Economie | Le port de Bordeaux exploite une nouvelle filière
10/12/2012 | Plus habituée à la maintenance ou à la construction la cale sèche du port de Bordeaux – Bassens accueille, depuis mi-juillet, un chantier de démantèlement.

Triste destin que celui du « Matterhorn ». Pourtant, même en plein désossement, on devine encore l’impressionnante carrure du cargo. 115 mètres de long, 18 de large et 3 500 tonnes qui seront, au 17 décembre, de l’histoire ancienne. Une histoire qui s’est cependant éternisée puisque le navire frigorifique, pris en flagrant délit de pollution maritime en 2009 et abandonné au port de Brest pendant 3 ans, n’a rejoint Bordeaux que cet été. A la base de ce transfert, la société Bartin Recycling Group, filiale de Veolia Propreté, qui compte exporter la ferraille pour un projet de recyclage.
Sous-utilisée ces dernières années en raison des peu nombreuses opérations de maintenance et de construction, l’immense cale du Grand Port Maritime de Bordeaux (GPMB) pourrait bien se trouver une nouvelle jeunesse. En effet, comme le préconisait le rapport parlementaire de Pierre Cardo, publié en 2010, les 250 mètres de la cale, les équipements du port bordelais, sa qualité environnementale et son implantation dans le tissu économique de la région en feraient un des sites les plus aptes à une spécialisation dans le démantèlement. Avis partagé par Jean-Pierre Turon, maire de Bassens, pour qui « Créer une véritable filière de démantèlement serait un levier économique et fournirait une activité complémentaire à notre port ».
« Plus considérés comme des déchets »
Mais tandis que le chantier du Matterhorn est l’un des plus importants jamais effectué au port girondin, le soutien de Veolia s’avère précieux. Financièrement équilibrée et déjà testée sur de précédents chantiers, la collaboration va ainsi permettre à l’entreprise, contre location du site, de revendre la ferraille avant de l’envoyer dans les fours d’une aciérie espagnole. « Participer sur le long terme à développer une filière et faire en sorte que les navires ne soient plus considérés comme des déchets et que les matériaux puissent être réutilisés est pour nous un dossier prioritaire » explique ainsi Bernard Harambillet, directeur de Veolia. Selon Christophe Masson, directeur du port de Bordeaux, des travaux restent cependant à réaliser pour en améliorer les performances, notamment en matières de traitement des ferrailles et de capacité de stockage. L’enjeu est de taille puisque de futures opérations de démantèlement sont déjà prévues.
Par Aymeric Bourlot
Crédit Photo : J[^_^]V Jonathan J[-_-]V