Tourisme régional : le Blayais dévoile son plan d’attaque


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 05/03/2018 PAR Romain Béteille

Mise en commun

La loi NOTRe de nouvelle organisation territoriale est passée par là, mais l’objectif reste le même. Après un précédent appel à projets en 2015 qui ne visait alors que la région Aquitaine, le nouvel appel, affectueusement baptisé NOTT (pour Nouvelle Organisation Touristique des Territoires) piloté par la région s’élargit à son nouveau périmètre géographique, suite au transfert de la compétence « promotion du tourisme » aux intercommunalités. Le but de cette NOTT  : « consolider la structure touristique » autour de plusieurs enjeux prioritaires. Ce lundi, la vice-présidente du Conseil Régional, Sandrine Derville, rencontrait les élus du Blayais autour d’un premier comité de pilotage du territoire de Blaye, Bourg et Terres d’Estuaire, l’un des cinq territoires retenus pour intégrer le dispositif. L’occasion pour elle de dévoiler ces priorités. « D’abord, l’appel vise la professionnalisation des acteurs, notamment des offices de tourisme qui sont en perpétuelle évolution. Ensuite, il doit permettre de défendre une démarche collective de qualité pour structurer d’avantage la filière sur chaque territoire, tout en sachant s’adapter aux priorités de chacun. « Ce sont des territoires très différents. Médoc Atlantique est déjà une destination touristique mais n’était peut-être pas, pour autant, engagée dans des démarches de travail en commun. On a des territoires un peu moins touristiques comme le Pays Ruffécois qui voit aussi dans cet appel l’occasion de profiter des dispositifs régionaux pour se structurer et peut être s’élargir puisqu’il regarde déjà les communes voisines pour avoir un territoire d’appel à projet plus important. Le but, c’est de se faire voir de Bordeaux, de La Rochelle et des différentes portes d’entrées du territoire », souligne d’ailleurs Sandrine Derville, qui n’hésite pas non plus à appeler de ses voeux une collaboration future entre projets sélectionnés sur des thématiques partagées (le tourisme fluvial en Pays Ruffécois pourrait collaborer avec le Blayais, par exemple). Enfin, il doit permettre d’élaborer une stratégie numérique collective. Pour le Blayais, ça passera par la création d’un site web commun dont celui de l’Office de tourisme de Blaye servira de base ».

Travail de fond

Aux côtés du Blayais, on retrouve en effet des territoires aux objectifs et aux échelles très différentes : la « Vallée de la Dordogne Corrézienne », le « Pays Ruffécois », le « Médoc Atlantique » et la communauté d’agglomération de Rochefort Océan. Mais ce sont, à priori, les communes de Haute-Gironde qui vont, en premier, mettre en place des actions, elle dont l’économie locale est particulièrement concernée par le résidentiel (38% des établisssements et presque la moitié des actifs), en plus, évidemment, du nucléaire ou de la viticulture notamment. On estime le poids financier du tourisme à environ 30 millions d’euros (sans compter les excursionnistes et les clients des croisières fluviales) pour 677 000 nuitées, en majorité des lits en meublés touristiques (2250 lits) et en campings (1309 lits). L’oenotourisme est évidemment, compte tenu de la présence des syndicats Blaye Côtes de Bordeaux, Côtes de Bourg et Bordeaux/Bordeaux supérieurs, un axe très fort du développement de la filière au niveau local, le patrimoine historique étant assuré par plusieurs sites (village médiéval de Bourg, villa gallo-romaine de Plassac) dont la Citadelle de Blaye, avec ses 450 000 visiteurs annuels, forme la locomotive touristique. Selon Gironde Tourisme, 28% de la clientèle est intra-régionale et en majorité française. Le but de cette collaboration future est donc évident : il est de, schématiquement, faire en sorte que les étrangers visitant Bordeaux et le vignoble alentour poussent l’excursion un peu plus loin et que les familles en direction de Royan fassent d’avantage de haltes, si possible en passant par la « route verte »… « Le but est de fédérer un territoire qui a de grandes difficultés à se mettre en cohérence. Si tout est au service de Blaye, ça ne va pas durer longtemps », souffle Philippe Plisson, député-maire de Saint-Caprais-de-Blaye. Ce large programme ne pouvant pas se faire en un jour, il fallait bien commencer quelque part. 

