Pau : « La sécurité dans l’entreprise, c’est l’affaire de tous »


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 03/06/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

Confrontés à un environnement économique de plus en plus difficile, les donneurs d’ordre ont tendance à se concentrer sur leur cœur de métier. Ce qui les amène à faire appel à des sous-traitants et à prestataires de services pour effectuer  un certain nombre de taches. « La sécurité est ainsi devenue une responsabilité partagée » rappelle Daniel Bertrand, un ingénieur conseil de la Carsat.

Indispensable sur les sites SEVESO

En 1996, cette réalité a amené des entreprises chimiques et pétrolières de Normandie et de l’étang de Berre à mettre au point un référentiel destiné à améliorer la sécurité de leurs sites et des salariés qui y interviennent. Ce manuel adopté par l’Union des industries chimiques s’est par la suite étendu à toute la France.  Il porte aussi bien sur l’organisation à mettre en place que sur l’engagement et les moyens que cela nécessite. Sans oublier le suivi qu’il convient d’assurer.

« La certification MASE est devenue une exigence pour travailler sur les sites classés SEVESO » indique Philippe Michiels, directeur de l’usine Yara d’Ambès et président de l’association qui cherche à développer cette démarche dans un secteur allant de Bordeaux à Bayonne et de Toulouse à l’Ariège.

Du ténor au plus modeste

Des entreprises de toutes tailles, du géant à la TPE, peuvent la mettre en œuvre, dit-il. Tout en insistant sur le fait que l’association qui en assure la promotion est gérée exclusivement, et en toute indépendance, par les professionnels, sans aucune subvention ni recours à l’administration. « Cela l’oblige à l’exemplarité ».

Sur le terrain, le système MASE commence à être bien implanté. En Aquitaine et Midi-Pyrénées, il mobilise 535 entreprises parmi lesquelles on trouve 25 donneurs d’ordre, majoritairement des « chimistes », 510 sous-traitants et 170 très petites structures.

Ce qui représente un total de 34 000 salariés intervenant dans des domaines très divers : BTP, tuyauterie, mécanique, chaudronnerie, maintenance industrielle, électricité, climatisation.

« Une nette baisse de l’accidentologie »

Philippe Michiels, le président du MASE Sud-Ouest

Chaussures de sécurité, casque de protection, lunettes en bon état, gestion des parkings à proximité des zones d’intervention, et l’on en passe… Mille et un détails font partie des règles à adopter pour obtenir une certification qui, selon les cas, doit être renouvelée chaque année ou dans un délai pouvant aller jusqu’à trois ans.

Les résultats suivent, assure Philippe Michiels. « Le MASE Sud-Ouest a été créé en 2008 . Avec ce système, on constate une nette baisse de l’accidentologie, en fréquence et surtout en taux de gravité ». Les chiffres comparés aux moyennes régionales et nationales calculées par la CARSAT et la CNAM sont ni plus ni moins réduits de moitié. « En fréquence, le taux d’accidentologie est de 12 par rapport à 23. En gravité, il est de 0,70 par rapport à 1,4 ». 

Vers la « culture intégrée »

Ainsi que l’ont montré les débats organisés à Pau, une chose est par ailleurs certaine : dans l’entreprise, la sécurité est l’affaire de tous. Du patron, qui doit en être le premier convaincu, aux salariés qu’il convient de responsabiliser et d’associer de manière étroite à la réflexion qu’elle entraîne.

« Il faut laisser un espace de liberté et d’initiative aux gens. Sinon, c’est difficile » estime Michel Descazeaux, directeur du développement de l’Institut et de la Fondation pour une culture de sécurité industrielle (ICSI-FONCSI). Avant de rappeler que plusieurs niveaux de culture peuvent exister dans les entreprises .

 Cela va du  fatalisme (on a essayé mais on ne peut rien faire) à la culture métier (on a un savoir-faire, donc on sait), mais aussi de la culture managériale (on impose les règles sans discussion) à la culture intégrée où chacun, quel que soit son niveau, devient « acteur de la sécurité ». Un dernier stade auquel on accède de manière progressive. « Il faut du temps. Cela suppose aussi une politique de reconnaissance de l’autre ».

Lors des rencontres organisées en Béarn, les exemples n’ont pas manqué pour illustrer ce propos. Du « réveil musculaire » qui sera mis en place en septembre par une entreprise du bassin de Lacq (Actemium) « afin d’éviter d’attaquer une opération à froid » , à la centaine d’actions sécurité identifiées par TIGF et aux 637 suggestions formulées par ses salariés. Entre autres multiples initiatives.

« Nos collègues attendent de nous qu’on les respecte »

Certes, la sécurité a certes un coût, reconnait Philippe Michiels quand on l’interroge sur les réticences que pourrait avoir un patron à s’engager dans une telle démarche. « Mais cela n’a rien à voir avec les conséquences qu’entraîne un accident.  » Quand on annonce à une famille ou à des proches qu’une personne a été accidentée et amputée d’un membre, le « prix » n’est pas le même à payer ».

« Soyons exemplaires. Entrainons nos gens. Célébrons les bons résultats et partageons-les avec les entreprises qui interviennent chez nous »  conseille pour sa part Alain Desflans, de Michelin. « Nos collègues attendent de nous qu’on les respecte et qu’on les considère. Démontrons à nos collaborateurs que leur santé est importante et que l’on est prêt à perdre du temps, ou un peu de chiffre d’affaires, parce que l’on ne veut pas qu’ils nous quittent ».

 « Cela fait 30 ans que je travaille et j’ai souvent changé de fonction. Mais, pour avoir été confronté à quelques accidents majeurs, je ne me souviens que d’une chose : le nombre de fois où je suis allé voir un collaborateur à l’hôpital ».

Le site du MASE : http://mase-asso.fr/

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