Titanic Français: les tirailleurs oubliés


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 10/01/2020 PAR Margaux Bonfils et Kevyne Grah

Rappelons-nous de ce naufrage historique, 9 janvier 1920, L’Afrique quitte le quai des Chartrons à destination des colonies françaises africaines. Ce paquebot n’atteindra jamais sa destination. Sombrant au large du littoral aquitain emportant avec lui 568 personnes dont 192 “tirailleurs sénégalais”, 18 missionnaires  de la Congrégation des Pères du Saint-Esprit encadrés par Monseigneur Jalabert, devenant le naufrage le plus meurtrier d’un navire civil français.

Transmission et partage

En ce jeudi pluvieux comme pour rappeler les vagues qui ont emporté les victimes du naufrage, les figures religieuses de Bordeaux, la pasteure Valérie Mali, l’archevêque et le rabbin se sont rendus sur le lieu de départ du paquebot pour honorer les disparus. Cet évènement était une occasion de mettre en avant la fraternité et la diversité. “Il était plus que nécessaire de mettre l’accent sur le fait que ce bateau était composé d’hommes et de femmes de toutes les couleurs, de toutes les religions”, rappelle Karfa Diallo cofondateur de l’association Mémoires et Partages. Chaque représentant s’est exprimé pour le repos de l’âme de ces personnes qui ont terminé brutalement le voyage de leur vie, à l’exception de l’imam Ibrahima Barry qui n’avait pas pu être présent. Il est important de relever que l’accent était de mettre un nom sur ces disparus plus particulièrement sur ceux des tirailleurs sénégalais. Ce moment était un temps fort de partage et d’unité entre les trois branches religieuses monothéistes. 

Ce qui a attiré l’attention des invités c’est la fresque mémorielle Afrique réalisée par l’artiste bordelais A-MO. Ils ont pu admirer sur un bâtiment du quai des Chartrons, une œuvre sur fond noir où se démarque la silhouette blanche du paquebot, en mémoire à cette nuit tragique et une baleine en clin d’œil au roman Le chant noir des baleines du journaliste Nicolas Michel. Après les prières des chef-fes religieux et la présentation de la fresque, Mémoires et Partages a emmené les invités pour se recueillir près de la Garonne accompagnés d’une chorale africaine chantant en lingala (langue originaire du Congo). Avant d’offrir au fleuve des gerbes de fleurs en mémoire aux disparus, comme pour les accompagner dans leur traversée. La cérémonie d’hommage se termine avec un chant sénégalais entonné par la chorale qui signifie : “Seigneur entend nos prières”.

Exposition « Le mémorial des Tirailleurs naufragés » au Musée de la Mer et la Marine

Souvenirs de Tirailleurs

La suite de cette journée s’est déroulée au Musée de la Mer et de la Marine de Bordeaux avec une projection du documentaire poignant Mémoire d’Afrique retraçant le naufrage avec des témoignages de descendants de victimes originaires du territoire français. Suivie d’une conférence de Nicolas Michel, rédacteur en chef à Jeune Afrique et auteur du livre Le chant noir des baleines  qui conte la rencontre entre un tirailleur sénégalais rescapé du naufrage de l’Afrique et un enfant sur l’Île de Ré. Lors de sa prise de parole, l’auteur a créé un parallèle entre la situation des tirailleurs et celles des migrants en Méditerranée où dans les deux cas, les victimes ne sont pas considérées à leurs justes valeurs.

Le vernissage de l’exposition Le mémorial des Tirailleurs naufragés a clôturé l’évènement. L’objectif de cette initiative est de faire connaitre ce drame encore méconnu mais surtout d’honorer la mémoire des passagers en particulier les tirailleurs sénégalais, grands oubliés de cette tragédie. Sous leurs noms de « tirailleurs sénégalais » se cache en réalité une multitude de nationalités différentes entre autres des Congolais, Camerounais, des Guinéens. À noter un parallèle a été fait avec des personnalités comme Black M pour illustrer les descendants des tirailleurs. Toutefois, l’histoire des tirailleurs au sens large est elle aussi racontée afin d’honorer le sacrifice de ces soldats qui ont quitté leurs terres natales pour combattre en France. Le paquebot L’Afrique est présenté comme un symbole de la société colonialiste sur lequel le peuple africain héritait des tâches les plus ingrates, comme la fonction de « boy » (domestiques peu considérés au service des colons), mais aussi des postes de chauffeurs et soudiers dans les cales du paquebot qui atteignaient parfois des températures de 60 degrés. Ces membres d’équipage devaient même emprunter des couloirs spéciaux pour ne pas effrayer les passagers blancs. Cet évènement ouvre la nouvelle édition du Black History Month qui durera jusqu’au 29 février et proposera divers évènements culturels pour promouvoir l’histoire du peuple noir. Plus d’informations

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