Une stratégie territoriale a donc été mise en place par ce comité de pilotage au sein duquel siègent, en plus des élus locaux, le département, les syndicats viticoles évoqués plus haut et les responsables des quatre offices de tourisme du coin (dont deux en service public d’accueil), et elle se décline autour de deux axes. Le premier, une meilleure organisation des filières, est sans doute le plus important, même s’il mélange un peu tout : renforcer l’animation de la Route des vins de Bordeaux sur la partie Blaye-Bourg au travers d’un évènement dédié, améliorer la médiation et la « mise en tourisme des sites de patrimoine culturel » (sans le jargon administratif : faire en sorte qu’il n’y ait pas que la Citadelle de Blaye qui en profite), professionnaliser l’offre du tourisme nature (aujourd’hui, on peut découvrir les marais du Blayais et tomber sur la bergerie, mais aucune offre officielle d’excursion n’est réellement proposée) et enfin soutenir le développement du tourisme fluvial. Ce dernier, sujet majeur d’un appel du pied politique en janvier à Bordeaux, a largement assez de problématiques à gérer à lui tout seul : régionalisation du Grand Port Maritime, ouverture de la navigation fluviale vers Royan, optimisation du « portefeuille de l’offre d’activités »… il y a de quoi faire, même si le phénomène de « territoire de passage » est loin d’être une nouveauté dans le secteur. 

Rattraper le retard

Pour 2018, en revanche, le deuxième axe de la stratégie semble privilégié, et ce dernier passera surtout par la mise en commun et le regroupement administratif, histoire de se mettre au diapason. Kit d’accueil avec un magazine en français et anglais auquel il faudra rajouter l’allemand pour le guide pratique, site web unique pour permettre la vente en ligne regroupée, élargissement d’un outil de billeterie à tous les offices de tourisme du territoire, recrutement d’un(e) chargé(e) de mission dédiée au projet et création de groupes de travail autour des différents leviers de développement évoqués plus haut sont autant d’atouts sur lesquels compte le Blayais pour améliorer son référencement touristique. Étant donné l’aspect régional de l’appel à projets, il ne va évidemment pas le faire seul : la Nouvelle Aquitaine financera, à des pourcentages divers, les différentes opérations prévues : ce dernier devrait être, par exemple, de 50% pour l’emploi de la chargée de mission sur trois ans et de 30% pour modernisation des outils des différents offices de tourisme. Le précédent appel à projet, initié en 2015 au niveau de l’ancienne région Aquitaine, avait déjà permis à une quinzaine de territoires de mener des actions communes avec l’aide des financements régionaux. Aujourd’hui, le tourisme local est subventionné, par l’intermédiaire de ces deux dispositifs, à hauteur d’environ deux millions d’euros par an. L’effort financier régional passe même par le soutien à des entreprises privées, comme ces 11 000 euros octroyés fin 2017 à l’entreprise « The Room », basée à Saint-André-de-Cubzac, qui a récemment développé un « escape game ». « On mise sur tout ce qu’on peut miser », affirme Denis Baldès, maire de Blaye. La construction du nouvel Office de Tourisme à Blaye, malgré plusieurs critiques émises à son encontre, devrait évidemment avoir pour but de renforcer ce nouvel élan. Pour les autres lauréats, la dynamique semble suivre : un nouveau comité de pilotage de « Médoc Atlantique » a déjà prévu une première réunion lundi prochain. Les techniciens devraient se réunir en juin prochain pour continuer le travail, histoire de ne pas laisser ce  vaste chantier, censé consolider une partie non négligeable des acteurs de l’économie locale, au simple état de lettre d’intention…

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