« Tant que j’écrirai, je ne mourrai pas » Mireille Calmel, écrivaine


Brun Levy
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 12/07/2019 PAR Sybille Rousseau

@qui ! : Comment sait-on à 11 ans que sa vie sera celle d’une romancière ?
Mireille Calmel :
J’ai toujours su que je voulais être écrivaine. Petite, mon enfance était rythmée par les séjours à l’hôpital du fait de ma maladie. A 11 ans, j’ai alors pris la plume pour coucher sur papier mon premier roman. L’héroïne s’appelait Pierrette. Elle était naufragée sur une île déserte. C’était une histoire très animée pour l’époque. Mais c’est à 15 ans que véritablement j’ai pris conscience que l’écriture ne me quitterait pas durant toute mon existence. A cet âge-là, j’ai écrit Angéline que j’ai publié à compte d’auteur deux ans plus tard. C’était une aventure assez chouette. Et du reste, la maison d’édition avait organisé une rencontre-dédicace. A cette époque-là, j’avais envoyé une lettre à Lino Ventura pour lui conter mon histoire, celle d’une petite fille malade en reflet à ce qu’avait vécu sa propre fille Linda handicapée car victime d’un problème à sa naissance. Je me rappelle de cette journée particulière. Au milieu de cette foule de lecteurs, j’ai ressenti des yeux posés sur moi, au loin. Nous nous sommes alors regardés, sans mot-dire. Il m’a dit « Merci ». Un simple « Merci » qui voulait dire beaucoup. C’était très fort. Quelques années plus tard j’ai rencontré sa fille avec qui je suis devenue très amie. Elle m’a alors dit que son père, Lino, avait été bouleversé par mon histoire et qu’il n’avait pu s’exprimer lorsqu’il m’a vue.  

@ ! : Depuis 20 ans, vous publiez vos ouvrages chez XO Editions. Pourquoi une telle fidélité ?
M. C. :
Je sais très bien ce que je dois à Bernard Fixot. Je n’éprouve aucune volonté de quitter cette famille. Oui, car il y a 20 ans en publiant mon premier roman chez XO, j’ai bel et bien intégré une famille. Vous savez, mon premier opus, je l’ai envoyé à une vingtaine de maisons d’édition. Seul Bernard l’a lu ! J’ai un respect absolu envers lui. Il publie une vingtaine de livres par an, désire connaître parfaitement tous ses auteurs, déjeune avec eux et lit tous leurs manuscrits. C’est un lien extrêmement fort qu’il entretient avec eux.

@ ! : Quand on est écrivain comme vous, certes on écrit pour soi mais aussi et surtout pour être lu. Quel lien entretenez-vous avec vos lecteurs ?
M. C. :
J’ai d’innombrables anecdotes illustrant ce lien si précieux que j’entretiens avec mes lecteurs. J’ai envie de vous parler de deux de mes lectrices qui ont la vingtaine si ce n’est la trentaine et que j’ai vu grandir. Elles se prénomment Solène et Camille. Toutes deux sont engagées dans un combat contre la maladie. Elles ont créé une association pour aider au traitement des enfants malades. J’en suis la marraine et je les aide avec les moyens que j’ai dans ce combat pour la vie. Aujourd’hui, 120 enfants attendent un traitement. En récoltant des fonds, cette association va permettre à ces petits malades de retrouver goût à la vie. En 20 ans, j’ai tout vu. Des guérisons, des disparitions, des naissances… J’entretiens un lien très fort avec mes lecteurs.

« Je suis une passeuse de mémoire »

@ ! : D’où vous vient l’inspiration pour trouver les sujets de vos romans ?
M. C. :
Alors, en toute honnêteté, je travaille d’une manière un peu bizarre. Ce sont mes rêves qui me dictent le sujet de mon prochain roman. Aujourd’hui, c’est inexplicable mais cela le sera un jour, j’en suis persuadée. Donc, je rêve de faits, de personnages, d’époques. Nuit après nuit, l’intrigue se complexifie. Là, débutent mes recherches. Je me rends alors sur Internet pour glaner ici ou là des informations sur ce dont j’ai rêvé. Je travaille à l’élaboration de mon roman avec des archivistes, historiens, philosophes. Je mène des enquêtes. Je pars aux quatre coins du monde pour acquérir des connaissances pointues sur le domaine, vérifier mes informations et aller, ainsi, au plus vrai de l’Histoire. Je ne construis pas à proprement parler de scénario, je suis une passeuse de mémoire. Je ne suis pas mystique non plus. J’écris pour ne pas mourir.

@ ! : Vous faites partie d’un mouvement « La Ligue de l’Imaginaire ». Présentez-le nous.
M. C. :
En fait, c’est la réunion d’une bande de copains qui regrettaient de ne pas avoir assez de visibilité dans les médias. La presse ne s’intéresse pas beaucoup à la littérature de l’imaginaire. Du reste, lorsque nous avons créé ce collectif en décembre 2008 à Paris, nous lui avons envoyé un communiqué mettant en avant notre volonté de promouvoir et de défendre la littérature liée à l’imaginaire. Afin d’obtenir une certaine visibilité, nous participons à des salons tels que le festival international du film fantastique de Gérardmer et le festival Plume de glace de Serre Chevalier. Et nous sommes sur le point de créer également un Salon de l’imaginaire qui devrait voir le jour en 2020 à Boulogne-Billancourt. Au sein de la Ligue, vous pouvez donc retrouver des auteurs tels que Maxime Chattam, Agnès Abécassis, Barbara Abel, Patrick Bauwen, Jean-Luc Bizien, Olivier Descosse, Sébastien Drouin, Éric Giacometti, David S. Khara, Henri Lœvenbruck, Mathias Malzieu, Ian Manook, Bernard Minier, Olivier Norek, Jacques Ravenne, Laurent Scalese, Franck Thilliez, Bernard Werber ou encore Erik Wietzel.

Mireille Calmel, La Prisonnière du diable, XO Editions.

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