Pau : la Défense dévoile les trésors de ses archives


CAPM et association Hermione
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 07/06/2017 PAR Jean-Jacques Nicomette

Les militaires ont la mémoire longue. Même s’il arrive que la place leur manque pour engranger tous leurs souvenirs. Imposant vaisseau de pierre aménagé au cœur de Pau, la caserne Bernadotte abrite depuis plus d’un demi-siècle les archives administratives de l’Armée de Terre. Soit plus de 100 kilomètres de documents dans lesquels on trouve les livrets des soldats ayant effectué leur service national comme les dossiers des militaires de métier, des hommes et des femmes servant dans la Gendarmerie nationale, ou encore des ressortissants des anciennes colonies et protectorats français. Pour ne citer que quelques exemples.

Une montagne de papiers, de classeurs et de données dans laquelle figurent aussi les archives de nombreuses unités, dissoutes ou existant toujours. Sans oublier les fichiers des citations et ordres généraux établis à partir de 1914. Excusez du peu.

Un travail de fourmi

Cet imposant organisme ayant changé de nom en 2012 pour devenir le CAPM dépend désormais du Service historique de la Défense. Il fournit du travail à 248 civils ainsi qu’à… deux militaires.  Leur mission ?  Collecter, classer, conserver mais également communiquer les documents qui leur sont confiés. Sachant que ces derniers comprendront également à terme les archives de personnels de toutes les armées, Marine et Aviation comprises.

L’affaire n’a rien de simple lorsque l’on sait que la réforme que le service a connue voici quelques années a été accompagnée d’une sérieuse baisse d’effectifs. Mais aussi que l’espace est restreint à « Bernadotte ». Un handicap qui a décidé le ministère de la Défense à édifier un nouveau bâtiment aux portes de la ville. Celui-ci entrera en service en 2018 à côté de l’Ecole des Troupes Aéroportées.

« L’extraordinaire richesse des fonds »

A une époque où, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’arrivée du numérique ne restreint pas le recours au support papier, la tâche est aussi complexe qu’imposante. « C’est ce qui rend le métier passionnant » dit Karine Leboucq, conservateur en chef du patrimoine. Une passion que le personnel entend faire partager au grand public à travers l’exposition organisée à Pau.

Celle-ci réunit des documents emblématiques sortis des réserves du Service Historique de la Défense à Vincennes ainsi que de sites qu’il possède en France, tels ceux de Rochefort et Châtellerault . « Nous voulons montrer l’extraordinaire richesse de ces fonds et éclairer quatre siècles de notre histoire. Car le fait militaire n’a pas engendré que des archives militaires ».

C’est le cas de l’ouvrage illustré et colorié que Théodore de Bry, un graveur protestant, a consacré en 1590 aux voyages de découverte du Nouveau Monde. C’est aussi ce que démontre un précieux portulan – traduisez une carte qui accompagnait jadis les atlas maritimes – datant de 1664 et réalisé sur parchemin.

Du « code noir » à l’ile de Pâques

Autre rareté : une édition originale du « code noir » éditée en 1685 sous le règne de Louis XIV. Celui-ci décrit les règles appliquées à la traite des noirs. Une pratique dont les victimes étaient considérées non pas comme des êtres humains mais comme des « biens-meubles ». « Il m’a semblé intéressant de présenter ce document car l’exposition débutera à l’occasion  de la journée internationale des archives. Journée qui aura pour thème citoyenneté, archives et multiculturalisme » dit Karine Leboucq.

Outre des plans de Bayonne remontant à 1674, le visiteur pourra également découvrir un dessin exceptionnel réalisé par Duché de Vancy lorsque le navigateur La Pérouse a jeté l’ancre devant l’île de Pâques.

 Chargé par Louis XVI de découvrir le monde, ce marin exceptionnel a disparu en 1788 dans l’océan Pacifique. Mais les dessins consacrés à l’île de Pâques ont été préservés. Ils avaient auparavant été débarqués au cours d’une escale effectuée au Kamchatka, puis transportés à travers la Sibérie en traineau à chiens par l’oncle du futur créateur du …canal de Suez. On pourrait presque en faire un film.

« La vie des autres »

La réplique actuelle de l'Hermione. Le journal de bord de 1783-1784 est exposé à Pau

Bulletin de victoire d’Austerlitz corrigé et raturé par un Napoléon 1er toujours soucieux de raconter les batailles à son avantage, souvenir de Guynemer passé en 1914 par l’école d’aviation de Pau, rapport de gendarmerie sur l’arrestation des derniers membres de la bande à Bonnot, lettre dans laquelle le futur résistant qu’est Honoré d’Estienne d’Orves annonce à son amiral qu’il déserte pour ne pas soutenir Pétain… D’autres exemples, et non des moindres,  suivent.

Jusqu’au journal rédigé en 1783 et 1784 à bord de l’Hermione, la frégate qui a permis à La Fayette de rejoindre les « insurgents » américains. « Lorsqu’on le lit, on entend craquer la mâture. On sent les coups de brise. On assiste à la chute d’un gabier. On est sur le vaisseau » explique Karine Leboucq. « C’est ça, les archives. Une fenêtre ouverte sur la vie des autres. Une trace brute de réalité ».

Pratique : L’exposition a lieu du vendredi 9 au lundi 19 juin, visite libre de 10 h à 16h , à la caserne Bernadotte, place de Verdun, à Pau. Visites guidées à 11h et 15h en s’inscrivant au 06 84 02 49 50 .

www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr

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