« Depuis une quinzaine d’années, le Conseil régional a fait de l’innovation le fer de lance de son action en consacrant près de 10% du budget à la R&D. Dynamisée par les pôles de compétitivité et les clusters qui maillent le territoire, l’économie aquitaine s’est à la fois renforcée et diversifiée. Elle compte de nombreuses entreprises en plein essor dans l’aéronautique, le laser, la santé, le numérique, l’agroalimentaire. En octobre, j’ai inauguré trois usines neuves. Aujourd’hui, l’Aquitaine est dans les écrans radars », a mis en avant Alain Rousset, le président de la Région Aquitaine. De nouvelles filières se sont structurées, à l’image du laser-optique qui a créé 1 500 emplois directs de haut niveau et 10 000 au total, avec les emplois indirects. Quant aux secteurs réputés traditionnels, ils sont devenus parmi les plus innovants, comme le bois et son pôle de compétitivité, Xylofutur. Résultat, aujourd’hui, c’est la première région pour l’évolution de la création d’entreprises (+4,6%). Ce n’est pas un hasard si de grands groupes comme Thales investissent aujourd’hui 200 millions d’euros dans un campus industriel à Mérignac. Mais, il y a encore des choses à améliorer. A cet égard, la Région a interrogé les entrepreneurs ces dernières semaines sur les points forts et faibles de l’Aquitaine. Ce Conseil supérieur de l’attractivité, organisé avec l’agence Aquitaine Développement Innovation (ADI) qui a pour mission de mettre en œuvre la politique d’attractivité sur les filières stratégiques, en partenariat avec l’Agence Française pour les Investissements Internationaux (AFII), a vocation à dresser un plan d’actions avec les industriels.
Contrairement aux préjugés, la France attire les investisseurs étrangersPour l’occasion, Caroline Le Boucher, directrice générale adjointe de l’AFII, a fait le déplacement et est venue présenter les enjeux de l’attractivité pour la compétitivité de la France. Elle a expliqué le décalage entre le faible intérêt supposé des investisseurs étrangers aujourd’hui pour la France, véhiculée par les médias, et la réalité. « La France est vue comme un hub pour toucher les marchés en Europe et le Maghreb. Les investisseurs étrangers sont attirés par notre pays pour la qualité du capital humain, bien formé, l’efficience du mix énergétique, et notre capacité d’innovation, de R&D », a-t-elle expliqué. « L’Aquitaine est mon premier déplacement en régions depuis ma nomination », a-t-elle déclaré, symboliquement. Aujourd’hui, les chiffres confirment ses propos. « Les investissements étrangers en France représentent 2 millions de salariés, 20 000 entreprises, un tiers des exportations et 28% des dépenses de R&D, a souligné Caroline Le Boucher. Le préfet d’Aquitaine, Michel Delpuech a ensuite évoqué un nouvel outil pour faciliter l’accueil d’investissements étrangers : le certificat de projet. « La Région Aquitaine est pilote pour l’expérimenter. Il s’agit de cristalliser le droit de l’environnement pendant 18 mois, avec, possibilité de prolongation de six mois, afin de donner une meilleure visibilité aux investisseurs étrangers », a-t-il expliqué, en évoquant également le développement du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) qui représente déjà 400 millions d’euros en Aquitaine. Les enjeux sont importants. « Les investissements étrangers emploient 52% de leurs effectifs dans des entreprises de plus de 250 salariés. Et, deux tiers des emplois sont dans l’industrie », a rappelé Agnès Champalaune, responsable Attractivité à l’Agence ADI dans son diagnostic. Actuellement, ils représentent 31 000 emplois dans 330 entreprises (hors négociants, châteaux, artisans). Anne-Cécile Petit, chef du service export à la Région Aquitaine a présenté dans un document remis à tous quelques pistes d’actions : promotion d’une Aquitaine industrielle et technologique dans les salons internationaux, faciliter le recrutement et la mobilité à travers les campus métiers et aider le conjoint à trouver un emploi, organiser l’accueil de délégations étrangères et renforcer l’accueil des talents étrangers via la coopération Universités et entreprises.
