« Some Ways by which to Live… », exposition signée Marc Camille Chaimowicz au Frac Aquitaine


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 04/10/2008 PAR Piotr Czarzasty

Disposées de manière réfléchie, portant un grand soin à chaque détail, les oeuvres investissent, chacune, un espace qui semblerait démesuré par rapport à leurs dimensions. On se rend compte cependant assez vite que cette « bouffée d’air », généreusement accordée à chacune d’elle, ne serait en aucun cas dûe au fait que celles-ci soient tout simplement peu nombreuses. L’oeuvre et son espace semblent de manière naturelle former un tout, que l’on est en mesure d’appréhender seulement à partir du moment ou ces deux éléments, oeuvre et espace, sont réunis.

Un cadre intime
Marc Camille Chaimowicz opère un langage tiré de l’intimité de la sphère domestique (meubles, tapisserie, coussins…), assorti de couleurs tout aussi intimes, chaleureuses et gaies. Rose, violette, vert pastel s’entremêlent rappelant un répértoire plutôt formel, travaillé et retravaillé, semble-t-il, par chaque artiste en son temps, notamment celui des fruits et des fleurs. Mais c’est précisément en réutilisant ce vocabulaire formel, que l’artiste tend à s’interroger par exemple sur la « légitimité » de l’attribution traditionnelle de certaines couleurs en fonction du sexe.

Ce qui est le cas d’une tapisserie, qui, projetée sur l’ensemble du mur, attire en premier l’attention du visiteur. Toute rose, embellie de dessins d’anges-bébés, l’ensemble est soudain perturbé par un objet bleuâtre, relativement minuscule, collé en plein milieu du mur. Une référence à l’éternelle lutte pour la domination mettant en scène le masculin et le féminin ? Ce duel n’est tout de même qu’un des aspects de l’ambivalence et de la dualité sur lesquelles repose le travail de l’artiste.

L’ambivalence, le double – les notions « phares »
Dans l’une de ses réalisations phare, intitulée « Deux coiffeuses, l’une habillée, l’autre pas », le visiteur est confronté à deux meubles-bureaux de femme, à première vue identiques. L’un semble cependant inutilisé, comme s’il venait d’être fabriqué ou acheté il y a quelques instants seulement ; l’autre c’est tout le contraire ou presque. Certes flambant neuf, mais ccoiffeusesette fois enrichi d’une multitude d’accessoires féminins que l’on pourra trouver ici et là, tantôt sur le bureau, tantôt resortant des tiroirs entrouverts. Serait-ce donc une référence à une femme « nue » d’un côté et « habillée » de l’autre ? A une femme mieux organisée que l’autre ? Ou, de manière plus générale, à la chambre d’un garçon et à celle d’une fille ? Le trouble et l’indétermination s’installent laissant porte ouverte à toute interprétation.

Hommage aux 70s
C’est peut-être moins le cas d’une oeuvre tout à fait singulière dans l’exposition, se démarquant visiblement des autres par ses dimensions et son caractère « éparpillé ». Spécialement pour l’occasion, Marc Camille Chaimowicz réactive, 36 ans après sa création, l’oeuvre « Celebration ? Realife ». Une oeuvre disparate, composée d’objets divers et variés relevant aussi bien du kitsch que de la culture populaire, autrement dit, de ce qui fut le plus cher pour la génération des années 70. Ces objets, étalés sur quelques 100m2, donnent l’impression d’une fête qui vient de s’achever, laissant derrière un sentiment d’inquiétude et de nostalgie. Des stroboscopes projetent encore des lumières rétractées par des boules à facettes, suspendus au dessus du parquet. Quelques bougies ici et là scintillent d’une flamme de plus en plus faible, alors que la bande son ne semble pas encore avoir fini de nous servir ses meilleurs tubes…

« Tout est à refaire »
coiffeuses2Interrogé sur sa propre démarche, l’artiste répond par une phrase qui laisse toute autre explication futile: « Puisque tout est fait, tout est à refaire ». En revenant aux origines de son approche plutôt révolutionnaire, M. Chaimowicz se dit « frustré » par les « options données »: « Une certaine culture d’autocensure n’était jamais étrange à l’école des beaux-arts. » dit-il, « On ne pouvait pas afficher librement sa vision des choses, sans qu’à un moment ou un autre celle-ci ne soit plus ou moins mal vue. » Mais il y a aussi le revers de la médaille: « Il est vrai que, par défaut, le fait d’avoir imposé une autocensure a pu provoquer des réactions aux effets artistiques intéressants. » remarque l’artiste, « Je ne serais certainement pas ici aujourd’hui sans toutes ces normes et règles dont on voulait tous se moquer. » C’est enfin une interrogation sur le statut de l’artiste : « En a-t-on vraiment besoin? Si celui-ci faisait exactement ce qui lui serait demandé, son rôle ne réduirait-il pas à celui d’un simple reproducteur? »

Piotr Czarzasty

Some Ways by which to Live…
Marc Camille Chaimowicz jusqu’au 19 décembre 2008

Frac Aquitaine
Hangar G2, Bassin à flot no1
Quai Armand-Lalande
Bordeaux

tél. : 05 56 24 71 36
frac@frac-aquitaine.net
www.frac-aquitaine.net

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