Libéralisation des droits de plantation : la fronde continue à monter en Europe


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Publication PUBLIÉ LE 24/03/2012 PAR Solène MÉRIC

Pour Gérard César, comme pour tous les partisans des droits de plantation, la libéralisation serait une grave erreur. Il y aurait d’abord un risque au niveau de la qualité des vins. « Libéraliser, ça voudrait dire qu’on pourrait planter sur tous les territoires, y compris sur ceux qui ne sont pas de bonne qualité. Aujourd’hui, avec les Appellations d’Origine Contrôlée, qui font véritablement partie de notre patrimoine et de notre culture, et qui représentent de nombreux emplois productifs et commerciaux, on évite ce risque. »
L’autre danger, c’est la surproduction et ses conséquences parmi lesquelles «des prix très très bas et une fois encore une perte de la qualité des vins ». Autant de raison, qui ont poussé il y a un peu plus d’un an, la France et l’Allemagne à se lancer dans un combat contre cette libéralisation.

Croisade et calculs d’apothicaire

Plutôt qu’un combat, la mobilisation entamée par les Etats producteurs au côté de la puissanteFédération Européenne des Vins d’Origine (EFOW) a, en vérité, davantage des allures de croisades… Car non seulement il faut faire pression sur la Commission pour qu’elle révise sa position, mais il faut aussi convaincre, autant dire convertir, les Etats non producteurs d’adhérer au principe du maintien de ces droits. L’objectif : qu’ils votent une proposition allant dans ce sens au sein du Conseil des Etats Membres.
Un défi plus complexe qu’il n’y paraît puisque le vote se fait à la majorité qualifiée, sachant, en outre, que chaque Etat, au regard de sa population, ne représente pas le même nombre de voix…Après tout un tas de calculs d’apothicaire, la conclusion est là : il manque encore 40 voix aux « anti-libéralisation » pour atteindre la majorité qualifiée fixée à 250 voix… Mais « rien n’est perdu » selon Gérard César.Et le colloque du 19 mars organisé au Parlement européen par Astrid Lulling (Parti Populaire Européen), la présidente du groupe viticulture du Parlement, en a fait la démonstration.

Place aux négociations…Gérard César, Sénateur, Président du groupe d'études de la vigne et du vin au Sénat
Une démonstration de force d’abord : en effet, pas moins de neuf ministres de l’Agriculture (France, Allemagne, Italie, Autriche, Hongrie, Luxembourg, Malte, Roumanie et Finlande) et plus de 350 élus européens et nationaux et représentants du secteur se sont retrouvés à cette occasion pour demander le maintien des droits de plantation.
Une session particulièrement intéressante selon le sénateur César puisqu’elle a révélé que « certains Etats comme la Finlande se positionnent sur ce sujet crucial en tant que consommateurs. De ce point de vue, ils veulent continuer à pouvoir boire du bon vin et se disent donc favorables au maintien des droits de plantation ! » s’enthousiasme le sénateur. « Et la Finlande, au Conseil, c’est sept voix de plus dans la balance !» calcule-t-il.
Parmi les autres pays qui se disent près, ou presque, à soutenir également cette position, on trouve Malte (4 voix), la Belgique (12 voix) ou encore la Pologne (27 voix). Pour ces derniers « l’ouverture de négociations sur l’obtention de droits de plantation autour de Cracovie les inciterait à plus de complaisance… ». Car bien sûr la négociation, dans le cadre plus global de la PAC où la mesure prendrait sa place, n’est pas rejetée, bien au contraire. Pour preuve « un Etat demande, en échange de sa voix au profit des défenseurs des droits de plantation l’obtention de quelques centaines d’hectares sucriers supplémentaires »… Une croisade à la mode des marchands de tapis…

… et aux experts

Deux derniers éléments encouragent le sénateur à l’optimisme. D’une part, le vote au niveau de l’Union européenne en matière agricole n’est désormais plus l’apanage de la seule Commission, le Parlement européen aussi à son mot à dire. Or, comme l’a signifié ce lundi Michel Dantin, député européen, rapporteur du Parlement sur le projet de réforme de la Pac, l’insitution parlementaire se prononcera favorablement au maintien des droits de plantation. D’autre part, une représentante du Commissaire Dacian Ciolos l’a confirmé lors du colloque, « un groupe de haut niveau composé d’experts va être mis en place à compter du 19 avril, et devrait rendre ses conclusions avant la fin 2013 ». L’expert français qui y siègera serait Eric Allain de la Direction générale des politiques agricoles et agroalimentaires et des territoires.

Photos: Yann Leray et Aqui.fr

Solène Méric

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