Trois questions à Gilbert Dalgalian, psycholinguiste et spécialiste de l’apprentissage des langues: l’occitan sur le chemin de l’anglais


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Temps de lecture 1 min

Publication PUBLIÉ LE 03/03/2011 PAR Olivier Darrioumerle

@qui ! : Pourquoi apprendre l’occitan plutôt que l’anglais ?
Gilbert Dalgalian
: Un enfant qui apprend l’occitan apprendra l’anglais plus facilement. Au contraire, l’anglais aujourd’hui fait obstacle aux autres langues. L’hominisation s’est fait sur les diversifications linguistiques et culturelles. Maîtriser l’anglais donne l’illusion de pouvoir parler avec le monde entier. Et les chiffres montrent que toutes les langues pâtissent de l’omniprésence de l’anglais. Elle fonctionne comme un rouleau compresseur qui nivelle les différences. Or l’anglais, sauf pour les familles mixtes, est absent de l’environnement de l’enfant de 0 à 7 ans. Il n’est pas vécu.

@! : C’est donc grâce à l’environnement que l’enfant peut apprendre une langue ?
G. D. : À cet âge, on apprend parce qu’on échange, on vit, on joue. Tous les jeux d’enfants, les comptines et les marionnettes se réfèrent à un paysage culturel. Ici, l’environnement est français et béarnais. Mais ce n’est pas tant le choix de l’occitan que celui du bilinguisme que l’on fait en inscrivant son enfant dans une classe bilingue. On fait le choix du précoce pour le bénéfice d’une alphabétisation transférable à d’autres apprentissages. L’aire de Broca, zone du cerveau responsable du traitement du langage, est doublement équipée. Cet équipement neuronal précoce donne à l’enfant des facilités pour aborder d’autres matières. Il devient un plurilingue en herbe.

@! :Comment développer un environnement propice à l’apprentissage précoce de l’occitan ?
G. D. : La Langue ne doit pas être réservée à la classe. Il faut des prolongements, des lieux artistiques , ludiques, sportifs, des conditions naturelles, même si elles sont un peu organisées, où l’enfant peut évoluer. J’ai travaillé dans la vallée d’Aoste à introduire dans les classes une télévision éducative et interactive à travers laquelle l’enfant voit son travail. C’était une fenêtre dans les murs de la classe. De manière plus globale, la région Aquitaine met au point un média au bénéfice de l’occitan. La télévision donne une résonance collective à la langue, une légitimité plus important qu’un club qui fonctionne en groupe.

Photo : aqui.fr

Propos reccueillis par Olivier Darrioumerle
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