Agroalimentaire et innovation : « répondre aux marchés d’après-demain »


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 08/11/2017 PAR Solène MÉRIC

L’innovation agroalimentaire était partout ce lundi au deuxième étage du Conseil régional. En salle d’assemblée plénière bien sûr où se sont succédés les interventions et témoignages sur la prise en compte de l’innovation par le tissu entrepreneurial divers et varié de l’agroalimentaire régional, mais aussi en extérieur incarnée par un village de startups présentant leurs produits et/ou process innovants. Les fameux « Foodtech », en bon français.

Anticiper les tendances de consommationParmi eux, Les Raffineurs du Fruit, qui crée confitures, compotées ou autres coulis de fruits à hautes valeurs nutritionnelles et qualitatives. « 100% issus du fruit, rien n’est ajouté, pas même du sucre », vante Laurent Pradeilles son Directeur général. L’innovation de cette toute jeune start-up installée au Novapôle, pépinière d’entreprises corézienne, réside dans les nouveaux procédés mis en oeuvre pour permettre de travailler les fruits à une température maîtrisée et ainsi éviter toute adjonction.
Autre exemple issu de la même pépinière d’entreprises spécialisée dans l’agroalimentaire : VegeSens. Leur produit : « des encas sains, riches en composés actifs, pour une nutrition de précision », présente François Boussaroque, président de la startup. Là encore l’innovation réside dans le procédé : « une technique de déshydratation à basse température pour préserver les bienfaits des nutriments des fruits », innovation aussi dans les recettes mise en œuvres pour la création de ces « snack sains ». L’innovation est donc bel et bien technologique mais aussi dans le produit lui-même particulièrement soucieuse de répondre aux tendances montantes des goûts et préoccupations des consommateurs, de plus en plus attentifs à la qualité des aliments, voire de « nutrition santé ». Dans cette logique, inutile aussi de préciser que les entreprises développent une gamme bio complémentaire et assurent une logique de circuits courts auprès de leurs fournisseurs, ou à défaut de commerce équitable.

Impression 3D alimentaire et personnalisationUne attention au consommateur qui promet dans les années à venir de plus au plus de personnalisation des produits. C’est un des virages pris notamment par l’Atelier du Chocolat à Bayonne, dans une stratégie d’innovation bien plus large, de l’organisation de l’atelier et condition de travail des salariés jusqu’au marketing des produits. Virage de la personnalisation pris de manière encore plus radicale par la start-up Tridifoodies qui propose depuis la technopole Bordeaux Montesquieu rien de moins que de l’impression 3D alimentaire ! « Personnalisation de forme et de texture, permettant de faire des formes impossibles à la main, le tout en petite et moyenne série. Nous sommes à la frontière entre l’artisanat et l’agroalimentaire », explique sa dirigeante et cofondatrice Annabel Théate. Personnalisation, agilité et rapidité, sans oublier la traçabilité voilà quelques uns des éléments disruptifs qui peu à peu s’imposent face à la grande industrie alimentaire la plus classique.
Une agilité dans l’agroalimentaire qui pour autant n’est pas réservée qu’aux petites unités. L’exemple a été porté par le Groupe Mericq et sa jeune dirigeante Charlotte Abadie, qui a récemment repris la tête de l’entreprise familiale couvrant 28 sites et 700 collaborateurs, au chiffre d’affaires de 274 M d’euros. L’entreprise basée à Agen, figure parmi les leaders français du Mareyage et a résolument pris le pli du numérique, jusqu’à lancer sa propre application mobile permettant à ses clients de recevoir des notifications push sur leur téléphone pour connaître les opportunités de pêche avant même la criée. Autre innovation, la création d’un bâtiment 2.0. Inauguré il y a tout juste un mois, c’est une véritable salle de marché avec 3 écrans géants « comme à la Bourse » pour visualiser les flux logistiques, gagner en efficacité, et en traçabilité.

Traçabilité: « même les américains s’y mettent « Innovation et numérique également au cœur de la stratégie de Dupont/Danisco France, dont le site de Melle, face à une concurrence à prix cassés des acteurs chinois, a choisi de complexifier ses procédés. « Nous avons mis des barrières technologiques aux chinois », témoigne, satisfait, Jean-Pierre Barthole, le Directeur du site dont la vocation en B to B, est la production d’ingrédients alimentaires par fermentation. Davantage d’automatisation mais aussi une démultiplication du nombre de produits proposés grâce aux nouveaux process. Passant de 10 à 200 produits proposés, l’entreprise s’adapte à autant de demandes différentes et spécifiques. A cela s’ajoute, « un travail sur la donnée permettant d’affiner de plus en plus non seulement la traçabilité mais aussi les caractéristiques de nos produits », ajoute Jean-Pierre Barthole.
Une traçabilité des produits de l’agroalimentaire que chacun s’accorde à reconnaître comme « une exigence absolument incontournable pour un consommateur dont l’expérience client, via les réseaux sociaux doit être un vecteur d’adaptation et d’innovation pour l’agroalimentaire. » Un point de vue aussi défendu par Thierry Blandinières, Directeur général du groupe coopératif InVivo, qui souligne que « même les américains s’y mettent » …

 » Disruptons le modèle! « Quant à la Foodtech, si les intervenants du jours avaient une certaine avance, « il y a encore énormément de choses à apporter sur la chaîne alimentaire », estime le grand témoin du jour. Et de citer « les protéines à base d’insectes, notamment à destination de la nutrition animale ». Autre exemple: les protéines végétales et les nombreuses recherches autour de la substitution du steak haché de bœuf par un steak végétal au goût similaires. « Dans une planète qui comptera 10 milliards de bouches à nourrir en 2050, peut-être ne faudra-t-il plus passer par la nutrition animale qui pèse 70% de la production de céréales. Et j’ai bien conscience que je joue contre mon camp quand je dis ça. Mais disruptons le modèle, et suivons les tendances ! Si nous ne le faisons pas nous même, d’autres le feront… Il faut savoir réfléchir sur ces idées nouvelles et accompagner les startups qui s’engagent sur ces voies innovantes», encourage le patron visionnaire. Un patron, ancien Directeur général du groupe coopératif landais Maïsadour, qui n’oublie pas non plus qu’en amont de l’agroalimentaire, « il faut avoir une agriculture forte qui elle aussi se transforme ». Objectif : non pas l’innovation pour l’innovation mais « un modèle économique, pérenne, rentable et résilient. »

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