Data space campus: et si le futur Google était aquitain?


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 15/03/2016 PAR Solène MÉRIC

Lieu historique d’observation spatiale, les 13 ha du site de Floirac, garderont, en partie cette vocation. Mais l’ambition d’Aérocampus, et des partenaires du projet (la Région, la ville de Floirac, la Métropole et la Caisse des Dépôts), est de démultiplier ses applications… Applications au sens premier du terme puisqu’outre l’observation scientifique, le site, version « campus », deviendra un lieu de formation, un lieu de médiation scientifique auprès du grand public, et un lieu de développement économique autour des applications, cette fois numériques, nées de la convergence des matières grises entre acteurs de l’industrie du numérique et programmateurs et interprètes de la donnée spatiale. En effet, sur ce campus se croiseront start-up, PME et grands groupes de ces secteurs afin de développer ensemble les potentialités énormes de cette dernière sur les industries ou métiers « classiques ».

Une première au niveau européenA l’image de géants américains, comme Google, Facebook ou Amazone, l’idée à Floirac est bien d’être le berceau de leaders européens développant de nouveaux services à valeur ajoutée. D’autant que désormais, grâce aux programmes européens Copernicus (données de visualisation terrestre) ou Galileo (géolocalisation et navigation, concurrent du système américain GPS) la donnée spatiale, n’est plus l’apanage des États, mais est rendue accessible et gratuite au plus grand nombre. Un « matière numérique » déjà très importante (seules 5 % des données collectées sont pour l’heure exploitée…) et dont la source ne risque pas de tarir puisque « 1500 satellites sont en projet de lancement sur les 20 prochaines années », signale Jérôme Verschave. Sans oublier les convergences possibles de tout cela avec les données terrestres confondues dans le fameux Big Data… Au total, ce projet de campus autour de la donnée spatiale, de son traitement et de ces usages sera le premier du genre au niveau européen.
D’ailleurs, pour une plus grande visibilité et compétitivité au niveau européen et mondial, le site a été choisi par Aérospace Valley pour être un des 3 « lieux totem » de l’expertise spatiale, et de sa traduction en usage numérique, lui permettant de prétendre à la labellisation Booster. Cette labellisation d’ores et déjà obtenue auprès du COSPACE, a justement pour vocation de faciliter et d’accélérer l’essor d’une nouvelle économie sur les technologies numériques de rupture issues de la donnée spatiale.
Un projet Campus avec de grandes ambitions qui a donc déjà quelques atouts dans sa manche et auprès duquel, de nombreux acteurs économiques de la métropole se pressent déjà, au regard de l’afflux de la réunion de ce lundi.

Réunion de présentation du Data Space Campus à Floirac, avec Jérome Verschave, Directeur de l'Aérocampus, Agnès Paillard Présidente de l'Aérospace Valley, Jean-Jacques Puyobrau, Maire de Floirac, et Alain Rousset, Président de la Région ALPC


« Créer des synergies et chasser en meute » Parmi eux, Nicolas Leroy-Fleuriot, PDG de Cheops Technology, y projette la construction d’un 3e data center de sa société. De son côté, Régis Barbier, président fondateur du Groupe CARTEGIE, start-up spécialisée dans le data marketing et le data management se voit bien déménager de Bruges à Floirac, car « être sur ce site nous permettra de rajouter une information spatiale à nos propres applications, ce qui nous donnerait un véritable avantage concurrentiel dans les mois et les années à venir. » Quant à David Babin de DMIC, entreprise de services autour de la géolocalisation, « le campus permettra réellement de créer de la synergie avec tous les acteurs. Nous avons tout intérêt à travailler ensemble sur un lieu unique pour chasser en meute, et atteindre de nouveaux marchés ».
Quant aux grands groupes, « indispensables pour que le campus atteignent sa taille critique », glisse le directeur d’Aérocampus, l’intérêt est tout aussi perceptible. Nicolas Vincent pour Telespazio en témoigne : « Cette approche partenariale est très importante, ça permettra de faire la promotion de nouveaux services, de les rendre plus accessibles aux professionnels et opérateurs., et ainsi d’aller plus vite pour développer un marché qui est très attendu ».

« Anticiper sur des formations métiers qui n’existent pas encore » Outre cet aspect économique fort, le campus fera également la part belle aux formations afin notamment de permettre aux opérateurs finaux d’apprendre une nouvelle manière de faire leur métier grâce aux applications issues des données spatiales. « Il s’agit d’anticiper sur des formations métiers, qui n’existent pas encore », planifie Jérôme Verschave. C’est par exemple le cas, des géomètres, cite-t-il, qui verront sans doute leur métier bouleversé par l’arrivée de nouvelles applications. Les relevés sur le terrain risquent de se faire de plus en plus rares… Autre secteur impacté par ces nouvelles applications : l’agriculture dont Georges Jousserand, Directeur de l’EPLEFPA Bordeaux Gironde, témoigne de l’inclusion grandissante du numérique dans les pratiques pédagogiques en lien avec l’évolution des engins agricoles.
Pour Jérome Verschave, la volonté est également forte d’intégrer des écoles d’ingénieurs sur le campus, dans une idée d’émulation des compétences, « de bouillonnement permanent », selon l’expression d’Alain Rousset, au sein du campus.

Si des aménagements et constructions vont être faits sur le site, l'objectif est aussi de préserver le site de l'observatoire


Place au grand publicEnfin une troisième dimension de ce futur campus vise le grand public. « Il faut que ce site magnifique soit ouvert à tous ». Seront notamment prévues des animations autour de la médiation scientifique par le biais de la Ferme aux Étoiles, association incontournable dans ce domaine, qui a déjà en charge par exemple, le Festival d’astronomie de Fleurance, ou encore la médiation scientifique du Pic du Midi.
Si le démarrage du Campus est officiellement prévu pour septembre, certains acteurs pourraient bien y emménager en avant-première dès le mois de mai. Pour autant, un certain nombre de travaux de construction ou de réaménagements sont à prévoir, admet Jérôme Verschave. Il manque par exemple une grande salle de réception pouvant accueillir un colloque, il faut créer un lieu de restauration, ou encore remplacer le réseau internet actuel, exclusivement dédié à l’utilisation universitaire, par le réseau classique… « 6000 m2 sont déjà construits, et 6000 m2 sont constructibles, mais l’objectif est aussi de conserver ce très beau site du parc de l’observatoire », insiste-t-il. Si la valeur estimée pour le rachat du site par le Conseil régional est de 4,9 M€, le poids total de l’investissement pour ce Data Space Campus, est estimé à 26 M€, partagés entre acteurs publics et partenaires privés. Le tour de table est en cours.

ZOOM : la donnée numérique et l’agriculture Étaient notamment en démonstration ce lundi, un tracteur équipé d’un système de guidage optimisé, et d’un afficheur intuitif permettant une agriculture de précision. Un service innovant issu de travail collaboratif entre Telespazio et le constructeur de matériel agricole New Holland. Grâce à une cartographie vue du ciel, analysée et exploitée par Telespazio et complétée par des mesures terrains via un partenaire agronomique, l’image est traduite en carte de modulation d’épandage pour, par exemple, une fertilisation de précision. En d’autres termes, « la juste dose au bon endroit pour avoir des récoltes homogènes ».

Le tracteur intelligent, résultat d'un partenariat entre Telespazio et le constructeur New Hollande
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