Les start-up régionales à l’heure américaine


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 22/11/2017 PAR Romain Béteille

Make Nouvelle-Aquitaine Great Again

Plus de 35 start-up régionales se rendront au CES de Las Vegas en janvier, l’un des plus gros salons mondiaux dédiés à l’innovation et aux nouvelles technologies. Elles seront présentes sur l’Eureka Park (un espace dédié aux start-ups innovantes), des market places thématiques ou encartées en tant que simples visiteurs aux côtés des autres entreprises françaises (178 en tout) dont le chiffre a tendance à grimper d’année en année. Il faut dire que c’est un enjeu majeur de visibilité qu’offrent la Région Nouvelle-Aquitaine, Bordeaux Métropole, la CCI et Digital Aquitaine à ces entreprises qui, pour certaines, n’auraient pas forcément les moyens de se payer le voyage et le stand qui va avec (la moitié des frais de déplacement est financée par la région soit 139 000 euros, auxquels il faut ajouter 200 000 euros de plus pour une salle de rencontre dans le salon, un site web dédié, l’aide d’une agence de presse, d’un community manager et d’une équipe studio TV et 60 000 euros investis par la CCI). Et si les années précédentes, les institutions l’avaient joué un peu chacune de leur côté (French Tech avait sa propre délégation), cette année elles font front commun, représentant « l’une des délégations les plus importantes de France », comme s’en est aisément félicité Alain Rousset ce mardi sur la scène de la Grande Poste à Bordeaux, où beaucoup de dirigeants des entreprises concernés avaient fait le déplacement. « C’est intéressant de pouvoir challenger Île-de-France ou Rhône-Alpes, de pouvoir voir la concurrence et de jouer à l’export », a-t-il ajouté.

Le coup de pub pour la collectivité est évidemment accueilli à bras ouvert comme un excellent moyen de promouvoir la dynamique économique locale et pourquoi pas l’ouvrir à l’international : 2,3 millions d’emplois, 158,1 milliards de PIB, la métropole bordelaise représentant la « première métropole pour le taux de création d’entreprise », sans compter la cinquantaine de pépinières d’entreprises et la centaine de « tiers-lieux » qui composent l’écosystème. La politique de la région Nouvelle-Aquitaine, ce n’est pas un secret, est très tournée vers les start-up. Elle s’est d’ailleurs fixée plusieurs objectifs dans sa dernière « feuille de route » économique dont notamment le soutien à 200 nouvelles entreprises par an à l’horizon 2020 (une sur cinq), et de nouvelles actions permettant l’accélération de la croissance en doublant le flux de création ou en « densifiant les financements régionaux ». Car les start-up du territoire en restent souvent au premier stade, d’où la multiplication des dispositifs d’aides régionaux. « L’accélération, le « UP » est le trou noir de l’économie française. Les PME sont trop petites et n’arrivent pas à croître. Nous allons mettre en place un dispositif de financement en fonds propres début 2018, pour pouvoir rentrer en premier dans le capital », a déclaré le Président de la région Nouvelle-Aquitaine à la tribune.

Une sélection variée

En attendant cette nouvelle entrée salvatrice, c’est sur son portefeuille de talents que la région devra compter comme meilleurs témoins de l’innovation locale. Elles comptera sur plusieurs grands sujets économiques dont la e-santé, la « maison connectée », l’industrie ou encore l’éducation et les loisirs. L’offensive va donc se jouer sur plusieurs domaines en faisant venir des entreprises de tout le territoire. Iteca et ses logiciels « au service de l’industrie du futur » basés sur l’intelligence artificielle, la réalité augmentée et virtuelle à Angoulême, Arioneo qui utilise les nouvelles technologies « au service des chevaux athlètes » basée à Nontron (Dordogne), Limouzik qui transforme les objets connectés en instruments de musique (Limoges) ou encore Knock, assistant virtuel permettant d’établir des critères pour trouver « le bien immobilier idéal » (jeune société qui, ironie du sort ou pas, est basée à Bordeaux), devront, avec tous les autres, se démarquer de la concurrence internationale dans les allées d’un salon réunissant pas moins de 3600 exposants. Les entreprises de la métropole bordelaise seront d’ailleurs particulièrement bien représentées, que ce soit Hopen Project, Marbotic ou Wiidii, trois entreprises dont nous vous avions déjà parlé. Ce sera l’occasion pour certains de surfer sur un succès,  de parler d’un futur plan de développement (comme pour Climax Technology, par exemple, entreprise spécialisée dans les produits connectés qui devrait faire parler d’elle dans les prochains mois) ou même de pitcher de nouveaux projets en développement, en avant-première.

Démonstration par l’exemple

Ce sera le cas, par exemple, d’Exelus. La société, basée à Latresne, développe depuis 2014 une plateforme de télémédecine pour l’urgence et le pré-hospitalier. De manière très concrète, Nomadeec équipe en tablettes et dispositifs médicaux à connecter en bluetooth (notamment un électrocardiogramme) et stocke les paramètres vitaux du patient. Selon son PDG, 25% des samus en France en seraient équipés. En janvier, la société, qui était déjà au CES en tant que visiteur en 2017, a réussi une levée de fonds d’un million d’euros. Pompiers, médecins, ambulances privées, EHPAD : l’objectif d’Exelus est évidemment de toucher le plus de professionnels de santé possibles mais aussi, sur le papier du moins, de « lutter contre les déserts médicaux ». Il s’inscrit surtout dans un secteur économique de niche très lucratif, la télémédecine, et toucherait déjà 300 utilisateurs, dont le CHU de Poitiers, dans 12 départements au niveau national. Depuis un an, l’entreprise s’est associée avec un développeur de jeu-vidéo bordelais, Asobo Studios pour développer un système d’intervention holographique basé sur la réalité augmentée. Asobo, l’un des premiers studios français à travailler en collaboration avec Microsoft et son casque Hololens, aide pour la partie technique. « L’ambulancier met le casque, celui-ci reconnaît le visage du patient et les mesures des outils apparaissent sous la forme d’hologrammes. En gros, on amène tous les outils numériques qu’ils ont sur tablette dans un casque », confie Xavier Maurin, PDG d’Exelus. Bien que très floue pour le moment, car pas encore sortie de son cocon « recherche et développement », cette nouvelle solution en réalité augmentée est évidemment prometteuse, comme peut l’être la promesse d’un électrocardiogramme à domicile pour tout le personnel des services d’urgences. L’objectif d’Exelus cette année à Las Vegas ? Démarcher à l’international, trouver d’éventuels partenaires. Bref, faire du business, comme la quarantaine d’entreprises ou représentants sélectionnés pour participer à cette édition 2018 du salon américain. Un chiffre qui ne fait que croître : l’an dernier, elles étaient 31 à arpenter les allées du salon (et à, comme cette année, poursuivre le voyage pendant deux jours à San Francisco). La « Nouvelle-Aquitaine Touch », sans doute…?

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