Aérospatial : le Sud-Ouest entre bonne santé financière et défis structurels


RB
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 10/04/2019 PAR Romain Béteille

Un secteur stratégique

C’est un papier des Échos qui le redit récemment : représentant 12,5% des exportations françaises de biens, le secteur aéronautique est plus que jamais un secteur stratégique pour l’économie française. Dans une enquête faisant figure de bilan et renouvelée chaque année, l’INSEE dresse le portrait de la filière aéronautique et spatiale sur les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, une zone qui représente 145 300 emplois pour l’ensemble (dont 38 300 en Nouvelle-Aquitaine et 11% de ce dernier chiffre pour le seul département de la Gironde). Fin 2017, les prestataires, sous traitants et fournisseurs représentaient 1113 entreprises et 3900 emplois nets créés en 2017 (en hausse de 2,7% contre +2,3% en 2016). La moitié d’entre elles réalisaient au moins les trois quarts de leur chiffre d’affaire dans l’aérospatial. L’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, elle, a bénéficié d’un chiffre d’affaire en hausse de 5,4% en 2017 (13,9 milliards d’euros), ce qui représente tout de même un ralentissement par rapport à 2016 (+ de 8% de hausse). L’Occitanie représente 10,8 milliards d’euros, la Nouvelle-Aquitaine 3 milliards (+4,4%). Dans le détail, le chiffre d’affaire dans l’aéronautique, lui, augmente de 4,7% et l’industrie reste le principal bénéficiaire de la hausse des commandes. Celui du spatial est en bien meilleure forme encore, avec une hausse de 18,5%.

Des applications satellites en croissance

Selon le président de Figeac Aéro, Jean-Claude Maillard, plusieurs facteurs viennent expliquer cette différence de dynamiques. « En aéronautique, on constate moins de nouveaux programmes, on est plus dans le développement et la livraison de commandes de produits déjà existants, le prochain grand programme, qui mettra notamment l’accent sur l’impact environnemental des avions via des ruptures technologiques et d’importantes modernisations, n’étant pas prévu avant 2025. De plus, le secteur bénéficie d’une croissance limitée à cause des problèmes de recrutement, qui est souvent un besoin à satisfaire immédiatement (l’exemple de Figeac et ses 400 offres d’emplois non-pourvues l’illustre). Les avancées technologiques et l’adaptation de l’industrie créé des tensions dans des métiers de data-analyses ou de data-scientists et beaucoup d’entreprises cherchent aujourd’hui à former des gens ». En effet, selon les données de l’INSEE, 45% (pour les emplois non cadres) et 29% (pour les emplois cadres) des entreprises du secteur évoquent « des difficultés de recrutement persistantes » et de « fortes attentes vis-à-vis des donneurs d’ordres sur la planification et la visibilité ». Quant-à la santé du spatial, elle s’explique notamment par « le déveloopement des applications d’exploitation de données spatiales permis par les satellites dans des domaines comme l’agriculture, le suivi environnemental ou la ville intelligente, et les avancées technologiques permettant la réduction des coûts d’accès à l’espace (avec, par exemple, le développement des nanosatellistes).

Des efforts maintenus


Or, quand la Nouvelle-Aquitaine est davantage focalisée sur les lanceurs Ariane, les satellites restent une spécialité de sa voisine, l’Occitanie. C’est sans doute en partie ce qui explique que sur les 3900 emplois créés en 2017 dans la filière, 3400 l’aient été en Occitanie et que l’aérospatial y enregistre la hausse la plus rapide de création d’emplois dans les secteurs marchands (hors agriculture) avec +3,1% contre +1,8% pour la Nouvelle-Aquitaine. Dans un contexte de concurrence européenne féroce, ces polarités n’ont évidemment rien d’anodin : le solde d’opinion des chefs d’entreprise sur l’évolution de l’activité destinée à la construction spatiale est en hausse de 50 points pour les prévisions 2018 en Occitanie quand les prévisions sont à l’avantage de l’aéronautique en Nouvelle-Aquitaine. En termes de leviers de croissance, il est à noter qu’une entreprise sur deux prévoit d’augmenter ses effectifs (malgré les difficultés de recrutement évoquées plus haut) et que les dépenses en recherche et développement sont en hausse, avec notamment une accélération des investissements matériels. « Cette hausse très significative est notamment tirée par les financements privés, lorsque les fonds publics sont plutôt stables » (illustré grâce à l’aérospatial chinois, qui pousse de plus en plus vers le privé).

Si la filière aérospatiale est très concentrée sur quelques pôles, les données de l’INSEE montrent qu’elle est présente un peu partout dans le Grand Sud-Ouest. Un peu partout, le nombre de salariés augmente : une centaine de salariés supplémentaires dans la Vienne et une progression de l’emploi dans le Lot-et-Garonne, en Ariège ou dans les Deux-Sèvres. Seul le département des Pyrénées-Atlantiques accuse une baisse de 2% « en lien avec un marché de jets d’affaires et d’hélicoptères moins porteur depuis quelques années ». Selon les prévisions établies au printemps 2018, les investissements de Nouvelle-Aquitaine seraient particulièrement forts notamment dans l’industrie, la maintenance ou la métallurgie. Enfin, en termes de recrutement à venir, les indices pointent vers une chaîne d’approvisionnement qui devrait recourir davantage à des sous-traitants de plus en plus nombreux (notamment dans la fabrication d’équipements et le maintenance en Nouvelle-Aquitaine), à l’exception du secteur de la construction aéronautique et spatiale. Dans les services, l’INSEE précise que l’informatique devrait profiter de cette nouvelle dynamique quand l’ingénierie pourrait en être la grande perdante. Seul bilan manquant à l’appel, celui du nombre de recrutements devrait être livrée lors de la prochaine étude… en 2020. Les perspectives, en tout cas, restent plutôt encourageantes, malgré la concurrence internationale, y compris dans l’opinion publique : dans une étude parue fin mars, l’aéronautique restait le secteur le plus attractif pour une recherche d’emploi, loin devant le numérique (14ème place).

L’info en plus : Si vous aimez les détails (et les graphiques), l’intégralité de l’étude de l’INSEE sur la filière aéronautique et spatiale est disponible sur le site www.insee.fr

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Nouvelle-Aquitaine
À lire ! ÉCONOMIE > Nos derniers articles