Bruits de la rue à Bordeaux : comment les médias peuvent-ils parler de la précarité ?


Nicolas César
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 24/02/2012 PAR Nicolas César

Aqui! : Pourquoi les médias parlent-ils si mal de la précarité ?

Dominique Gerbaud : Les journalistes la comprennent mal, car la précarité ne vient pas à nous. Les précaires se cachent et il faut savoir aller les chercher. Cela exige du savoir-faire pour obtenir des confidences. Cela demande du temps, alors que, les journalistes ont de moins en moins de temps, car les médias vivent une profonde crise économique et ne se donnent plus forcément les moyens d’enquêter. Ils ont souvent une heure pour interviewer trois personnes au RSA. Autre raison, les médias parlent parfois de la précarité, parce qu’ils ne peuvent par obligation. L’hiver, en période de grand froid, c’est un marronier. Troisième raison, le journaliste adore opposer les gens et ça ne marche pas avec la précarité. Tout ceci engendre une méfiance des précaires à l’égard des journalistes.

@! : Les journalistes sont-ils formés pour aborder ces questions délicates ?

D.G : Non. Il n’y a malheureusement pas de cours sur la précarité à l’Université. Il faut avoir une sensibilité en tant qu’individu aux « petites choses », aller en profondeur. J’ai un ami professeur qui recrute des jeunes en école de journalisme. Il me dit qu’il repère très facilement le militant des Restos du coeur. Pour éviter le formatage des journalistes, même s’il a moins d’expérience, il le choisira, en se disant qu’il sera plus attentif aux gens qui composent notre société.

@! : Quelles solutions préconisez-vous pour réconcilier les médias et précaires ?

D.G : Les journalistes doivent donner la parole aux personnes en situation de précarité, valoriser leurs attentes, pas seulement leur faire raconter leur misère. Il faut assurer un suivi de ces questions là. Y revenir est de la responsabilité du journaliste en tant qu’acteur de la société. Dans notre métier, deux qualités sont indispensables : être curieux et aimer les gens, le monde dans lequel on vit. Nous sommes des assistants du citoyen. Le journaliste est là pour créer des liens et non pas désespérer de l’actualité. La responsabilité du journaliste est de réveiller les citoyens, de valoriser les initiatives, d’éclairer le monde.

                                                                                                         Interview : Nicolas César

Crédit photo : NC

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