« Avec près de 600 000 habitants, le Béarn et la Bigorre ont une histoire et un avenir communs. Ils constituent un ensemble cohérent », affirment Patrick de Stampa et François-Xavier Brunet, les présidents des CCI de Pau et de Tarbes. Voici un an, ces deux organismes ont signé une convention de coopération destinée à faciliter le développement économique de leur territoire. Dans le même temps, des liens ont été noués avec l’importante région espagnole que constitue l’Aragon.
« Les partages territoriaux sont parfois des non-sens »Du côté français des Pyrénées, cette démarche volontariste refuse de tenir compte des découpages administratifs. « Les partages territoriaux peuvent parfois être des non-sens » constate en effet Patrick de Stampa. « On ne peut pas accepter que l’on ne tienne pas compte des besoins des entreprises. Quand comprendra-t-on en France que l’on doit créer des dynamiques territoriales qui créent de l’emploi , et non des baronnies ? Nous souhaitons que le législateur mette en place des principes de coopération entre territoires qui ne se contentent pas d’un partage administratif. »
François-Xavier Brunet, son homologue tarbais, abonde dans le même sens, et annonce clairement la couleur. « Nous nous inscrivons au début du débat parlementaire sur l’organisation territoriale. La CCI de Tarbes a adopté une motion demandant la création d’une grande région sud-ouest. Celle-ci rassemblerait l’Aquitaine, le Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon, ou, à défaut, l’Aquitaine et le Midi-Pyrénées. » Toujours à défaut, une dernière hypothèse consisterait à voir le département des Hautes-Pyrénées rejoindre la région Aquitaine, pour fonder les pays de l’Adour. « Cet ensemble économique et politique jouerait un rôle d’équilibre par rapport aux métropoles que constituent Bordeaux et Toulouse. »
« Nous avons le devoir de regarder vers Huesca et Saragosse »Alors que les chambres de commerce réparties au pied du massif réfléchissent à l’idée d’une marque « Pyrénées », les liens avec l’Espagne sont également recherchés. « Comme nos amis basques regardent vers San Sebastian et Bilbao, nous avons le devoir de regarder vers Huesca et Saragosse » dit François-Xavier Brunet.
Cette volonté de collaboration a été illustrée lors du Forum Béarn-Bigorre par la présence d’une importante délégation aragonaise. Une région avec laquelle une convention a été signée en février dernier afin d’amener les entreprises françaises et espagnoles à partager leurs savoir-faire, leurs compétences, et conquérir de nouveaux marchés.
La démarche est qualifiée d’historique par Ana Alós López, la maire de Huesca, ville jumelée avec Tarbes. Ce qui n’empêche pas les CCI béarnaise et bigourdane de stigmatiser la situation ubuesque dans laquelle se retrouve le tunnel du Somport, fermé jusqu’au 20 juillet à la suite d’éboulements survenus le long de la RN 134. Un axe européen important pour lequel l’Etat français n’a pas respecté ses engagements, tempête Patrick de Stampa. « Car, en 1992, il prévoyait sa sécurisation ».
Du lobbying auprès de l’EuropeLes deux chambres de commerce, qui se sont dotées d’un observatoire économique Béarn-Bigorre, préparent aujourd’hui plusieurs actions. En Octobre, elles tiendront un stand commun sur un salon de l’innovation et des entreprises organisé à Huesca. Les investissements réalisés de part et d’autre de la frontière espagnole seront également étudiés. Une action de lobbying sera enfin menée auprès des instances européennes pour souligner la pertinence du territoire défini par les trois partenaires. « Nous sommes passés des intentions à l’action » annonce Patrick de Stampa.