Cybersécurité : Tehtris une PME française dans la cour des grands


YD
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 19/11/2020 PAR Yoan DENECHAU

A l’heure du télétravail généralisé, la menace numérique n’a jamais été aussi présente. Cela nécessite selon la société Tehtris, qui dispose de bureaux à Pessac, « de nouveaux besoins de sécurisation et de résilience informatique pour les entreprises ». La société spécialisée dans la cybersécurité a été créée en 2010 par Élena Poincet et Laurent Oudot. Deux personnes au parcours atypique puisque la première est notamment passée par les renseignements français et le second a financé ses études, à l’Enseirb-Matmeca (Bordeaux INP) à Talence, en faisant des ‘tests d’intrusion’. « Je viens d’un milieu plutôt modeste. J’appelais des banques pour leur montrer qu’elles pouvaient être piratées facilement, et cela me permettait de payer mes études », se remémore le directeur technique de Tehtris. Entré à l’Enseirb-Matmeca en 1995, il y a créé la filière cybersécurité en 1999.

« On a arrêté de critiquer et commencé à agir »

Entre 2010 et 2012 Tehtris pratiquait plutôt le cyberespionnage. « On contactait des entreprises, y compris des groupes du CAC 40 pour leur montrer que leurs failles informatiques pouvaient être exploitées facilement. En quelques heures nous pouvions être dans leur système », précise Laurent Oudot. Les deux fondateurs de Tehtris se sont rapidement aperçus de la nécessité de travailler sur la cybersécurité, pour sortir les entreprises françaises du giron de l’américain Microsoft ou du russe Kaspersky. « Nous avons décidé d’arrêter de critiquer et d’agir », précise le directeur technique.

Tehtris a donc créé une solution de détection et réaction aux attaques informatiques : la plateforme Tehtris XDR, déployée en 2013. Pour faire simple, c’est une intelligence artificielle qui identifie les comportements suspects [intrusion dans le système informatique, apparition de logiciel espion, NDLR] et peut soit les neutraliser instantanément, soit avertir un opérateur humain et lui indiquer la marche à suivre pour résoudre le problème. « Chaque entreprise paramètre la solution en fonction de ses besoins, précise Laurent Oudot. Ce qui fait notre force c’est que les informations sur les piratages, le mode opératoire, le type de logiciel, sont sauvegardés dans tout notre réseau ». Pour illustrer cela, le directeur technique prend un exemple : « Si un de nos clients se fait attaquer en Chine, notre solution fait remonter les traces laissées par le pirate chez nos clients dans le reste du monde, ainsi, toutes les autres entreprises équipées de notre logiciel sont armées pour neutraliser instantanément ce type de menace ».

20 millions d’euros levés pour recruter et se développer en Europe

Le 12 novembre, Tehtris annonçait sa première levée de fonds, de vingt millions d’euros. La société, déjà présente dans 70 pays, compte notamment utiliser cette somme pour renforcer le savoir-faire et la présence de l’entreprise en Europe. « Nous devons continuer à faire évoluer notre logiciel pour promouvoir l’excellence française en cybersécurité, détaille Laurent Oudot. Nous avons besoin d’une souveraineté européenne en matière d’informatique, de numérique et de sécurité. Cela passe par des conglomérats d’acteurs privés, sous une gouvernance publique ». Tehtris vise notamment l’Allemagne et commence à approcher des industriels à Munich.

Autre objectif de la levée de fonds de Tehtris : renforcer son effectif. Ainsi, le directeur technique annonce vouloir recruter 300 personnes d’ici trois ans. Au cours d’une visite d’Alain Rousset dans les locaux de Tehtris à Pessac le 18 novembre, Laurent Oudot décrit l’engouement autour de la société ces derniers jours. « Nous avons reçu 633 CV depuis l’annonce de la levée de fonds, c’est incroyable », s’amuse-t-il. Le Président du Conseil régional, emballé par les annonces de la société implantée à Pessac, souhaite voir Tehtris collaborer avec le terreau régional. « J’aimerais bien vous faire intervenir auprès du millier d’entreprises qui font partie du dispositif Usine du Futur, précise le Président de Région. Nous avons également un projet de construction d’un datacenter au Commissariat d’Études Atomiques du Barp, ce serait peut-être intéressant pour Tehtris de travailler avec nous sur le projet ».

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! ÉCONOMIE > Nos derniers articles