Sculpture : Ousmane Sow et ses « Petits Nouba » à Paris


Galerie Routes
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 17/10/2012 PAR Piotr Czarzasty

Né en 1935 à Dakar, c’est dès son plus jeune âge qu’Ousmane Sow s’intéresse à la sculpture. « Ça a commencé à l’école primaire, je fabriquais des figurines en calcaire lors des travaux pratiques, se souvient l’artiste. A l’époque c’est dans cette activité que je me sentais le plus à l’aise ». A 22 ans, le jeune Sow émigre à Paris. Entre divers petits boulots, il achève une formation d’infirmier puis se spécialise dans la kinésithérapie. Un moment clé dans le parcours de l’artiste. « Le métier de kiné m’a permis d’aborder le corps humain différemment. Grâce à l’étude de son anatomie j’ai pu le traiter sans complexes ni illusions », reconnaît le sculpteur.

Le culte du corpsEn transformant peu à peu son cabinet en véritable atelier, c’est seulement à l’âge de 50 ans qu’Ousmane Sow décide d’arrêter son activité thérapeutique pour se dédier pleinement à la sculpture. Très inspiré par les écrits et photographies de Leni Riefenstahl sur les rites et coutumes des tribus Nouba au Soudan, il y consacre trois ans de sa carrière et réalise une série de douze sculptures connues à travers le monde. Les mêmes qui investissent depuis plus d’un mois la Galerie Routes à Paris.

Les Nouba de Sow mettent en avant la beauté des formes, l’équilibre mais aussi la fragilité du corps, exposé aux dangers du combat. « Ce qui me fascinait chez eux, c’est le culte qu’ils vouaient à leur corps d’athlètes et en même temps leur capacité à accepter qu’il puisse être défiguré », confie Ousmane Sow. Mais inutile de chercher dans ces Nouba une reproduction fidèle de la réalité.

Statiques… en mouvementFabriquées de bronze ou de pâte spéciale dont seul l’artiste connaît le secret, les figurines (de 50 à 70 cm) font penser à des êtres dont les corps ont été façonnés par la terre. D’une surface rugueuse et granulaire, dotés de membres légèrement démesurés, les Nouba de Sow n’ont pas grand chose à voir avec les formes lisses et sculptées des dieux du stade de Riefenstahl. « Je ne m’impose pas de normes, avoue l’artiste. J’évite tout ce qui est uniforme. La taille et la matière sont des moyens d’expression qui doivent interpeller, susciter une réaction ».

Les Nouba ne manquent pas de dégager une esthétique et une beauté singulières. Dans l’œuvre représentant la lutte entre deux guerriers, on pourrait presque confondre leur pose à de la danse. « Même si les figurines sont statiques, j’aime leur donner une pose qui suggère un mouvement, une chorégraphie même, explique Ousmane Sow. Il faut que l’œuvre vous parle, qu’elle ne soit pas neutre ». Un effet renforcé par les expressions faciales très travaillées des Nouba.

Des Nouba en photosA l’occasion du retour de la série à Paris après la rétrospective de l’œuvre d’Ousmane Sow sur le Pont des Arts en 1999, c’est pour la première fois que ses Nouba se retrouvent associés aux photographies de Georges Rodger, ancien reporter de guerre. Fruits d’un séjour au Sud Soudan en 1949 au sein de la tribu Nouba, elles apportent une nouvelle dimension au travail de l’artiste. « Les deux ensembles se complètent, constate Ousmane Sow. Les œuvres parlent pour les photos et vice versa. Ça apporte un dialogue enrichissant ». A (re)découvrir jusqu’à samedi.

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