Bâtiment : le fort ravalement de façade d’Aquibat


Aquibat
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 27/02/2018 PAR Romain Béteille

Nouveaux matériaux

Globalement, les dernières données fournies par la CCI de Bordeaux et de la Gironde confirment, même au niveau départemental, cette embellie du secteur. Dans une note publiée ce mardi, on découvre qu’au niveau de l’opinion du baromètre de l’économie girondine aussi, on fait un peu moins la tête : +33 points d’opinion positive pour le Chiffre d’affaires, +17 points pour la trésorerie et un taux d’investissement des industriels du secteurs de 49% fin 2017, soit davantage que dans le secteur de l’industrie (+46%), ce qui corrobore les tendances déjà relevées. « C’est évident qu’un salon professionnel est le reflet de sa filière, on bénéficie de cette embellie économique », confirmait ce mardi Delphine Demade, directrice de la nouvelle mouture fraîchement née du salon Aquibat qui convoquera lors de sa prochaine édition (du 14 au 16 mars prochain, donc) quelques 350 exposants régionaux, nationaux et même internationaux (9% des entreprises invitées sont étrangères) spécialisées dans le secteur du BTP. « C’est plus un salon d’espoir que de reprise, les gens y croient », ajoutait de son côté Bernard Aldebert, journaliste indépendant spécialiste du secteur et rattaché au développement du contenu de cette biennale qui souhaite clairement devenir une case incontournable pour les professionnels.  

Racheté fin 2016 par le CEB (Congrès et Expositions de Bordeaux), Aquibat se donne visiblement les moyens de ses nouvelles ambitions : sans nous préciser les chiffres exacts, les organisateurs confirment que l’équipe dédiée aux exposants à été multipliée par deux et celle des visiteurs par trois pour un évènement représentant un Chiffre d’affaires d’environ 1,4 millions d’euros. En neuf mois, le salon a voulu faire peau neuve. Il compte déjà dans ses rangs 350 exposants (contre 300 lors de la dernière édition) et espère attirer 15 000 visiteurs professionnels pendant ces trois jours, dont le programme s’est etoffé avec la reprise. « Nous avons voulu retrouver du contenu à la fois en termes de métiers et de business pour renouveler les exposants et visiteurs d’un salon autrefois peu entretenu. L’objectif, c’était avant tout de stopper sa décroissance », confiait Delphine Demade. Pour cela, CEB s’est adjoint les services d’un nouveau « comité technique », composé du gratin de la filière BTP, qui évidemment feront leur propre show pendant les trois jours du salon : l’ADEME, l’AQC (Agence Qualité Construction), CAPEB Gironde, l’Ordre des Architectes ou encore la Fédération Française du Bâtiment Nouvelle Aquitaine, une quinzaine de professionnels en tout. Aquibat se restructure sur les modèles déjà éprouvés du portefeuille d’évènements déjà acquis par CEB : cinq pôles (gros oeuvre, second oeuvre, gros matériel, équipements techniques et nouvelles énergies, services et partenaires) pour autant de thématiques (innovation, opportunités de marché, numérique, matériaux, énergie). Autour de ces cinq pôles, ces derniers ont elaboré un programme qui se veut plus accessible et ouvert aux propositions : l’édition 2018 assure un taux de 40% de « nouveaux exposants », essentiellement des marques (75%) et des distributeurs (25%). 

