Grande Région – Solange Ménival, vice présidente de la région Aquitaine: « La silver économie fait émerger de l’innovation »


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 24/02/2015 PAR Romain Béteille

@qui : Comment est véritablement née la « filière » de la silver économie en Aquitaine ?
Solange Ménival
: En novembre 2013, Michèle Delaunay (alors Ministre déléguée aux personnes âgées et à l’autonomie) et Arnaud Montebourg (ancien Ministre du redressement productif) ont lancé le fameux « contrat de filière ». La première région à ouvrir une filière « silver » a été la Basse Normandie en janvier 2014. Elle a été signée en Aquitaine le 17 février dernier. Notre objectif, c’était évidemment d’accompagner l’émergence de cette économie. La filière en elle même est proche de la santé et du bien-être, d’où ont découlé différents volets. D’abord, nous avons crée avec l’ADI (l’agence Aquitaine Developpement Innovation) le « cluster » TIC SANTE (regroupement d’entreprises), qui faisait le focus sur des services pour les personnages âgées. Au total, ce sont six filières qui ont vu le jour en Aquitaine, dans le but de faire émerger des innovations. On avait besoin de travailler par secteurs, afin de ne pas mélanger de thermal et l’habitat, la « silver économie » étant un secteur extrèmement vaste. 

@qui : Quels sont les pôles importants définis en Aquitaine ?
Solange Ménival : Le premier, c’est la santé et le médico-social, qui est un secteur vecteur d’innovations technologiques et industrielles (télésurveillance, rééducation cognitive, suivi et prévention des troubles de l’équilibre, vêtements chauffants… les acteurs aquitains ont proposé différentes pistes à explorer lors de l’inauguration de la filière régionale). Suivent l’autonomie et le mantien à domicile, qui élabore de nouveaux concepts et outils, l’habitat et l’urbanisme (construire les nouveaux logements avec des normes adaptées aux seniors, essentiellement), le transport et la mobilité adaptée qui passe aussi par le design, les loisirs et le tourime adaptés. Et enfin le bien-être. Tous ces acteurs industriels sont rassemblés et fédérés car ils sont demandeurs. Cela créée une fertilisation des idées et des innovations. De plus en plus d’associations sont en train de réorienter des masses vers le maintien à domicile. On considère que la silver économie pourrait créer à termes 300 000 emplois, notamment dans les secteurs industriels et les services à la personne. 

@qui : L’Aquitaine fait-elle partie des acteurs importants de la silver écononomie ?
Solange Ménival : L’Aquitaine fait en effet partie des 3 régions à avoir initié le mouvement de la silver économie, avec Midi-Pyrénées et Basse-Normandie. Nous avions évidemment un écosystème propice, nous étions capables de fédérer les industriels autour de cet enjeu de marché. Nous sommes l’une des régions les plus âgées de France (en effet, selon les chiffres de l’INSEE, l’âge moyen des habitants de la région s’élève à 42, 2 ans en 2014, soit 2 ans de plus que celui des Métropolitains. Près de 3 aquitains sur 10 ont 60 ans ou plus), l’enjeu économique dû au vieillissement est donc de premier plan. L’intérêt d’un tel développement monte en puissance et correspond à la fois à un intérêt démocratique, mais aussi à un intérêt politique évident. L’objectif de l’action régionale, c’est de développer des entreprises, d’augmenter leur part de marché et de leur assurer le succès à l’export. Silver Aquitaine est un des leaders français, capable de fournir des aménagements spécifiques qui intéressent d’autres puissances. 

@qui : Quels projets sont portés par la silver économie dans la région ?
Solange Ménival
: A l’automne dernier, la région a lancé un appel à manifestation d’intérêts. Au niveau du Sud-Gironde, nous avons monté un projet, en décembre dernier, dont les 3 objectifs principaux sont de professionnaliser les assistants de vie, notamment via la création de stages dans les établissements sanitaires, ce qui n’existe pas encore; équiper et adapter les domiciles, et former des entrepreneurs du bâtiment. Le schéma régional des formations sanitaires et social pour la période 2013-2018 fait aussi partie du volet « silver » (il représente 110 000 emplois en Aquitaine, soit 8,5% de la population active).

@qui : Quels sont les obstacles de cette filière ? La future grande région pourrait-elle les combler ?
Solange Ménival
: D’abord, on sait que le marché est là, mais il est long à mettre en place. L’offre n’est pas encore complètement conçue, tout est encore en phase de construction. Mais le fait que les puissances publiques interviennent, c’est sans doute la preuve de son efficacité. Petit à petit, nous nous rapprochons d’une grande diffusion, mais la France en général n’est pas en avance, et son objectif premier est de trouver les meilleurs produits. Enfin, il est encore nécessaire de solvabiliser la demande, car même si parfois l’offre suffit, le fait qu’on touche à plein de domaines vient compliquer les choses. Concernant la future grande région, nous avons des richesses à mettre en commun. Le projet économique de la grande région sera d’abord un projet sociétal et porteur d’emplois. La silver économie va toucher tellement de secteurs dans les années à venir qu’il faudra les repenser avec intelligence. L’Aquitaine est porteuse d’innovations, mais elle n’est pas la seule. Un futur grand travail collectif aura certainement tout son intérêt.

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