Les experts-comptables d’Aquitaine lancent le Think tank SOFOS


Hémisphère Sud
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 05/05/2020 PAR Lucile Bonnin

@qui! : L’institut Sofos est un « think tank » créé par l’Ordre des experts-comptables d’Aquitaine. Pouvez-vous nous en dire plus à propos de ce nouveau regroupement ?

Alexandre Salas-Gordo : Ce think tank est en fait un fonds de dotation qui a été pensé par l’Ordre des experts comptables d’Aquitaine et lancé officiellement le 30 avril 2020. C’est un projet que nous avions depuis le début de l’année et que nous souhaitions annoncer lors de notre assemblée générale du 7 juillet, or nous avons anticipé ce lancement officiel. Ce think tank a vocation à faire des études sur le plan économique, de manière à contribuer au débat public. Nous avions sélectionné trois études courant 2020 et finalement les auteurs de ces études ont adapté en fonction de l’actualité une première étude dans l’immédiat. Cette première étude s’intitule : « les propositions pour relancer l’économie française ». Ce think tank est composé d’un conseil d’administration, d’élus experts comptables et d’un comité scientifique dont le directeur est Christian Prat Dit Hauret. La particularité de ce rassemblement réside dans le fait qu’on y trouve des universitaires pour l’aspect théorique des études et des professionnels pour le côté terrain.

@! : Quelle est l’utilité actuellement de ce regroupement d’experts ? 

A.S.G : Le comité scientifique s’est réuni, a travaillé, et a produit une première étude composée de dix chapitres. Ces notes sont publiques et sont accessibles sur le site internet de Sofos. Le contexte actuel c’est la crise économique. D’après les statistiques de l’INSEE, la France est entrée en récession et a perdu beaucoup de son PIB. Cela représente environ 75 milliards d’euros par mois de chiffre d’affaires perdu car les entreprises sont à l’arrêt. Le gouvernement pour les sauver les a placées sous un dispositif d’urgence avec des reports d’échéances, des fonds de solidarité, l’activité partielle et les prêts garantis par l’Etat. Les experts comptables depuis le début de cette crise s’occupent de conseiller leurs clients pour souscrire et obtenir les aides disponibles. C’est une urgence de court terme, de la réanimation. Le think tank lui, a pour objet de faire des propositions sur le long terme pour redresser et relancer cette économie. Le sujet pour le moment est de ne pas mourir mais il faudra également savoir guérir.

@ : Avez-vous des exemples de propositions pour relancer l’économie française ?

A.S.G : Les propositions qu’apportent le think tank n’ont de sens que dans un ensemble. On ne peut pas les envisager de manière isolée. Un équilibre global a été pensé. Il y a des propositions qui sont macro-économiques (touchent aux grandes mesures nationales) et d’autres micro-économiques (portent sur les entreprises). Par exemple, la philosophie est de dire que l’un des maux des entreprises françaises c’est d’être sous capitalisées et surendettées. Leur financement est donc assuré par de l’emprunt et des dettes plutôt que par des fonds propres. Or, avec les prêts garantis par l’Etat, cela va s’aggraver. Donc, par exemple, la proposition numéro 10 de notre première étude conseille de restaurer le crédit d’impôt pour l’augmentation du capital dans les TPE/PME par les personnes physiques. Cette disposition existe toujours mais a été considérablement assortie de conditions quasiment inapplicables. Une autre proposition : maintenir le chômage partiel pour les secteurs les plus touchés après la crise. L’activité partielle pour l’instant a été pensée uniquement jusqu’au mois de mai sauf que le redémarrage ne va pas se faire au même niveau ou au même rythme pour tout le monde. Nous proposons aussi de favoriser la relance budgétaire par secteurs stratégiques. On a pu voir au cours de la crise que la France manque de médicaments par exemple et reste dépendante à la Chine. Il s’agit donc d’inciter à nouveau les français a réallouer leur épargne placée dans des Livrets A ou des fonds de placements, vers des fonds productifs d’entreprises par secteurs stratégiques. On propose donc à la fois des mesures macroéconomiques et des mesures qui concernent plutôt le cas local.

@! : En tant que professionnel et président de l’Ordre des experts-comptables, quel regard portez vous sur les conditions de travail des experts comptables en ce moment ?

A.S.G : En tant que professionnel et représentant, je peux voir tous les retours des professionnels en ce moment. On déplore deux choses : nous avons du nous adapter à une avalanche de textes et de nouveaux dispositifs d’une complexité rare avec une instabilité énorme et tout cela pour allouer des montants qui seront certainement insuffisants. Beaucoup d’efforts pour un effet qui est limité et qui ne résoudra pas la situation des entreprises. De plus, nous avons aussi dû nous mettre en télétravail et donc une grande partie de la profession est excédée par les lois et leurs rédactions. Nous sommes en fait aussi le reflet des dirigeants d’entreprises parce qu’ils voient qu’il y a des gros budgets qui peuvent être attribués mais le chemin est long et laborieux vers la mise en œuvre. Nous regrettons le manque de confiance dans ces démarches administratives par peur de la fraude. Le ressenti des professionnels est très mitigé.

@! : Selon vous, comment va t-on pouvoir relancer l’économie ? De nouvelles pratiques vont-elles émerger, notamment dans la pratique professionnelle des experts-comptables ?

A.S.G : Tout à fait et c’est d’ailleurs l’objet de la première étude de l’Institut Sofos. La première porte sur la relance post-covid de l’économie et la deuxième porte sur le choix de nouvelles pratiques de management au sein des TPE/PME. Nous prônons pour une évolution de nouveaux modèles économiques et de nouveaux comportements. C’est ce que nous tenons de la crise : si on ne change pas de paradigme, les entreprises avec leurs états actuels, ne vont pas pouvoir rembourser de nouveaux emprunts qui représentent un quart de leurs chiffres d’affaires annuel. Nous prônons avant tout la recherche de capitaux propres, c’est à dire de l’argent qui reste durablement. Les ressources qui ont permis actuellement de sauver des entreprises ne sont pas en mesure d’être remboursées. Beaucoup d’entreprises ne pourront pas assumer l’échéance des dettes auxquelles elles ont souscrit. C’est tout un modèle économique qui est à revoir. 


Site internet du think tank des Experts-Comptables : institutsofos.fr

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