Terminal ferroviaire à Tarnos : un projet qui ne tient pas la route?


Viia
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 16/06/2014 PAR Julie Devilder

Le sujet est pourtant déjà bien avancé, l’enquête publique vient de s’achever, et les travaux sont prévus pour commencer à l’automne. En mars dernier, a été signé le contrat de concession entre l’Etat et Viia, filiale du groupe SNCF, pour 17 ans dont 2 ans d’études et de construction des terminaux, suivis de 15 ans d’exploitation du service…

Selon Viia, l’autoroute ferroviaire atlantique doit réduire de 20% le temps de transport sur cet axe saturé avec un coût inférieur de 10 à 15%. Parmi les objectifs avancés, désengorger les grands axes routiers pour plus de sécurité, améliorer les performances CO2, offrir au fret ferroviaire un lien direct entre le nord de l’Europe, la France et l’Espagne et accéder à un marché de 950 000 semi-remorques par an en 2015 et 1,1 million en 2023 transitant par la route.

5 à 7% du trafic de camions sur les rails en 2021En tant que conseiller régional (la région doit participer à hauteur de 17 millions d’euros sur les 280 millions que coûte le projet globalement), Eric Guilloteau approuve le programme. Préféré finalement au site de Mouguerre, Tarnos est, selon le maire PS d’Ondres, « le seul endroit qui ait, à la fois l’espace et la longueur nécessaire, et est déjà en grande partie équipé » avec notamment « un accès direct entre l’autoroute et le site par une route industrielle sous-utilisée aujourd’hui ».

« En 2021, quand le système fonctionnera à plein régime, cela fera 480 camions de moins tous les jours dans chaque sens » sur la route, soit « 5 à 7% du trafic qui passera sur les rails », affirme-t-il, ne s’expliquant pas la virulence de l’opposition alors que 60 emplois nets devraient être créés sur les 10 hectares de la zone de la Setrada, filiale de la SNCF, prévus pour accueillir le terminal.

« Un ratio du nombre d’emplois à l’hectare égal à peanuts! », lui répond Jean-Marc Lespade, maire PCF de Tarnos, pour qui un tel projet serait au contraire « néfaste à l’emploi » sur la zone industrialo-portuaire de la ville. Et de s’inquiéter d’une éventuelle remise en cause de l’idée de Turbomeca situé juste en face (1.800 salariés aujourd’hui), d’implanter son site mondial d’entretien de moteurs d’hélicoptères.

La résistance s’organisePestant contre « la parodie de concertation » autour du projet à l’automne dernier, M. Lespade récuse aussi l’argument environnemental, déplorant le transport sur rail de camions entiers ou de leurs remorques alors qu’il vaudrait mieux « développer le transport de marchandises par caisses combinées qui permet l’intermodalité » (route, rail, bateaux).

Même constat chez Europe Ecologie-Les Verts Landes qui s’indigne : « transporter  des marchandises par train, oui, mais transporter des poids lourds c’est  transporter de la ferraille, c’est-à-dire du poids mort. C’est un non sens ».

Par ailleurs, M. Lespade « soupçonne des confusions d’intérêts » avec « des ex-responsables au plus haut niveau de la SNCF qui ont créé des entreprises privées sensées répondre à des besoins de l’Etat », pointant notamment la fabrication et la vente de wagons spéciaux pour cette activité…

De quoi organiser la résistance dans cette ville communiste depuis 1920. Déjà plus de 2.000 personnes s’élèvent contre ce projet avec « un mécontentement pas loin de la colère », selon le maire dont le conseil municipal a aussi dénoncé les « impacts sur les riverains » (bruit, transport de matières dangereuses, longue fermeture quotidienne des passages à niveau…).

Opposants et partisans du terminal (qui, eux, n’imaginent pas une remise en cause, peut-être juste un retard dans la mise en œuvre) ont en tout cas les yeux rivés sur le rapport du commissaire enquêteur qui doit être rendu mi-septembre.

En attendant, une assemblée générale de l’association contre le terminal de l’autoroute ferroviaire à Tarnos (CTAFT) a lieu le 26 juin, salle Maurice Thorez. « On est prêts à se coucher sur les rails », a déjà prévenu Pierrette Fontenas, ex-maire PCF et présidente de CTAFT.

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