Bordeaux : un 11 mai « test » pour les commerçants


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 11/05/2020 PAR Romain Béteille

Un lundi matin pluvieux presque comme les autres. Voilà à quoi ressemblait ce matin le premier jour du déconfinement dans le centre-ville de Bordeaux. À l’intérieur du tramway, pas encore grand-monde en fin de matinée (environ 500 voyageurs entre 6h et 8h ce matin à la station Stalingrad selon TBM), des autocollants pour un siège sur deux.

déconfinement Bordeaux

Signaleurs et signalés

En déambulant dans une des artères commerciales les plus fréquentées de la ville, la rue Sainte-Catherine, on constate que tous les commerces ne sont pas encore ouverts. Certains ont mis à disposition du gel hydroalcoolique à l’entrée, d’autres limitent le nombre de personnes à l’intérieur de la boutique. Il faut dire que la zone d’accès est règlementée : non seulement le port du masque y est notifié comme obligatoire (par un panneau à l’entrée de la rue), pour l’instant jusqu’au 24 juillet, mais la zone comporte aussi une signalisation au sol, avec un sens de circulation et une zone d’attente devant les magasins. Ce lundi, le maire de Bordeaux a précisé qu’une « brigade de signaleurs » (une quinzaine) circulait pour inciter les gens à mettre leur masque. « Cette brigade va faire le tour des commerces pour détecter les éventuels trous dans la raquette et être attentif aux souhaits des commerçants. C’est aussi une manière pour nous de faire un tour d’horizon et de donner un peu de confiance à ceux qui hésiteraient à continuer », a affirmé ce lundi le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux et de la Gironde, Patrick Seguin. 

La prévention d’abord

Le dispositif, selon le maire de Bordeaux, est pour l’instant « plus préventif que punitif ». « Nous espérons avoir entre 70 et 75 distributeurs de gel hydroalcoolique répartis sur les lieux de grand passage dans la ville, mais on ne sait pas encore quand », a souligné Nicolas Florian, qui ajoute également « ne pas avoir, pour l’instant, constaté d’effet de masse. Il y a eu une augmentation de la circulation mais le flux reste bas par rapport à une journée normale. Je m’attends à un vrai pic de fréquentation ce week-end, mais les commerces vont réouvrir au fil de l’eau ». Pour le Body Shop de la rue de la Porte Dijeaux, juste en face des Galeries Lafayette (aux portes parées d’un panneau pour indiquer un sens de circulation et d’entrée), les portes sont déjà ouvertes et les consignes sont déjà là. « On a du venir jeudi dernier pour tout ranger, mettre en place le marquage au sol, nettoyer la boutique et mettre du gel désinfectant à disposition des clients à l’entrée. Maintenant, on les attend, pour l’instant la rue est vide ». Devant les caisses, des croix faites avec du gaffer pour faire en sorte de respecter les distances. À l’intérieur du magasin, les paniers font l’objet d’une vigilance particulière (« ils sont isolés et désinfecté une fois que le client l’a utilisé), tous les testeurs de produits cosmétiques ont été jetés à la poubelle. « Les clients nous indiquent ce qu’ils veulent, on prend les produits nous-même. Les Galeries ont mis une affiche pour le port du masque obligatoire, on a un peu copié, c’est plus sécurisé pour nous. Les clients sortent de l’autre côté du magasin, pour éviter de se croiser ». À la Fnac, on a mis en place un barriérage pour indiquer le sens de circulation. Devant chez Zara, c’est la foule. Globalement, l’attente est grande pour les commerçants, après huit semaines de confinement. Chacun a reçu, de l’aveu du maire de Bordeaux, une « fiche détaillée sur le dispositif de sécurité sanitaire à appliquer pour les employés comme pour les consommateurs, par rapport au nombre de mètres carrés du commerce ». 

Aides et incertitudes

Pour la CCI, évidemment, les prochains jours vont être cruciaux. « C’est un premier jour d’espoir, on espère surtout que les acheteurs seront au rendez-vous parce qu’avec toutes ces contraintes, les commerçants risquent de baisser les bras. De notre côté, on va les accompagner au plus près pour essayer de leur redonner de la confiance. Dans les appels que l’on reçoit tous les jours (environ 1000 appels par jour sur la hotline), la plus grande difficulté des entrepreneurs, c’est le moral. Depuis le 15 mars, on a constitué près de 3000 dossiers d’accompagnement renforcé d’entreprises, plus de 65% d’entre elles ont trouvé une solution par rapport aux aides mises en place », a souligné le responsable de la chambre consulaire. C’est d’ailleurs ce lundi 11 mai qu’est officiellement lancé le site et le dépôt des dossiers du Fonds de soutien aux entreprises, d’un montant total de 15,7 millions d’euros. Cette aide de 1500 euros pour les entreprises industrielles, artisanales, de service ou agricole de 1 à 5 salariés est abondée par un « bonus emploi » de 1000 euros fourni par la métropole. Pour la CALI (Communauté d’Agglomération du Libournais), le même dispositif (d’un montant d’un million d’euros) sera ouvert dès le 13 mai. Selon une enquête effectuée par la CCI, « 62% des entreprises interrogées estiment que les aides leur permettront de poursuivre ou redémarrer leur activité ». La trésorerie (36%), la dégradation de l’économie (35%), les difficultés à payer les charges (33%) et la logistique ou difficultés d’approvisionnement (19%) sont citées comme les principales difficultés rencontrées par les entreprises. 36% d’entre elles ont demandé un appui pour du financement ou de l’accompagnement.  

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