Aérocampus : ça avance à Latresne


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 24/05/2017 PAR Romain Béteille

Aérocampus Aquitaine ne cesse pas de grandir : avec un budget prévisionnel établi à 10,7 millions d’euros (contre un peu plus de deux millions au départ), on pourrait déjà dire que la situation est positive. Mais on oublierait de dire que depuis 2016, le site inverse une tendance : celle des subventions et des ressources propres. Ces dernières sont en effet passées de 19% en 2011 à 75% en 2017, et les subventions accordées ont diminué en conséquence. »La Région Aquitaine, propriétaire du site, a bien sûr été partenaire à 100% mais l’objectif pour nous était de faire la preuve qu’à travers ce qui naissait, on pouvait à la fois maintenir un service public et le développer tout en augmentant, grâce aux ressources propres, nos recettes privées », confirme Jérôme Verschave pour expliquer cette tendance. Le site de Latresne accueille aussi de plus en plus d’élèves : actuellement, ils sont 270 contre 93 à la reprise dont +11% des effectifs en apprentissage. En tout, 280 salariés travaillent sur le site au sein de plus d’une vingtaine d’écoles et centres de formation ayant accueilli 60 000 personnes en 2016. 

Fort Export

Il faut aussi noter un développement assez spectaculaire des recettes d’Aérocampus à l’international, passant de 121 606 euros en 2015 à 3,1 millions en 2016, ce développement étant toujours actif aujourd’hui notamment sur les questions de la règlementation (Lausanne, Genève, Mulhouse, Bâle), la certification (Washington), l’audit (Jakarta) ou encore le consulting (Singapour) sans oublier la présence de deux formations, Qatar et Émirats (acueillant des jeunes de 18 à 28 ans de la 3ème à Bac+1). Et cela semble aller en s’amplifiant compte tenu des projets actuellement en cours de développement. « On cherche actuellement 1,2 millions de mécanos et de pilotes sur le marché actuel. On a la chance d’être à la fois agréé et de pouvoir réellement nous déployer. L’objectif, c’est de continuer à grandir », continue le directeur d’Aérocampus. 

Ainsi, de nouvelles formations aéronautiques sont en train de voir actuellement le jour au Maroc, à Casablanca (au sein de l’Institut des Métiers de l’Aéronautique) dans les domaines aéro et spatial pour créer un « hub de formation » à destination du continent africain. Une nouvelle école sur le modèle d’Aérocampus, baptisée AeroSkills School, vera également le jour à Hyderabad, en Inde. Elle doit s’étaler sur pas moins de 300 hectares (comme précisé dans la convention signée en octobre) et bénéficier à la filiale locale d’Airbus ainsi qu’aux apprentis mécaniciens indiens en formation initiale et continue. Enfin, Aérocampus a accompagné en décembre l’entreprise Tunisair Technics pour le recrutement de 75 techniciens. 

« Pimp my ride »

Mais Aérocampus compte aussi se développer lui même, là encore au travers de nombreux projets. Ainsi, c’est près de 19 millions d’euros (18,82 millions) qui doivent être investis pour la construction d’un nouveau « pôle avionique », d’une salle modulable sur la cour supérieure du château, mises aux normes et aménagement divers venant compléter le tableau. La construction d’un troisième Hangar devrait tenir les délais et s’achever en février 2018. Le site accueillera également, à partir de janvier prochain, deux groupes appartenant aux « apprentis d’Auteuil » sur des formations « monteur ajusteur métal et composite » et « monteur cableur intégrateur ». Mais l' »aéro » ne sera plus la seule corde à l’arc de ce site assez particulier en Europe. Un Naval Campus est déjà dans les cartons pour ce qui concerne la formation navale, Aérocampus faisant office de cabinet conseil pour organiser l’offre sur toute la façade Atlantique et une « vitrine » prévue pour être bretonne.

Le Drone Campus est, lui, déjà une réalité. Ouvert aux constructeurs, développeurs ou simple clients, il doit réunir plusieurs infractructures spécialisées et des organismes de formation dédiés. Et les premières opérations ont eu lieu : début mai, l’entreprise SkyBirdsView a mené des missions de formation au Congo et au Burkina Faso. Enfin, pour clôre la partie « développement du site », précisons qu’Aérocampus teste une nouvelle offre « loisir » baptisée « Junior » pour optimiser le taux d’occupation du site en périodes creuses et faire découvrir les métiers de l’aéronautique auprès de 10-17 ans. Le premier Summer Camp sera d’ailleurs lancé dès cet été (avec des séances de pilotage en simulateur, initiation, fabrication d’un planeur, réalité virtuelle et visites de sites spécifiques). Ce dernier est déjà complet sauf pour la dernière semaine d’août, preuve de la dynamique entourant le site (qui a encore de la marge, avec 10 000 mètres carrés encore constructibles). 

Vers une ouverture métropolitaine 

La dimension d’Aérocampus est aussi métropolitaine. En septembre, il utilisera 630 mètres carrés au sein de locaux du lycée Jehan Duperier de Saint-Médard-en-Jalles pour y animer un pôle câblage avec des formations initiales et continues. « Ce lycée était au départ un peu une sorte de concurrent; ça permet de lui redonner une visibilité et de désaturer nos hangars. On ne sait pas trop où l’on va avec ce projet, mais c’est un peu notre ADN », confire Jérôme Verschave. « L’enjeu, c’est d’amener les formations au plus prêt des territoires, aller explorer de nouveaux espaces pour les mutualiser. Il n’est pas exclu que sur la Rive Droite ou l’Entre Deux Mers, on puisse imaginer de nouveaux espaces similaires. On a tous bien compris que la meilleure façon de lutter contre un sentiment d’abandon ou de désertification, ce sont des initiatives comme celle-là » défend à son tour Catherine Veyssy, vice-présidente de la Région Nouvelle Aquitaine en charge de la formation professionnelle, en plein chantier sur un nouveau CPRDFOP (contrat de plan régional de développement des formations et d’orientation professionnelles) à l’échelle de la nouvelle région. 

Pour ce dernier souhait, il reste cependant en contradiction avec quelques projets d’Aérocampus. D’abord, le site labellisé « Data Space » ou campus spatial, d’abord envisagé à Floirac sur un site classé de douze hectares, ne se fera pas. C’est encore une fois Mérignac qui hérite du bébé, à travers une cité de l’aéronautique d’une vingtaine d’hectares, dans le cadre d’une Opération d’Intérêt Métropolitain. Une étude a d’ailleurs été lancée sur ce projet, ses conclusions devraient être rendues en fin d’année, mais on sait déjà que l’idée devrait s’articuler autour d’un espace muséographique exposant des pièces du Conservatoire de l’Air et de l’Espace d’Aquitaine et un espace de formation aux métiers aéronautiques et aéroportuaires. Le directeur du site de Latresne explique cette décision par un souci de « transports en commun », on mise plus sur des questions politiques, Aérocampus ayant été mandaté pour réaliser une étude de faisabilité par la Métropole, la ville de Mérignac et la Région, notamment. Ces pespectives laissent en tout cas espérer le mieux pour Aérocampus et ses différentes déclinaisons qui poursuivent leur partenariat avec des entreprises pour développer toujours et encore l’offre d’apprentissage : environ une cinquantaine de nouvelles places vont en effet bénéficier d’un nouveau parcours de formation ingénieur (jusque Bac+5) avec la société Ionis, dès la rentrée prochaine.

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