Tourisme : le nouveau plan de bataille du Comité Régional


Nouvelle Aquitaine
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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 20/03/2018 PAR Romain Béteille

Tendances locale…

Les derniers chiffres présentés par le Comité Régional du Tourisme sur l’année 2017 confirment les bonnes tendances précédentes. Le tourisme en Nouvelle Aquitaine en 2017, c’est près de 28 millions de personnes accueillies sur le territoire (+4% par rapport à 2016), 9,9 millions de clients dans l’hôtellerie (+3,5%) et 16,2 millions de nuitées dont 2,8 millions pour les touristes étrangers, dont une fréquentation record pendant la saison estivale (66%), autant sur le littoral et dans les sites les plus emblématiques que dans les zones urbaines et le tourisme intérieur qui confirme sa santé solide, du Périgord Noir aux Deux-Sèvres en passant par Bordeaux. Dans les campings aussi, on a fait le plein : +800 000 nuitées entre mai et septembre (+3,3%) avec des disparités : une fréquentation des campings de trois à cinq étoiles en hausse de 6% et un recul des autres catégories, avec, en termes géographiques, des préférences notables pour l’Île de Ré, l’Île d’Oléron le littoral girondin et la côte landaise notamment, sans oublier la Vienne et le Lot-et-Garonne. Ce territoire si vaste et aux biomes si variés a aussi profité, comme la tendance bordelaise le confirme, de l’énorme boom de la location privée collaborative : dans le Lot-et-Garonne par exemple, on atteint un pourcentage de croissance de 75%, 100% dans la Creuse. En tout, le CRT répertoriait en 2017 quelques 60 000 annonces sur 2800 communes, et une grosse part plébiscitée par la clientèle étrangère (40%), même si pour Aibnb par exemple, on a comptabilisé 1,4 millions d’arrivées dont près de 60% de français. L’effet LGV est aussi bien présent comme ont déjà pu le confirmer les premiers chiffres de la SNCF (+70% de trafic depuis la mise en service en juillet), tandis que l’aéroport profite aussi de ce boom, notamment au niveau des arrivées internationales sur Bordeaux, Biarritz (+7%) et Pau (+13%), et que les premières prévisions prévoient toujours une fréquentation à la hausse (+9% des réservations aériennes à la hausse) pour les six prochains mois. « On est un vrai territoire touristique, dont 80% des destinations sont à 2 ou 3h de route, et les gens sont capables de faire le déplacement si on rend ces offres attractives, d’où l’intérêt de bien référencer nos destinations », confie-t-on au CRT, dont le référencement est visiblement le nouveau cheval de bataille.

…stratégie globale

Et il est justifié. Cette offre foisonnante (280 Offices de Tourisme dont certains s’organisent pour développer une véritable stratégie locale, 28 millions de touristes, 110 000 emplois et un secteur qui pèse 14 milliards d’euros soit 9% du PIB régional) n’est visiblement pas prête de connaître la crise : 32 millions de touristes attendus, 16,5 milliards de revenus et 140 000 emplois prévus d’ici 2020 selon le CRT. Cela dit, l’offre est souvent tellement multiple qu’il est parfois difficile, notamment pour la clientèle étrangère, de s’y retrouver et de s’arrêter sur une destination. Selon les données de TripAdvisor par exemple, qui compte 1,9 millions d’avis et 142 millions de pages vues liées à la Nouvelle Aquitaine, si les intentions de réservation augmentent nettement (+15% en 2017), 62% des clients potentiels changent d’avis après avoir consulté leur site, pour diverses raisons dont, notamment, des problèmes de lisibilité de l’offre. Faire de la Nouvelle Aquitaine l’un des chefs de file du tourisme national et international, c’est l’ambition du futur Schéma du Tourisme régional, mais c’est le Comité Régional du Tourisme, passé à l’échelle de la grande région en mai 2017, qui en est l’un des bras armés les plus influents. Il était notamment là pour le prouver au Salon de l’Agriculture, là encore au dernier Salon du Tourisme International de Berlin début mars, là toujours derrière l’opération « Goût de France » qui aura lieu ce mercredi 21 mars partout dans le monde. Son nouveau directeur, Michel Durrieu, expert reconnu du secteur (ancien directeur du tourisme au ministère des Affaires étrangères et représentant de la France à l’Organisation mondiale du tourisme), a profité d’une nouvelle conférence de conjoncture pour détailler les nouveaux axes de travail et la nouvelle stratégie du CRT à l’échelle de la Nouvelle Aquitaine. Et autant dire que le chantier s’annonce vaste.

