Portrait: Selim Bentounes, du rêve à l’écran


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 09/10/2014 PAR Romain Béteille

La Haine, de Matthieu Kassovitz. Ca a été un choc pour Selim, un déclic. « J’ai grandi en banlieue, à Paris. Le cinéma, pour nous, c’était plus un jeu. C’était quelque chose d’artisanal, on prenait tous nos caméras et on allait faire des petits films personnels. Mais si l’image est très présente aujourd’hui, le cinéma reste un véritable métier ». Un métier auquel ce jeune réalisateur n’était pas prédestiné. Avant de s’intégrer au sein du Fifib (Festival international du film indépendant de Bordeaux), Selim était éducateur dans un centre d’aide sociale à l’enfance. Arrivé à Bordeaux en 2005, il participe aux Kino sessions, sorte de laboratoire bordelais du film indépendant et des jeunes créateurs qui veulent se faire connaître. « On se regroupait dans différents endroits, on faisait des petits films en un mois et on se réunissait avec le public dans des bars pour partager notre travail. C’est là que j’ai vu que le cinéma, ça permettait de dialoguer avec un public », déclare-t-il. 

L’arrivée dans le FestivalTrès vite, Selim a appris à se faire des contacts dans cet univers un peu cloisonné ou tout le monde connaît tout le monde. Contacté par les deux dirigeants du festival pour faire la vidéo de présentation des 3 premières éditions, il profite de l’occasion pour se retrouver à nouveau derrière la caméra. « Les projets associatifs comme j’avais l’habitude de faire, les pros les regardaient avec beaucoup de méfiance. Mais je pense que le cinéma et le monde associatif en général, c’est un milieu qu’on retrouve à la base de pas mal d’initiatives ». Il profite de l’arrivée de ce nouveau festival pour rencontrer toujours plus de professionnels : « Au début du festival, le cinéma en Aquitaine n’était pas très présent. Mais avec le soutien de tous ces gens du milieu associatif qui ont voulu monter quelque chose d’important, on a réussi à attirer les stars et les regards. La nouveauté attire le monde, et le monde attire le beau monde », confirme Selim, pour qui le but du 7ème art est avant tout de se « décomplexer ». Pour cette troisième et dernière édition, il a fait appel à une actrice iranienne, Golshifteh Farahani (que vous pouvez aussi voir sur les affiches) et a choisi le thème The Other Side. Quand on lui demande d’ou vient l’idée, sa réponse est instantanée : « The other side, c’est l’autre côté du cinéma, c’est un symbole qui vient de la communauté indépendante de Los Angeles, ou il y a beaucoup de réalisateurs éloignés d’Hollywood. C’est une manière pour les deux côtés de se regarder ». 

Des projets plein la pelliculeDepuis le premier festival, Selim a fait pas mal de chemin. Dans les mois qui viennent, il sortira son premier court métrage, entièrement tourné à Biscarosse et à Floirac. Un court de 25 minutes démarré il y a un an et demie avec le soutien de Dublin Films, une société de production bordelaise. L’histoire ? Celle d’une jeune mère de 22 ans et de son enfant de 8 ans, placé dans un foyer. Une réalité sans réalisme pour Selim, qui a préféré filmer cet instant de vie de manière « très onirique. Je ne voulais pas faire une chronique sociale ». Le court sera diffusé prochainement, et le jeune homme est déjà en train d’en écrire un autre, et garde même des idées pour un premier long métrage. Mais Selim n’oublie pas le milieu associatif qui lui a permis de percer. S’il a définitivement abandonné son métier d’éducateur en novembre dernier pour se consacrer entièrement à sa passion, il compte bientôt, avec l’aide d’un directeur de casting, réaliser des castings sauvages dans les rues de la région pour repérer les futures stars de demain.

Le cinéma indépendant, c’est désormais son futur. Un cinéma qui n’est pas sans contraintes, mais qu’il apprécie pour sa « liberté de ton, au milieu d’un art qui est aussi une industrie. Il n’y a aucun film sans contraintes, mais si le film dit tout ce qu’il a à dire en se libérant des contraintes économiques, alors c’est un film non seulement indépendant, mais réussi ». Les réferences de Selim ont changé : aujourd’hui, ses modèles sont moins accessibles et moins cultes que le film de Kassovitz : Leo Carax et Bruno Dumont restent ses deux sources d’inspiration principales en tant que créateur. Mais il est l’exemple parfait pour montrer que parfois, la lumière ne vient pas de la scène mais bien des coulisses…

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