies chez chacune : Carol  qui, pour lutter contre une certaine mort de l’âme (ou au contraire pour ne pas entendre les cris lancinants de celle-ci ?), crée le chaos en elle ; Tessa qui s’équilibre dans le chaos, jusqu’au danger, jusqu’au vertige du vide, et soudain la terreur de la mort.

Tout fonctionne par couple dans « Le bel enfer » dont chaque pan est le négatif, révélateur des ombres de l’autre : Marc et Shahmil, Tessa et Hassan, Dave et Irina, et enfin, couple ultime, Tessa et Carol. Et si on est souvent perdu, c’est parce qu’on ressent à chaque phrase la peur saisissante, les entrailles qui se tordent, le souffle âpre, mêlé de sang et de feu, l’envahissant vertige de la désespérance.  Bernie a la curiosité de l’homme, jusqu’au danger, à l’instar de ses personnage ses armes, c’est ses yeux, ses mots, il combat l’indifférence à sa manière. .. «  C’est un témoin, il en faut. On en a cruellement besoin. ». Bernie a le sang chaud du combattant de la vérité, mais aussi la précise clarté du regard de l’émissaire universel. On en a cruellement besoin.

Photo: Couverture » le bel enfer », Stéphane Million éditeur tous droits réservés.

Anne DUPREZ

En parallèle: Festival Garorock, du 08 au 10 avril 2011, Marmande (47).
« Le bel enfer » Bernie Bonvoisin, chez Stéphane Million éditeur.
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