Il s’appuie, d’abord, sur une volonté de structuration des filières régionales, chantier censé être terminé en 2020. Une véritable carte des identités et des forces du territoire, divisée en 7 pôles majeurs : affaires et évènements (salons, foires, festivals), sports (alors que les Landes sont officiellement candidates pour l’épreuve de surf des JO 2024), croisières fluviales et maritimes (un enjeu économique mais aussi très politique), bien-être (montagne, littoral et thermalisme), gastronomie (l’un des tous premiers enjeux de la promotion régionale), « grands acteurs et grands sites » (nature, culture, parc de loisirs comme le Futuroscope pour ne citer que lui) et enfin « City Break », une filière spécialement réservée au tourisme urbain. Pour promouvoir chacun de ces pôles identifiés, le CRT planche sur une vaste stratégie de communication complexe et globale, dans le but d’attirer toujours plus de touristes étrangers qui restent, malgré les bons indicateurs (17% des nuitées en 2017 et une fréquentation en hausse sur le littoral, notamment des espagnols (+21%) mais aussi des américains, suisses et italiens, tandis que les britanniques, malgré une baisse de fréquentation imputable au Brexit, restent toujours la clientèle numéro un), la part la plus faible du tourisme régional. « Tous les touristes étrangers ne savent pas forcément où ils veulent aller au départ. Nous sommes en train de mener une campagne pour savoir pourquoi certaines clientèles étrangères ne viennent pas. On a identifié certaines catégories de touristes. Les allemands, par exemple, étaient plutôt des clients des campings, en famille et en voiture. Aujourd’hui, cette clientèle a vieilli, elle vient plutôt en avion et se dirige vers des établissements comme des hôtels ou des résidences de charme. Les profils espagnols, eux, sont plutôt situés entre 30 et 45 ans, ont des enfants et sont plutôt à la recherche de tourisme intérieur. On est en train de regarder si l’offre régionale correspond aux nouvelles offres, ce que l’on veut valider par une étude dont les résultats sont attendus en juin », balaye Michel Durrieu.

Outils de campagne

Pour confirmer ses ambitions, le CRT mise donc sur un nouveau site internet, NA-Tourisme.com, réalisé en collaboration avec Atout France et prévu pour la fin du mois de juin, dont l’objectif principal est de centraliser le plus possible la multitude des propositions formant l’offre touristique locale. L’organisme compte aussi jouer à fond son rôle d’ambassadeur et avoir une influence plus marquée sur différents maillons de la chaîne promotionnelle : médias thématiques, sites de réservation, guides de voyage, bloggueurs ou encore réseaux sociaux, le tout formant un système d’analyse d’e-réputation digne des analyses de benchmark les plus complexes, autant dans l’analyse concurrentielle que dans celle de l’efficacité des campagnes de promotion touristique. En parlant de promotion, justement, le CRT compte opérer une vaste campagne d’affichage en Île de France en réservant, comme cela avait pu être fait en 2016, des campagnes de promotion sur des pans entiers de murs du métro parisien. Elle compte aussi s’appuyer fortement sur la campagne d’attractivité lancée par la région en 2017, qui se transformera bientôt en campagne télévisée : une déclinaison « tourisme » de cette campagne, censée promouvoir les grands sites régionaux (Gironde, Cité du Vin, Lascaux, Limoges, Aubusson ou la Vienne font partie de la première vague, le Pays Basque fera partie de la seconde en juin) et « aussi faire découvrir aux néo-aquitains leur région leur montrer nos produits mais surtout faire en sorte qu’ils passent commande », confirme Michel Durrieu en touchant du doigt le nerf de la guerre. Cette campagne devrait débuter dès la première semaine du mois d’avril et s’étaler sur plus de 300 affiches.

La stratégie digitale passe aussi par Terra Aventura, une sorte de chasse au trésor des territoires passant par une application étendue en 2018 aux douze départements régionaux sur plus de 300 parcours différents sous forme d’itinéraires thématiques (265 000 joueurs en 2017 dont 78% de familles), sorte de pan ludique de cette stratégie globale. Et comme si ce n’était pas assez, le CRT compte bien s’exporter et vendre la Nouvelle Aquitaine à l’international : salon des tours opérateurs les 27 et 28 mars à Paris, « Destination Vignobles » en octobre, ITB de Barcelone en septembre, campagnes de communication et d’affichage au Royaume-Uni, en Espagne, en Amérique du Nord ou en Asie (où la conquête a apparemment déjà débuté)… une promotion à l’international au budget d’ailleurs bien plus conséquent (entre 3 et 3,5 millions d’euros) que pour celle consacrée au marché français (1,4 millions d’euros) pour un lobbying régional dont on ne verra probablement les effets notables sur la clientèle étrangère que dans plusieurs années. Faire venir, mais surtout faire revenir, c’est donc l’ambition de cette antichambre influente de la région Nouvelle Aquitaine, dont le Schéma régional du tourisme devrait faire une prochaine apparition en plénière en juin prochain. 

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