Les préconisations d’une quinzaine d’industriels pour rendre l’Aquitaine plus attractiveUne quinzaine d’industriels ont ensuite pris la parole et livré leurs préconisations et témoignages. Bernard Martin, PDG de Toray France, un géant japonais (15,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans le monde), a souligné combien « la confiance était importante pour les Japonais. Nous savions qu’à Lacq, il y avait une main d’oeuvre de qualité et que notre usine à proximité fonctionnait bien ». Même chose, pour Martine Cazenave, directrice de Novasep, implanté sur le bassin industriel de Lacq, qui va créer une nouvelle unité de fabrication d’un principe actif pour l’industrie pharmaceutique, un projet de 33 millions d’euros subventionné à hauteur de 800 000 euros par la Région Aquitaine. Ce qui fait la qualité de la main d’œuvre, c’est évidemment aussi la qualité des pôles de formation, la Région vient de créer un pôle d’excellence des métiers du cuir en Dordogne, avec plusieurs industriels, Hermès, Repetto et CWD, leader mondial de la sellerie de sport. Son dirigeant, Laurent Duray a rappelé que ces outils sont précieux pour rester produire en Dordogne. Mais, « il n’est pas facile d’attirer des cadres de haut niveau », a-t-il regretté. Un constat partagé par Bertrand Dupont, responsable de l’ingénierie industrielle, à KSB, leader sur les marchés français et européen des pompes centrifuges, également en Dordogne. Ce qui ne l’a pas empêché d’investir 12 millions d’euros dans un projet d’unité de production à La Roche Chalais avec à clé une quarantaine d’emplois. Dans l’aéronautique, dans la maintenance civile, un campus de formation unique en Europe, a été créé ces dernières années, Aérocampus Aquitaine, sous l’impulsion de la Région Aquitaine. « Le concept s’exporte aujourd’hui en Auvergne et nous avons signé un contrat aussi à Dubaï », a expliqué son président, Denis Guignot. Confronté à la difficulté d’attirer les jeunes vers l’industrie, dans le Béarn, « le groupe Ventana, sous traitant de rang 1 dans l’aéronautique, a décidé de créer un serious game sur les métiers de la fonderie avec l’aide de la Région » a indiqué Gérard Russo, son co-président. Pour les start-up aussi, l’Aquitaine est de plus en plus attractive. Ainsi, « nous avons choisi de nous implanter, car en Ile-de-France, nous étions dans l’anonymat et nous avions un fort turnover de nos équipes », a expliqué Aymeric Préveral-Etcheverry, directeur général et co-fondateur d’Idmog, une start-up créée en en 2012 au sein de l’incubateur Télécom Paris Tech, spécialisée dans l’édition et la commercialisation de solutions logicielles innovantes pour les compagnies pétrolières et gazières du monde entier. Le cadre de vie de l’Aquitaine est un avantage indéniable pour le tourisme, un secteur majeur dans notre économie. C’est pourquoi, la société Huttopia, numéro un français des campings 3 étoiles dans des cadres naturels de rêve, dans le respect de l’environnement, se développe actuellement dans la région et porte deux, un au Teich, sur le bassin d’Arcachon et un autre dans les Landes.
De son côté, Marc Prikazsky, président du club des ETI d’Aquitaine, et PDG de Ceva santé animale, a insisté sur la nécessité d’avoir kit de communication pour promouvoir l’Aquitaine à l’étranger. Laurence Jacquot, directrice industrielle de Lectra et Christophe Poulain, directeur commercial de Worldcast systemes, quant à eux, ont fait part de la nécessité de développer les écoles internationales dans la région pour faciliter la mobilité de talents étrangers. Les échanges ont été riches et toutes ces réflexions devraient assez rapidement déboucher sur des plans d’action.