Entre les lignes: « Superman n’existe pas » : une plongée en « Absurdie »


In8
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 29/04/2015 PAR Romain Béteille

« Un coup de poing dans la gueule, c’est un contact humain. Et quoiqu’on dise, une nuit dans les bras d’une femme nue, même une nuit un peu triste, c’est plus agréable qu’un coup de poing dans la gueule ». Tels sont les mots de Phillipe Jaenada dans « La vraie vie » pour décrire son sentiment après un rendez-vous pris sur un site de rencontre. Le personnage, un peu rouillé sur les bords, tente de « séduire une femme divorcée qui n’a plus vraiment le choix ». Pendant ce temps, Edmond, qui sait très bien qu’il est laid et qu’il n’a rien d’intéressant à donner, entre en contact par hasard avec une agence de mannequins un peu spéciale. Alexandre Jourdain, brillant auteur à qui tout réussit imaginé par Emmanuelle Urien dans « Machine arrière », voit sa machine à écrire de collection se gripper lorsque sa vie part en miettes. Enfin, Marc Villard, maître de l’humour noir, tente de prouver que la méchanceté et la mauvaise foi sont parfois nécessaires.

Le point commun entre tous ces personnages ? Ce sont les non-héros de quatre nouvelles, toutes réunies dans un recueil intitulé « Superman n’existe pas » qui vient de paraître aux éditions In8 (basées à côté de Pau) dans la collection « la porte à côté », qui réunit ce type de nouvelles en vente à l’unité. Très courts, ces morceaux de vies imaginaires sont souvent drôles, toujours férocement décalés et parfois teintés d’un absurde qui n’aurait certainement pas déplu à un Ionesco dans sa période « Les chaises ». Comme cette citation savoureuse de Georges Orwell en introduction de « Quelque chose qui cloche » : « On ne peut pas nier la beauté du corps humain, ni oublier qu’il est également ridicule et répugnant. Pour s’en convaincre, il suffit d’aller faire un tour à la piscine ». 

Autre point commun entre ces quatre auteurs, cette capacité qu’ils ont à faire redescendre, d’un commun accord ou non, l’orgueil de la race humaine. Non, personne n’est parfait, et encore moins dans ces destins dont le pathétique pourrait être irréaliste s’il n’était pas si honnête. On sent bien que chez Phillippe Jaenada, parler de tendresse, c’est tout sauf construire un roman de gare, lui qui a été dans un passé lointain « animatrice de minitel rose » et « rédacteur de fausses lettres de cul ». Tantôt crus, tantôt implicites, ces instants qui s’entrecroisent sans jamais se trouver de point commun sonnent souvent justes sans jamais être vulgaires. Entre amour, travail, famille et états d’âme, ces tous petits récits sont sans doute l’antithèse même d’un conte de fées : c’est cruel, léger et ça ne se termine pas toujours bien. Comme la vie, quoi. 

« Superman n’existe pas », édition In8, collection « La porte à côté », 18€

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