Tanguy Samzun dans « Le virtuel a des vertus et le réel en est averti », une exposition au Carré/Bonnat de Bayonne


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 14/06/2008 PAR Piotr Czarzasty

L’artiste joue sur deux registres, celui des pièces fixes – peintures, dessins, volumes, ainsi que celui des pièces animées – vidéos, programmes, jeux. C’est ainsi d’ailleurs qu’est divisée l’exposition. Une première section, intitulée « Chaîne de montag(n)e un jour d’été » est consacrée aux peintures, photographies, voire à quelques sculptures présentant des interrogations sur le monde de manière plus « classique ». Une deuxième section nous emmène dans un monde bien différent, celui des jeux vidéo, consoles, BD, super héros, bref, tout ce qui suscite un vif intérêt chez les jeunes. Le titre de cette section en est particulièrement révélateur : « Interdit au + de 18 ans ».

Une multiplicité de styles débordante
Cette division n’est cependant pas aussi rigide qu’elle pourrait le paraître. Certains dessins et peintures se voient ainsi par exemple « branchés » par un fil rouge à une manette blanche, comme si l’on pouvait vraiment « faire agir » le tableau. Des vidéos, ralliant peinture, film et dessins sont diffusées dans chacune des sections. Cette relation entre différents media au sein d’une même oeuvre n’est pas le résultat d’un hasard. « Certaines images, plus populaires, sont plus propres à toucher d’autres publics, contrairement à des parties « élitaires » d’une oeuvre, plus parlantes aux habitués de l’art classique. » explique Tanguy Samzun.

Jouer sur les ambiguités
Ce mélange de styles est l’un des éléments qui suscite souvent plusieurs contradictions dans l’interprétation d’une oeuvre. Ces ambiguïtés qui touchent principalement aux différents paradoxes de la société, accompagnent le visiteur tout au long de l’exposition, en en représentant la caractéristique la plus importante. En s’inspirant des tableaux de Ruysdael, l’artiste nous montre par exemple dans un arrière-plan ensoleillé une église majestueuse, alors que le premier plan demeure dans l’obscurité des ruines de vieilles usines. Une autre fois c’est une séquence de catastrophes naturelles qui se voit comblée par un petit canapé rouge, collé au mur en bas du tableau. Une référence à notre « passivité face aux évènements du monde, mais aussi face à l’histoire » selon l’artiste.

Des alternatives irréconciliables
L’on apercevra un recours fréquent à ce type de contraste entre peinture et objet employé par Tanguy Samzun. Comme c’est le cas de l’image de la Gorgone, celle qui par son regarexpoSamzund terrifiant transforme l’homme en pierre. Une métamorphose bien déplaisante qui pourrait aussi bien être considérée comme une sculpture, donc de l’art. C’est là que l’artiste fait confronter la peinture à une rose. « L’éternité froide ou l’éphémère vivante et odorante ? » Un choix qui ne s’avère plus aussi évident. Un autre exemple, celui de la manette reliée par un fil au tableau. L’évocation d’un monde virtuel, interactif dont le scénario des évènements peut être modifié par chacun à sa guise ; où les crimes et délits quelconques restent sans conséquences. Cependant « est-il possible de condamner un acte virtuel ? » Peut-on violer, tuer ce qui n’est qu’une image ? Semble interroger l’auteur.

L’artiste, celui qui mène l’homme par la main
C’est précisément tout l’intérêt de cette ambiguïté, « qu’elle soulève des questions. » comme le souligne Tanguy Samzun. L’essentiel serait d’aborder le monde qui nous entoure avec « vigilance et culture ». Il n’est donc pas question de se refermer sur soi-même et l’artiste est là pour « venir prendre l’homme enchaîné par la main et le conduire au dehors », à l’idée de la caverne platonicienne. Ainsi la découverte du monde virtuel par exemple, bien que séduisante, puisque « ramenant à ce qu’il y a de plus vil en nous », doit s’accompagner d’une réflexion sur son impact au niveau psychologique, mais aussi « sur la violence et la bestialité qu’elle peut générer ». Chaque oeuvre est un labyrinthe et en même temps une piste. Le réel est averti.

Piotr Czarzasty

Tanguy Samzun
« Le virtuel a des vertus et le réel en est averti »
jusqu’au 13 juillet 2008 – entrée libre de 14h à 18h sauf le mardi et les jours fériés

Le Carré/Bonnat – 9, rue Frédéric Bastiat – Bayonne
Tel. 05 59 59 08 52 – musse-bonnat@bayonne.fr

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