Opération séduction

Histoire de les attirer, la programmation, elle aussi, s’est offert un petit coup de boost supplémentaire. Démonstrations de machines en situation dans un « Techno Show » mais aussi, et c’est moins évident, un centre d’essais de véhicules utilitaires où les constructeurs joueront des coudes (Volkswagen y compris…). L’une des plus grosses nouveautés sera sans doute ce « village de l’innovation » porté par le CREAd (Construction Ressources Environnement Aménagement et Habitat durables) qui servira de vitrine aux nouvelles pratiques du secteur (qu’on a connu plus timide…). On pourra y retrouver des entreprises comme IQSPOT, découvrir un pôle « immersion et réalité virtuelle », un autre consacré à la robotique et aux drônes, un volet énergie (photovoltaïque, thermique…) : autant de secteurs innovants et facile à vendre qui devraient bien s’accomoder avec les thématiques des conférences et rencontres organisées par les différents partenaires (qualité de l’air et matériaux biosourcés pour AQC, perspectives du bois et de la construction pour FCBA, suivi de chantier et robotisation pour la FFB Nouvelle Aquitaine…). Surtout, Aquibat veut faire comprendre qu’il est aussi un salon où l’on peut faire du business et se servir de ses muscles en plus de les montrer. Le salon offre ainsi l’opportunité pour les professionnels d’organiser des rendez-vous sur place via le site internet de l’évènement, histoire d’être sûrs de trouver une place dans l’Espace Affaires du Hall 1 du Parc des Expositions. Pitchs et tables rondes s’ajouteront ainsi aux rencontres individuelles et aux démonstrations d’acteurs aussi bien privés que publics. 

Ça aussi, c’est nouveau : pour la première fois cette année, Bordeaux Métropole est à la fois invité et intervenant. Elle devrait trouver là quelques nouvelles épaules sur qui poser sa récente « charte du bien construire » face aux défis de l’attractivité de l’agglomération. Car si cette charte existe bien, l’intérêt de la métropole est évidemment de convaincre le plus de professionnels possibles de la signer afin de rentrer dans le giron du label. Une opération séduction affichée donc, et poliment décrite par les organisateurs comme une « valorisation particulière ». Pour Bernard Aldebert, l’évènement sert à l’institution publique de « chambre d’échos » idéale pour mobiliser autour de sa charte qu’il considère, d’un oeil extérieur, comme un « premier pas intelligent. On ne peut pas imposer à un secteur des mesures trop brutales. Le rôle du label n’est pas forcément de faire peur, mais les résultats peuvent-être intéressants dès lors que son retrait est rendu public ». Les enjeux sont évidemment primordiaux pour une agglomération qui fait face, comme d’autres, à l’étalement urbain. « Il y a une dichotomie dans ce secteur aux procédés anciens et séculaires, voire primitifs, et le développement extraordinaire de nouvelles procédures » (de construction). On ne peut pas continuer comme on a fait pendant trente ans, on ne pourra pas avoir un réseau de tram qui couvre toute la métropole. Si on densifie les zones périphériques, on pourra rendre rentables des équipements qui ne le sont pas forcément aujourd’hui ».

Quant au paradoxe récemment souligné par une instructive étude sur le prix du foncier bordelais (à savoir la frilosité un peu plus manifeste pour la rive droite), elle n’est selon lui due qu’au fait « qu’il existe encore du foncier sur la rive gauche. Quand elle sera saturée, ils iront sur la rive droite. C’est profondément injuste, car on peut constater sur ce territoire toute une série d’expériences de construction très intéressantes en matière d’architecture et d’urbanisme. Une amie qui travaille dans l’architecture et spécialiste du secteur m’a récemment avoué vouloir investir dans des projets à Bordeaux mais dans des secteurs comme les Chartrons. C’est une vision assez bornée… ». Aquibat prépare donc une mouture 2018 partagée entre un contexte économique du BTP plutôt favorable et une pression logique dans l’agglomération pour construire et densifier davantage. Et le salon ne compte pas s’arrêter sur sa lancée : sa directrice a déjà fait part de plusieurs thématiques (comme la formation, ou l’emploi du secteur, notamment féminin) qui n’ont pas pu être exploitées cette année, faute de temps. Ce vent économique, visiblement fédérateur, ne concerne pas uniquement Aquibat : les 25 et 26 mars, le Parc des Expositions a déjà programmé la onzième édition du Salon de la Maison Neuve, confronté à des perspectives moins réjouissantes (le recadrage du Prêt à Taux Zéro n’y est sans doute pas étranger…). Le pari s’annonce donc intéressant à relever, d’autant qu’avec 9000 nouveaux logements par an en moyenne sur le secteur de la métropole, côté innovation, il y a de quoi faire…

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