Elevage laitier: La Fromagerie des Aldudes fonde ses espoirs sur l’actionnariat participatif


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 02/09/2015 PAR Solène MÉRIC

De l’idée sur le papier à l’inauguration de la laiterie, en passant par la recherche de financements et la construction de l’outil, il aura fallu un an et demi. Ajoutez six mois de plus pour la création et la mise la mise au point de produits innovants, tels que le fromage de brebis à pâte molle affinée, des pétales de fromages frais au miel ou encore du beurre au piment d’Espelette (voir notre vidéo réalisée lors du Salon de l’agriculture d’Aquitaine), pour compléter la production plus classique de lait, beurre ou de la traditionnelle tomme de brebis AOP Ossau-Iraty, vous obtenez un démarrage effectif de la structure, en un peu moins de deux ans.

Difficile étape de la commercialisation Pourtant, reconnaît André Iribarne, le Président de la coopérative, « au regard du projet initial, il est vrai ambitieux, nous avons aujourd’hui un an de retard sur ce qui était prévu ». La faute à la lente et difficile étape de la commercialisation notamment auprès des grandes enseignes. « Nous sommes petits et n’avons pas les forces commerciales des grands industriels », expliquent les producteurs. Pourtant si cela a pris plus longtemps que prévu, les produits 100 % Pays basque de la laiterie sont désormais référencés (sous les marques Etxaldia ou Aldarri selon les produits) dans un grand nombre de super et hypermarchés en Pays Basque, dans une trentaine sur l’ouest de la France, dans une trentaine dans le Sud, ainsi que chez plusieurs crémiers-affineurs du Sud-Ouest. Mais du travail reste encore à faire en la matière…

Affinage des fromages (brebis, vache et mixte) à pâte pressée de la Fromagerie des Aldudes

Pour autant le retard est là et même si une année, « ça n’est pas tant que ça, ça pèse tout de même en terme de trésorerie », explique le Président de la Coopérative. Pour tenter d’y faire face, les éleveurs, qui ne comptent pas leur temps en animation dans les supermarchés pour faire connaître leurs produits, ont déjà doublé leurs apports dans le capital social, et ont accepté un report de paye de lait de 4 mois pour « faire tampon » sur les finances de la fromagerie. Mais ces efforts importants ne sont pas suffisants pour assurer la pérennité de l’activité de la fromagerie.
« Pour devenir rentable, il faut que la structure se développe et transforme, a minima 50 % de la production du lait de nos éleveurs, c’est l’objectif fixé pour 2016, même si à terme, c’est bien l’écoulement de 100 % de notre production de lait que l’on vise. Pour l’heure, seuls 20 % de cette production est transformée par la structure, nous devons aller plus loin. Pour ça, il faut développer l’outil, notamment par le développement de la force commerciale ». Coût de l’investissement nécessaire : 1 million d’euros, que la coopérative a choisi de récolter en faisant appel à la solidarité via la plate-forme de crowdfunding Bulb in Town.

« Devenir actionnaire de la Fromagerie des Aldudes » Un appel au financement participatif, qui se déroule sous deux formes. La première démarrée au mois d’août selon le principe du « don pour don » est déjà, clairement, une réussite. Cette campagne d’appel au don, en échange de contreparties allant de l’adoption d’une brebis à un week-end gastronomique au Pays basque en passant par un panier de produits de la fromagerie, se clôture dans un peu plus de 20 jours et à déjà permis de récolter 107 000 € au 2 septembre (et le chiffre progresse chaque jour) sur un objectif initial de 100 000 €. « Une campagne record pour une entreprise », note Alexandre Laing, cofondateur de la plate-forme Bulb in town. Autant dire un succès de bon augure, espère-t-on du côté de la coopérative, à l’heure du lancement de la deuxième phase de cette campagne.

Lancement de l'opération d'investissement participatif via le crowdfunding, en présence d'André Iribarne, président de la CLPB, Alexandre Laing (Bulb in town) et la députée Frédérique Espagnac

Celle-ci, lancée ce 1er septembre, pour une durée de 2 mois sur Bulb in town, vise cette fois bien plus gros (1 M€), et passe par une autre forme de financement participatif : celui de « l’investissement participatif » dans la fromagerie. Autrement dit, la Coopérative Laitière du Pays Basque propose à tous, personne physique ou entreprise, de « devenir actionnaire de la Fromagerie des Aldudes ». « Un investissement qui peut bénéficier d’une déduction de 18 % sur les impôts sur le revenu, et de 50 % sur l’ISF, avec un rendement annuel de 7 % », précise Alexandre Laing lors de la réunion de présentation du projet organisée ce 1er septembre dans les Aldudes. La prise de participation démarre à 300 €, avec un investissement bloqué pendant 7 ans.
Pour André Iribarne, qui se félicite que ce mode de financement soit en phase avec l’esprit de la coopérative, un des premiers enjeux est de réussir à ce que cette campagne démarre fort. « Nous avons une réunion début septembre avec des financeurs, si l’on peut montrer que l’on arrive à mobiliser les gens, ça nous permettrait de donner un beau signal, de rassurer tout le monde et de lâcher un peu la pression… »

« Ca va cartonner ! »Pour Frédérique Espagnac, Sénatrice des Pyrénées-Atlantiques totalement convaincue de l’exemplarité de ce projet qui, en 2 ans, est passé de 7 à 27 salariés (dont 18 sur le site), rappelle que « cette fromagerie a fait le pari de contrôler la chaîne de production de bout en bout, en s’inscrivant dans des démarches d’innovation et de qualité. Le lait de vache et les produits qui en sont issus sont certifiés “Bleu blanc cœur”, et les fromages de brebis à pâte pressés bénéficient de l’AOC-AOP Ossau-Iraty », précise-t-elle, « avant d’insister sur l’aventure d’abord humaine, mais aussi économique et sociale et qui a un très fort potentiel pour ce territoire rural. Et avec cette nouvelle forme de financements, ils sont plus prêts encore du citoyen ».

quelques uns des produits issus de la large gamme de la fromagerie des Aldudes

Côté citoyen, justement, Pello Gurruchaga, présent lors de la réunion, réfléchit sérieusement à participer à la campagne d’investissement, même si la période de blocage de 7 ans de l’investissement le freine un peu. « Bien sûr, le but ici n’est pas de gagner de l’argent, mais si possible, quand même, de ne pas en perdre trop non plus… » Pour autant, selon lui, le succès de la première étape du crowdfunding n’est pas une surprise. Originaire de la vallée, il est conquis par le projet et a d’ailleurs lui-même déjà contribué à la campagne de « don pour don ». « C’est un projet totalement en phase avec les attentes des gens : il s’agit d’une production locale et de qualité, qui permet de maintenir de l’élevage dans la vallée et de créer de l’activité… ça ne peut que cartonner ! » s’enthousiasme-t-il.

Un enthousiasme que les 103 familles d’éleveurs directement concernées par la réussite du projet ne peuvent qu’espérer être communicatif.

Lire aussi sur Aqui ! : Innovation en milieu rural, la Fromagerie des Aldudes nourrit les hommes et le kintoa

 

 

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