Alexandrine Civard-Racinais a fait ses débuts dans le journalisme, en 1991, auprès de François de Closets, dans l’émission Médiations. Le premier sujet à lui mettre le pied à l’étrier de l’information sera un reportage sur l’expérimentation animale. S’ensuivra une carrière spécialisée dans les questions de société, d’éthique et de médecine. Un parcours ponctué, 20 plus tard, par une rencontre avec Sophie de Closets, fille de… éditrice chez Fayard, qui l’encouragera à sortir un ouvrage sur la souffrance animale. Cette initiative faisant suite à une conversation avec Dominique Lestel, philosophe spécialiste des interactions Homme-Animal.
Aucune différence entre un chien et une horloge
De fait, pour Dominique Lestel, : « Entre la position de Descartes qui considérait l’animal comme une machine ou celle de Malebranche qui affirmait que « les animaux mangent sans plaisir et crient sans douleur, le rapport entre l’homme et l’animal est, de nos jours, toujours aussi « tordu ». Les sourcils des sceptiques auront beau se lever et les âmes sensibles s’insurger qu’à notre époque évoluée ce n’est pas concevable, les exemples abondent en ce sens. C’est même toute la démonstration d’Alexandrine Civard-Racinais décrivant par le menu ce que l’homme fait subir à une partie de la gent animale pour assouvir sa logique industrielle, esthétique voire culturelle. Alors oui, on y parle du el tercio tres, ce troisième et dernier acte du drame donné dans l’arène si cher aux aficionados. Mais aussi d’antirides qui laissent sur le carreau des milliers de souris sacrifiées sur l’autel du Botox. Ou encore du gavage des canards dont les foies hypertrophiés viennent tout juste de composer une bonne partie de nos menus de fête en cette fin d’année… Exemples non exhaustifs d’une liste dont le point commun, dans tous les cas cités, se trouve être la douleur infligée à l’animal.
Mais qu’on ne se méprenne pas. Le propos d’Alexandrine n’est ni de moraliser, prioriser ou occulter les causes humaines quand il s’agit plutôt d’ouvrir les yeux sur une réalité perturbante. Au delà du déni et de l’indifférence, réaliser en somme, que, comme l’écrit le romancier sud-africain, J.M. Coetzee, « la cruauté envers les animaux peut nous accoutumer à la cruauté envers les hommes ».
Isabelle Camus
Dictionnaire horrifié de la souffrance animale
Alexandrine Civard-Racinais
190 pages, Editions Fayard
Crédit photo : Editions Fayard – Tous droits réservés