Pau : Débats au coeur du Salon du Livre


Yannick Vernet
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 27/11/2011 PAR Olivier Darrioumerle

Vous avez pris la voiture, et payé votre place de parking, pour aller avouer votre ignorance crasse à un libraire goguenard. Mais celui-ci s’excuse de ne pas avoir en stock « Le dernier des Mohicans » que vous vouliez absolument. Pas de soucis, de retour chez vous, en un clic, une armée de lutins vont fouiller les rayons d’une Bibliothèque d’Alexandrie et vous le livrer en moins de 48 heures !

Les librairies virtuelles ne sont pas la maison du Père noël, alors comment peuvent-elles stocker un si grand nombre de livres ? La réponse est qu’ils n’ont pas ou peu de stocks, mais une très grande visibilité sur internet et un référencement puissant. Ensuite, ils commandent directement au distributeur, ou plus rarement à la maison d’édition, qui vous l’envoie aussitôt.  

Dans cette bataille le libraire physique part handicapé. Lui a besoin de 4 à 5 jours pour recevoir un livre. En plus il vous demande de revenir en ville et de repayer votre place de parking. Autant dire que s’il n’a pas la référence tout de suite vous irez toquer à la porte d’une librairie virtuelle. C’est pourquoi une librairie de taille moyenne a besoin de cinq cent mille euros de stock, en période basse, pour répondre à vos besoins.

Une telle avance de trésorerie n’est pas possible pour les libraires de quartier qui doivent pouvoir justifier tous les livres en stock. Ils peuvent mettre en avant un éditeur pendant trois mois, puis un autre, même si ce ne sont pas des nouveautés. Les librairies indépendantes sont donc les derniers magasins où l’on entre sans savoir ce que l’on va trouver. Sinon il y a les librairies virtuelles.

Quand les éditeurs souffrent, les libraires se regroupent
Le fonctionnement traditionnel de la chaîne du livre est bouleversé. Auteur-éditeur-distributeur-libraire-lecteur, cherchez l’intrus ! Les librairies physiques sont bien sûr en péril. Mais elles ont tendance à se regrouper pour lutter contre les librairies virtuelles. Ce sont les maillons les plus fragiles de la chaîne qui risquent de disparaître. « Il y aura une épuration sur le marché du livre », raconte-t-on chez les libraires et les éditeurs. En se regroupant, comme c’est le cas dans l’est parisien avec la Générale du livre, les libraires physiques deviennent des plate-formes de gestion qui fournissent… les libraires, doublant ainsi les distributeurs.

Puis les libraires peuvent retourner aux maisons d’éditions les nouveautés invendues pendant un an. Pour vendre un livre les maisons d’éditions doivent en imprimer trois, demande oblige. Et lorsqu’il y a des stocks partout, il y a des possibilités de retour partout. 

« Tout le monde propose notre livre mais on ne sait plus où il est physiquement ! Pendant trois mois on est à cours de stock tout en sachant que certains libraires ont bien vendu, mais on ne peut pas leur en renvoyer, et du jour au lendemain, on se retrouve avec 700 exemplaires d’invendus sur les bras » , explique Josée Guellil, directrice éditoriale de l’atelier In’8, spécialisé dans l’édition de nouvelles.

Mais lorsqu’une maison d’édition vend ses livres par le canal des librairies virtuelles elle se passe de distributeur. «  Un distributeur et un libraire prennent 55% du prix du livre. Lorsque il est vendu par un libraire virtuel ça ne me coûte que 30 % » , commente Jean-Luc Kerebel, directeur de la maison d’édition Cairn qui se charge personnellement de la diffusion et la distribution dans le triangle Bordeaux-Hendaye-Toulouse.

Même combat pour les librairies indépendantes qui subissent cette guerre de plein fouet. Dans la région Aquitaine ils peuvent recevoir un coup de pouce pour entrer sur le « le Portail des Librairies Indépendantes ». Un portail qui est une entreprise, créée fin 2009, dont les coûts d’entrées sont élevés. Les petites librairies auraient des difficultés à y accéder dans une région où il n’y a pas de dispositif de soutien à la librairie. Grâce au soutien du Conseil régional les indépendants du réseau « Les Librairies Atlantiques » peuvent espérer améliorer leurs marges en groupant leurs achats.


photo : Yannick Vernet / tous droits réservés

Olivier Darrioumerle 

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