Les céréaliers dans une situation inquiétante


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 03/08/2016 PAR Julie Ducourau

En 2015, les récoltes de blé ainsi que leur prix avaient été particulièrement attractifs. Au point que certains céréaliers picto-charentais ont été tentés de basculer une partie de leurs terres du maïs vers le blé. Mal leur en a pris. Les fortes pluies de l’hiver, le manque de soleil combinés au gel entre fin avril et début mai font qu’aujourd’hui, les baisses de rendement inquiètent par endroit. Si dans l’ancienne Aquitaine, seuls les départements de Dordogne et Lot-et-Garonne produisent pas mal de blé face au géant maïs, l’ex-Poitou-Charentes est un habitué de cette céréale. Au total, en nouvelle Aquitaine, 527.000 hectares de blé tendre (3 à 3,5 M tonnes) et 40.000 de blé dur sont cultivés, en plus des 525.000 ha de maïs et 125.000 d’orge. C’est la deuxième région productrice de céréales en France avec 9,5 millions de tonnes, et la quatrième région européenne en terme surface consacrée aux céréales.
En Dordogne et Lot-et-Garonne, comme sur la côte Charentaise où il a moins gelé, on est déjà à -10 % en blé tendre et -20/25 % en blé dur, avec des disparités selon les endroits. « Quand on remonte vers le nord de la région, en Vienne et à la limite du bassin parisien où il y a eu beaucoup plus d’eau, on est déjà sur des baisses de rendement de 20 à 30 % en blé tendre, et 30 à 40 % en blé dur », explique Luc Servant. Au niveau national, les résultats de la moisson de blé, céréale la plus cultivée en France (37M T), annoncent une production à son plus bas niveau depuis au moins 13 ans.
Bonnes récoltes ailleurs en EuropeA cela s’ajoutent des baisses de prix : de 380 € la tonne, le blé dur est aujourd’hui à 220-230 €, et le blé tendre est passé de 180 à 160€ : « les récoltes s’annoncent excellentes en Allemagne et dans le nord de l’Europe, et bonnes autour de la mer Noire, des concurrents directs pour nous, ils vont être très présents sur les marchés », explique le responsable agricole alors que la moitié de la production régionale est généralement exportée, ce qui va engendrer aussi des pertes d’exploitation pour les ports de La Rochelle, Bordeaux et Bayonne.
Baisse de rendement multiplié par baisse des prix = de gros dégâts pour les céréaliers souvent déjà en mauvaise santé économique, et qui souffrent aussi de retard de trésorerie dû en partie aux aides de la Pac 2015 qui n’ont toujours pas été soldées, selon M. Servant.
Le plan d’urgence du gouvernement qui va dans le bon sens, ne rassure toutefois pas la profession, car vu les pertes de chiffres d’affaires à l’hectare, il y aura de gros déficits et des gens dans le rouge.
« Il faut suivre les exploitations, faire le point avec les coopératives, voir la situation économique après les récoltes de l’automne et bien sûr accompagner les exploitations pour refinancer la campagne à venir » malgré les déficits et les dettes, souligne le vice-président de la Chambre d’agriculture.
En attendant, il faut aussi s’occuper des céréales d’été. Si le maïs irrigué paraît bien, le maïs sec et les tournesols semblent, eux, souffrir du manque d’eau actuel….

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