Rencontre avec Isabelle Dethan, autrice de bande dessinée


Décalé en ce mois de mars, après une année d'absence, le Festival de la bande dessinée d'Angoulême dure jusqu'à dimanche. Rencontre avec une autrice angoumoisine.

Isabelle Dethan, dans son atelierAqui.fr
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 18/03/2022 PAR Claude-Hélène Yvard

Le grand événement du neuvième art est de retour après une année d’absence et dure jusqu’à dimanche. Ce jeudi, le public semblait au rendez-vous. Lors de ce premier jour, nous avons échangé avec une autrice, angoumoisine depuis une trentaine d’années. Elle nous livre son regard sur cette 49ème édition décalée, mais aussi sur la profession et le secteur. Les albums et mangas ne se sont jamais aussi bien vendus. Certains succès en librairies avec des gros tirages, sont-ils l’arbre qui cache la forêt, dans un contexte de paupérisation de la profession, en particulier, pour les plus jeunes.

A Angoulême,  Isabelle Dethan, Alph-art avenir au festival en 1992, est chez elle. Cela fait trente ans, qu’elle y réside avec son conjoint également auteur.  Elle y travaille avec une vingtaine d’autres auteurs, dessinateurs, scénaristes, de toutes générations, au sein de l’atelier du Marquis.

Connue pour ses différentes séries sur le thème de l’Egypte, elle a sortie en 2021, « Le roi de Paille », un joli dyptique original, publié chez Dargaud Benelux.  Elle relate les aventures de la jolie Neith et de son frère Sennedjem, deux enfants du pharaon Ahmôsis II, devenus esclaves à Babylone, dans le palais de Nabuchodonosor II. Nous sommes au VIe siècle av. J.-C.. D’un point de vue historique, les albums sont irréprochables, ce qui lui a valu le prix Historia de la bande dessinée historique en décembre 2021. « Cette récompense, me fait vraiment plaisir. Ce n’est pas un salon, c’est revue spécialisée en histoire, qui a reconnu mon travail. C’est cela qui est intéressant. »

Une bonne nouvelle pour Angoulême

Toujours sur l’Egypte antique, elle a signé un autre projet pour la fin de cette année 2022, avec le même éditeur. Le scénario se déroule au début du premier millénaire avant J-C, mais elle n’en dira pas plus. « Je suis actuellement sur la planche 17.« 

Isabelle Dethan se réjouit que le Festival ait pu avoir lieu cette année. Annulé en janvier 2021 en raison de la pandémie, suspendu un an plus tard, puis finalement repoussé à la mi-mars, l’événement a lieu jusqu’au dimanche 20 mars. « C’est un bonne nouvelle pour Angoulême, qui attendait ce moment. La BD, c’est toujours le plus gros rendez-vous de l’année et c’est très important pour l’image de la ville. Le décalage au mois de mars, alors qu’il a lieu habituellement en janvier, va peut être dérouté le public mais il fallait le faire. Peut être qu’au vu du contexte général, on peut s’attendre à moins de public, notamment scolaires. Il y a eu aussi sans doute moins de communication cette année, en raison de l’actualité internationale. »

Signe des temps dans une profession qui se féminise de plus en plus et autre bonne nouvelle, le Grand Prix 2022 de la ville d’Angoulême a été décerné à la canadienne Julie Doucet. Cette pionnière de la bande dessinée alternative et féministe succède à l’Américain Chris Ware, maître incontesté du « comic strip », à qui une expo est consacré.

Un premier pas vers une meilleure reconnaissance

Le vendredi 11 mars, le ministère de la Culture avait indiqué avoir trouvé un accord pour permettre aux artistes du neuvième art d’être rémunérés lors de leurs séances de dédicace. Parmi les nouveautés cette année, le festival de la bande dessinée d’Angoulême  est donc le premier à inaugurer cette mesure. « Un premier pas vers la reconnaissance plus grande des auteurs », estime Isabelle Dethan. Lors des festivals, cette tradition est fondamentale, mais elle constitue une vraie charge de travail, jusque-là entièrement bénévole pour les artistes. « On nous demande de venir sur des festivals pendant des week-ends entiers, parfois avec les déplacements, cela fait trois ou quatre jours. Ce sont des périodes, où l’on ne travaille pas sur nos projets.  A titre personnel, j’en fait huit à dix par an ».

Assurer la promotion de son album fait souvent partie du contrat avec un éditeur. « Dédicacer est une partie de notre travail,  rencontrer le public, c’est très enrichissant et agréable, mais ce n’est pas juste une signature, on va dessiner ce qui plaît à la personne en face de nous, c’est un échange, c’est du temps »,  poursuit l’autrice angoumoisineLes festivals sont bien sûr une opportunité incontournable pour les auteurs et autrices de faire connaître leur travail et leurs créations. Il s’agit aussi d’un investissement réel de leur temps, dont la contrepartie financière est dérisoire, en général, moins d’un euro. 

Cette mesure, même si elle est positive, ne doit pas éclipser le reste des difficultés sociales, (sur le sujet de la couverture maladie, la maternité, de la retraite) et la précarité grandissante des jeunes générations.  Malgré son dynamisme et des ventes en progression, le secteur est marqué par des fragilités qui affectent la situation économique et sociale des auteurs. Plusieurs propositions avaient été faites, pour améliorer la situation des auteurs, lors de la sortie du rapport de Pierre Lungheretti. Les professionnels attendent toujours d’autres actes concrets. 

Infos pratiques :
Cette 49 édition représente 11 000 m² de chapiteaux et pavillons sur huit sites, de la place New York à celle du Champ-de-Mars.
Tarifs en prévente sur www.bdangouleme.com : 16 € la journée (sauf le samedi, 22 €) ; 40 € les quatre jours. Sur place : 19 € la journée (sauf le samedi, 25 €).

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