Nos lectures du week-end: « Le dernier cours d’Histoire », Maud Haymovici, L’àpart éditions.


Isabelle Archambault et Maud Haymovici
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 27/04/2011 PAR Anne Duprez

Edy avait grandi en Roumanie, Maud en Bretagne, à Pluvigner, sous la tendre tutelle du docteur Pascal, son grand-père, fervent républicain, respecté de tous et pour qui  «  la laïcité, loin de porter atteinte aux croyances [restait] la meilleure garantie de la liberté de conscience ».  Edy était juif, Maud élevée dans la foi catholique héritée de sa mère. Jusque là deux univers bien étrangers l’un à l’autre. Edy, lui-même médecin, avait épousé Suzanne, la fille du docteur Pascal, rencontrée sur les bancs de la faculté de médecine. Une première fille Catherine était née de cette union, avant-guerre, et une seconde, Maud, après la guerre et le retour d’Edy, et tout juste avant le divorce des parents, prononcé en 1948… Depuis cette date, un père absent dont on arrive à craindre les réapparitions soudaines, dans le mutisme des sentiments et l’incompréhension des malentendus. Maud dut se contenter longtemps de l’appréciation laconique de sa grand-mère quant à son père : «  Quel être ! » laquelle n’appela finalement jamais aucune contestation.  Et la vie s’écoula,  apparemment lisse, comme le rideau qui masquerait le désordre d’une pièce qu’on veut, envers et contre tout, bien rangée.

Le général de Gaulle en Angleterre, 1942, entouré d'un groupe d'officiers dont Edgard Darier. Photo Maud Haymovici tous droits réservés.Il arrive pourtant parfois qu’un vent de bourrasque soulève un pan du rideau. Envolée timide qu’on juge anodine et qui pourtant insiste et force aux découvertes. Maud  se découvre alors, en même temps qu’elle redessine peu à peu les contours du visage de son père. Celui d’un homme dont les choix, sans concession, prenaient leur digne place dans les cohortes universelles qui façonnent la grande Histoire. Combattant, résistant, révolté : de ceux qui disent non quand il faut, quand bien même cet engagement engage aussi leur vie entière.  Comme ce père enfin révélé, Maud Haymovici dit non, par son travail de recherche  puis d’écriture de cette fantastique histoire de retrouvailles au-delà du temps. Elle combat le long saccage de l’oubli et de l’indifférence, retisse le lien, remettant les choses à leur digne place.  Car, comme elle l’écrit, «  les êtres et les choses n’en finissent pas de produire les rayons et les ombres, l’obscur et le clair de leur existence, comme si tout se tenait miraculeusement ». Un magnifique témoignage où s’entremêlent les émotions, et où la force d’un lien invisible enfin révélé s’entremêle à la trame de la grande Histoire des hommes.

Photos: Isabelle Archambault et Maud Haymovici, tous droits réservés.

Anne DUPREZ

Le dernier cours d’histoire, Maud Haymovici, l’àpart éditions 2011, [récit/histoire].
Maud Haymovici évoquera son livre sur France-Culture le 15 mai 2011 à 9h10, dans Maison d’études de Victor Malka.

 

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