Les Anglais de Dordogne inquiets des conséquences du « Brexit »


aqui.fr
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 27/06/2016 PAR Claude-Hélène Yvard

Oliver Meers, britannique de 21 ans, arrivé à Nantheuil dans l’ouest de la  Dordogne avec ses parents à l’automne 2002, ne décolère pas depuis jeudi. « Avec ce vote, le processus de sortie du Royaume Uni est enclenché. Cela me parait inévitable et de la pure folie. J’ai pu voter jeudi avec mes parents, nous nous sommes  bien sûr exprimés pour le « remain ». Ce vote, c’est l’expression d’une contestation contre notre gouvernement, c’est l’expression de la peur de l’autre, de l’étranger, d’un repli sur soi. Les jeunes n’ont pas voté ou peu. Il aurait fallu leur expliquer ce qu’est l’Europe, ce qu’elle apporte et désormais, ce sont ceux de ma génération et les suivantes qui vont pâtir d’une telle décision. J’ai fait presque toute ma scolarité en France, je suis étudiant à Limoges, je suis tellement déçu que je suis en train de réfléchir à opter pour la nationalité française. » Sa mère Wendy partage le même sentiment : C’est une catastrophe pour notre pays. Avec mon mari, nous avons deux micro entreprises. Je suis moins inquiète pour notre situation personnelle que pour celle du Royaume uni. C’est un formidable recul en arrière. Mon mari travaille beaucoup avec une clientèle anglaise, il va sans doute avoir quelques mois plus difficiles. Nous espérons que certains accords commerciaux et en matière de protection sociale vont être conservés entre la France et le Royaume Uni.  Mon mari a la possibilité de prendre la nationalité irlandaise, pour rester Européen, c’est sans doute ce qu’il fera. »

Une communauté sous le chocDepuis le résultat du vote du jeudi, la communauté britannique estimée à 8000 membres est sous le choc. Pour beaucoup, c’est une réelle surprise. La plus grande inquiétude concerne les retraités anglais inquiets pour leurs droits à la sécurité sociale et dont le pouvoir d’achat sera inévitablement affecté, car ils perçoivent leur pension en livre sterling, qui enregistre depuis quelques jours une chute de son cours. Ceux qui ont choisi la France depuis plusieurs  décennies sont surpris. « je vis près à Montignac depuis près de 40 ans, j’étais exploitant agricole. Ayant fait l’essentiel de ma carrière professionnelle ici, je n’ai pas à être inquiet pour ma situation personnelle. Mais pour le Royaume Uni, ce « brexit » est dommageable, notamment sur le secteur agricole. C’est le pays qui actuellement, perçoit le plus d’aides agricoles de l’Union européenne avec la PAC. Je ne sais comment les exploitants britanniques vont compenser cette perte de subventions qui atteint des millions d’euros, » analyse Gray Horne, retraité à Montignac.
Depuis vendredi matin, le téléphone de Roger Haigh, le délégué de la chambre de commerce franco britannique n’arrête pas de sonner, pour avant tout rassurer ses compatriotes.  » C’est un vrai choc et une vraie surprise. Personne ne s’y attendait vraiment. Il y a de vrais interrogations. Mais je pense que dans l’immédiat, il faut donner du temps au temps. Il est difficile de savoir ce qui va se passer dans les prochaines semaines. Le processus de sortie de l’Union européenne va prendre du temps. On ne sait pas encore quel premier ministre va prendre la responsabilité d’appliquer l’article 50, c’est lui qui va désormais régir le divorce du Royaume-Uni avec l’Union européenne. Ce ne sera pas Cameron, et son successeur n’est pas nommé. Localement nous avons un énorme travail à faire pour voir les répercussions sur l’écononomie de la Dordogne. Face à cette situation assez floue, il faut laisser un peu la place au flegme britannique », indique Roger Haigh.

Mauvaise nouvelle pour l’économie localeComme l’indique Germinal Peiro, dans un communiqué, « Cette sortie prochaine de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne constitue également une mauvaise nouvelle pour l’activité économique de la Dordogne, en particulier dans les domaines du commerce et de l’immobilier. » La Dordogne est très liée à l’Angleterre: de nombreux secteurs pourraient être touchés. Et cela pour une raison simple, c’est que la livre sterling a déjà commencé à perdre de sa valeur face à l’euro. Ce qui rendra par exemple les voyages en Périgord beaucoup plus chers pour les Anglais. Les Anglais qui sont l’une des toutes premières clientèles touristiques étrangères en Dordogne, notamment dans les hôtels. L’aéroport de Bergerac fait plus de 80% de son trafic passager avec le Royaume Uni. On estime qu »un millier de petites entreprises dont 536 dans le secteur de l’artisanat ont à la tête des gérants de nationalité britannique. Ces TPE représentent une vraie économie et les questions sont déjà nombreuses : devront ils avoir  à terme un titre de séjour pour travailler ? Le Comité départemental du tourisme, la CCI et la chambre de commerce franco britannique ont donc décidé la création d’une cellule  qui sera opérationnelle pour étudier au plus vite les conséquences du Brexit sur notre économie. Des réunions auront lieu dès la semaine prochaine pour informer les britanniques.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Dordogne
À lire ! ÉCONOMIE > Nos derniers articles