Le Palais dans le giron d’un groupe hôtelier international ?


F. D.
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 13/01/2015 PAR Felix Dufour

Quand, aux environs du 10 février, Jean-Louis Leimbacher ira inspecter pour la dernière fois les lieux pour voir si tout est nickel avant de boucler sa valise, le célébrissime hôtel du Palais tournera une de ses pages les plus célébres: celle de la notoriété acquise grâce à un Alsacien de la grande époque de l’hôtellerie, Jean-Louis Leimbacher. Qui, il y a plus de 50 ans y fit ses premieres armes comme stagiaire à la reception, avant d’acquérir quelque expérience hors du Pays Basque et d’y revenir et d’en tenir – fermement – les rênes comme directeur. Sans jamais oublier d’où il venait. Inspectant lui même la propreté de la glace des toilettes ou interpellant un maître d’hôtel un peu oisif après un match du Biarritz Olympique, oubliant l’appel d’un client. « N’oubliez pas de penser à ce qu’il laisse chez nous. Il ne doit manquer de rien », rappelait-il Vous voulez que je fasse le service à votre place?. L’Alsacien qui a reconstruit ses racines au Pays basque aura eu la fierté de transformer dans un long bail, depuis le mois de mai 2011 le cinq étoiles en palace. Sur 14 dossiers déposés pour l’obtention de cette appellation officielle par arrêté en novembre 2010 , sur 11 retenus, 8 ont obtenu ce label dont l’Hôtel du Palais. De quoi ravir l’impératrice Eugénie dont ce fut la demeure qu’elle partagea avec l’empereur Napoléon III.   » Son fonctionnement est bien rodé avec 250 à 300 employés, suivant la saison, pour 150 chambres. Le restaurant gastronomique Villa Eugénie a acquis ses lettres de noblesse en obtenant une étoile au guide Michelin. Le spa haut de gamme de 3 000 m2, a également été nommé en 2008 « Meilleur Spa Europe & Méditerranée ». « L’investissement en rénovation et maintenance est un autre paramètre important », soulignait il n’y a guère  Jean-Louis Leimbacher qui rappelait aussi que les travaux avaient été réalisés en autofinancement et que l’hôtel faisait partie des derniers établissements de luxe qui avaient conservé leur indépendance. Apparament il en irait donc différement. Raison de cette exploration, le chiffre d’affaire (20 millions d’euros) aurait tendance à stagner. Trouver pour 14-15 ans (renouvelables?) un groupe international qui le boosterait grâce à une politique commerciale planétaire serait l’idéal, sans pour autant larguer ce bijou de famille.

Dans le luxe, la concurrence est de plus en plus rudeMalgré une conjoncture difficile l’hôtellerie de luxe a tiré ses marrons du feu mais se remet en permanence en question. La rénovation -à grand frais- du Régina, ex groupe Accor entré dans le giron de Naos Groupe, malgré tout à travers la franchise M Gallery cousin du Numéro Un français de l’hôtellerie. Mais aussi, de l’autre côté de la frontière, le Maria Cristina de Saint-Sébastien qui a été lui aussi  entièrement rénové.

inauguration salon imperialJean-Louis Leimbacher (ici au centre cravate rouge en compagnie de Michel Veunac, le maire et son prédecesseur, Didier Borotra, ancien président de la Socomix lors de la rénovation du Salon impérial) aura largement donné de sa personne pour aller chercher la clientèle, du Moyen-Orient à la Russie. Faisant un bras de fer avec Bart Van Cauwelaert, ancien directeur du Sofitel Miramar parti depuis la rentrée à Quiberon qui aura réussi à capter -evidemment- la clientèle belge, mais aussi celle de l’Europe de l’Est. Avec quelques extras non négligeables d’émirs du koweit venus en cure de thalasso en toute simplicité: par avion privé, et accompagnés d’une vingtaine de personnes parmi la suite.
Mais aujourd’hui, le luxe s’appuie sur les reseaux spécialisé de groupes internationaux qui ont déployé le luxe sur toute la planète.  Qui dispatchent leur clientèle selon ses goûts, le dépaysement, la table -de préférence exceptionelle. Ainsi le Régina a-t-il fait appel à Georges Blanc, le célèbre chef de Vonnas pour établir sa carte de restaurant- , l’accès et le service. Le Conseil d’administration de la Socomix, comme l’a rappelé le maire Michel Veunac de manière très emberlificotée à France 3, « se dirige vers ce genre d’option….. » Qui conduira, on le saura de manière officielle en octobre prochain, vers un groupe international. 20 millions de chiffres d’affaire annuel, au coeur d’une station de notoriété mondiale, la mariée est séduisante avec plus de 200 employés que la mairie souhaite conserver et ajouter dans la corbeille, tout en en  conservant les murs…

Dix groupes en lice sur la feuille de routeLe challenge est malgé tout ambitieux. Quel grand groupe, cela va de soit, acceptera de faire l’impasse sur des murs si remarquablement exposés avec vue sur mer imprenable? Là est la question. Ils sont, au bas mot, une dizaine parmi lesquels Waldorf Astoria Collection, dont l’origine est le célèbre hôtel gratte-ciel art-déco de 47 étages, new yorkais créé en 1931  et qui appartient au groupe Hilton; Four Seasons, qui possède ses plus beaux hôtels à Baltimore, en Uruguay, à Bora Bora, à l’Île Maurice, voire à l’île de Mahé dans l’archipel des Seychelles; Park Hyatt, avec pignon sur rue à Paris place Vendome, Zurich, Genève, baie d’Oman, Dubaï, Abu Dhabi; le groupe Mandarin Oriental,  qui est installé certes de Londres à Barcelone en passant Paris et Zurich, mais surtout a plusieurs établissements dans la péninsule chinoise, Macao, Bankok, Hong Kong jusque Singapour, sans oublier New York et Las Vegas  et enfin le groupe allemande Oetker qui, lui aussi possède quelques bijoux: le Bristol à Paris, l’Eden-Park de Saint Bath, et celui de Cap d’Antibes; mais aussi un hôtel dans l’île protégée de la Fregate aux Seychelles.. Bref, ce ne sont pas des touristes qui lorgnent sur la belle résidence de l’empereur Napoléon III et d’Eugénie de Montijo.

La municipalité de Biarritz a décidé de prendre son temps comme elle l’a exprimé donc hier en reconnaissant que le palace était arrivé à la croisée des chemins. Le choix sera déterminant. Tant et si bien, qu’afin de ne pas précipiter le tempo de l’opération, il y a de fortes chances qu’elle nomme un directeur provisoire à la place de Jean-Louis Leimbacher pour traverser la saison. Il – ou elle – car la directrice d’un palace parisien était sur les rangs il y a quelques mois encore- aura tout le loisir de mesurer l’importance de ce navire de luxe… qu’il ne faudrait en aucun cas faire échouer. On l’aura compris, malgré ses dimensions, le Palais n’a pas pour vocation de devenir le Titanic.

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