Cinéma: Angoulême, ville témoin de l’attractivité de la France en matière de tournages


Anne-Lise Durif
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/02/2019 PAR Anne-Lise Durif

C’est pour mettre en lumière cette évidence que la présidente du CNC Frédérique Bredin est venue le 19 février à Angoulême visiter le tournage du film The French Dispatch, qui se tient depuis novembre et jusqu’au printemps dans différents lieux d’Angoulême et de sa proche agglomération. Une occasion de mettre également un coup de projecteur sur le crédit d’impôts à la production cinématographique internationale, dont a bénéficié la production du film américain. Parmi les plus gros budgets cinématographiques de la décennie, devant Dunkerque et Mission Impossible, The French Dispatch avoisinerait les 27 millions d’euros de budget pour sa seule partie française. Et si Wes Anderson a choisi la France parce que son scénario y situe l’intrigue, le crédit d’impôt a été « le coup de pouce » permettant à la production de « tout faire de A à Z » à Angoulême. « Il a notamment contribué à ce que la conception des décors se fasse intégralement ici, alors qu’ils auraient pu être réalisés en partie dans un pays de l’Est », explique le président du Département et du Pole Image Magelis François Bonneau. Ces facilités financières, les savoir-faire locaux dans les métiers de l’image, ainsi que la mise à disposition d’une ancienne manufacture dans la banlieue d’Angoulême pour réaliser les décors, ont définitivement convaincu la production – le tournage se tient actuellement le long de la Touvre, à Gond-Pontouvre.

La France plus attractive

The French Dispatch fait partie des 51 tournages étrangers ayant bénéficié en 2018 du crédit d’impôts sur les budgets de tournages étrangers réalisés en France (hors cachets d’acteurs). Cet abattement fiscal mis en place par l’Etat et le CNC à la fin des années 2000 avait pour objectif de rendre le pays attractif en matière de tournage. Nos voisins européens ayant également ce genre de dispositif, l’Etat et le CNC avaient revu leur copie en passant le taux du crédit d’impôts de 20 à 30% (plafonné à 30 millions) à partir de 2016. Constatant notamment la fuite des tournages français à l’étranger, le CNC avait alors proposé le même abattement fiscal aux productions françaises et aux productions étrangères pour tourner en France. Bien leur en a pris : le nombre de tournages étrangers en France est passé de 22 en 2015 à 51 en 2018, et à près de trente films français supplémentaires tournés au pays. L’industrie cinématographique représentant 0,8% du PIB français, le secteur est éminemment concurrentiel entre pays, mais également entre territoires.  La région Nouvelle-Aquitaine consacre quelques 10 millions d’euros chaque année aux tournages régionaux – The French Dispatch devrait donc en bénéficier, assorti d’une aide du Département de la Charente.

Des retombées économiques importantes

Mais pourquoi investir autant dans des productions étrangères, dont a priori les intérêts profiteraient d’abord à l’étranger ? « Les effets ont le mérite d’être très quantifiables. Les dépenses liées au tournage crééent des emplois, des dépenses sociales et fiscales faisant que l’Etat retrouve finalement l’argent  investi. Une récente étude économique a montré qu’1 euro dépensé en investissement dans ce crédit d’impôts revenait à plus de 10€ d’activités économiques et 3€ de recettes sociales et fiscales. » En plus de créer des emplois directs ou indirects, un tournage fait tourner l’activité économique d’un territoire durant plusieurs mois – une équipe de film comme celle de The French Dispatch représente quelques 300 personnes présentes durant plusieurs mois. Frédérique Bredin et les élus charentais voient même plus loin : « On attend de grosses retombées touristiques pour l’après sortie du film. 60% des touristes d’une ville ayant accueilli le tournage d’un film à succès, viennent faire du tourisme cinématographique ». Les élus espèrent également que cette visibilité leur permettra d’attirer d’autres tournages à Angoulême et ailleurs en Charente.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Charente
À lire ! ÉCONOMIE > Nos derniers articles