Une « académie » occitane pour réguler l’usage de la langue.


Javierme
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 24/08/2011 PAR Olivier Darrioumerle

Nos grand-parents parlaient la langue du diable. L’occitan était circonscrit aux quatre murs de la maison. « Les langues dites « minoritaires » ne sont, d’abord et surtout que deslangues minorées », écrit Philippe-Jean Catinchi, parrain desrencontres littéraires paloises. Pierre Bourdieu explique dans le « Bal des célibataires » comment les paysans béarnais ont vécu l’humiliation d’être Gascon, démodé et exclu. Les « primolocuteurs » ont rarement transmis l’occitan aux nouvelles générations qui l’apprennent aujourd’hui par l’écrit. « Il y a une forte demande d’outils pédagogiques, mais il n’y a pas sur internet un seul dictionnaire d’occitan correct. » Benoît Dazéas poursuit, conscient de la révolution numérique qui transforme la société : « le dictionnaire papier c’est fini, les enfants ont accès à tout sur leur smart phone. On va produire des outils accessibles sur internet. » 

Une étude de faisabilité
De Bordeaux à Nice, en passant par Limoges, deux millions de personnes parlent l’occitan quotidiennement. Si un Gascon de Pau parle la même langue qu’un Provençal de Marseille, leur dialecte diffère quelque peu. Cet éparpillement cause des problèmes de cohérence. Une cohérence réclamée par les acteurs du monde occitan.  Face à la demande constante des enseignants de disposer de « canons » et la nécessité scientifique de stabiliser l’usage de la langue, l’APORLOC (Association de Préfiguration de l’Organisme de Régulation de la Langue d’Oc) a lancé une étude sur la faisabilité d’un organisme, type « académie occitane », pour réguler la langue. Benoît Dazéas, chargé de mission, a visité trois académies, basque, catalane et frisonne – au nord des Pays-bas -pour comprendre leur fonctionnement. Son constat est clair : « à la fois la langue occitane a pris un retard important et il y a urgence à créer une institution qui lui soit propre. »

Travailler dans la collégialité de toutes les sensibilités
L’académie royale de la langue basque a une autorité, décrétée par le roi d’Espagne et reconnue en 1995 par la France, ( à l’époque François Bayrou était ministre de l’éducation nationale ), pour imposer les normes linguistiques aux écoles basques d’Espagne et de France. « L’académie occitane » n’a pas la bénédiction de l’Institut de France. Le contraire aurait-été étonnant ! Sans le soutien de la loi,l’APORLOC doit composer un montage de gouvernance. « Nous sommes soutenus par les collectivités locales. Ce sont elles qui donnent à « l’organisme de régulation » une légitimité pour donner des orientations linguistiques » , explique Benoît Dazéas. On pourrait imaginer l’académie du Val d’Aran comme un Olympe linguistique, mais pas question d’imposer un occitan standard à tout le monde ! « L’objectif est qu’un enfant puisse discuter avec son papi dans son parler local », rassure Benoit Dazéas. Comment affirmer l’unité profonde de la langue occitane en respectant les sensibilités locales ? Tel est le casse-tête, entre le passé et le futur, que l’organisme de régulation aura à résoudre, dans le calme et la concertation.

photo : Javierme

Olivier Darrioumerle

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