Quatre semaines de fermeture pour l’aéroport de Biarritz


Félix Dufour
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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 16/01/2019 PAR Felix Dufour

@qui! Si cette année, il y a eu dérogation sur la présentation des vœux en raison de la fermeture prochaine et provisoire de l’aéroport, le 4 février prochain, peut-on malgré tout tirer un bilan de l’exercice 2018 ?

Didier Riché – On a fait le constat que sur l’année 2018, le trafic est en légère régression par rapport  à l’année précédente, 1183 635 contre…1 190 991 en 2017. Et il faut faire l’analyse de cet écart. D’abord la ligne Biarritz-Orly qui assure plus de la moitié du trafic avec Air France est une ligne qui souffre d’une régression constante de sa fréquentation depuis de nombreux mois. Sans nous inquiéter particulièrement, elle nécessite une attention particulière.

Les causes peuvent être multiples dont le report de la clientèle sur les vols vers Charles-de-Gaulle, mais aussi un report vers le deuxième opérateur Esayjet et, peut-être, la zone nord de notre zone de chalandise qui peut partir vers Bordeaux avec l’effet LGV. Et, peut-être enfin, un certain manque de fiabilité, certes marginal,  mais peut faire aussi partie des causes de l’opérateur Hop. En revanche la ligne Charles-de-Gaulle fonctionne très très bien avec les deux opérateurs.

 @qui! La ligne Biarritz-Orly a-t-elle été la seule déception?

D.R – Non. On peut ajouter le Biarritz-Madrid. On n’a jamais pu réussir avec Iberia et Air Nostrum à faire véritablement décoller cette liaison et on a considéré conjointement qu’il était préférable d’arrêter. La proximité de l’aAeroport Biarritzéroport de Fontarabie de l’autre côté de la Bidassoa et une offre de rotations très réduite par rapport à l’aéroport basque espagnol en sont aussi les raisons. Auxquelles on peut ajouter les nouvelles par rapport au code Schengen qui oblige les Espagnols à effectuer deux contrôles. Pour terminer sur le chapitre des déceptions on peut ajouter le vol vers Stockholm qui a été interrompu par Ryanair malgré une fréquentation qui était au rendez-vous. Pour une contingence de flotte. Nous n’avons pas fait partie de leurs priorités pour 2018, comme, hélas, nous n’entrons pas dans leurs plans en 2019. Ce qui prouve que ce sont bien les compagnies qui ont le dernier mot en matière d’exploitation. C’est aussi le cas pour les vols Biarritz-Strasbourg auxquels la compagnie Easyjet n’a pas laissé suffisamment de temps pour se développer.

« Une fermeture qui est inéluctable pour
la pérennité de l’aéroport »

@qui! Pour en venir à votre actualité, vous avez annoncé il y a un an donc que vous fermeriez en ce mois de février l’aéroport pendant un mois pour réaliser une réfection totale de la piste….

D.R – Nous avons choisi cette période car il s’agit pour nous de la période plus creuse de l’année. Il faut savoir que l’aéroport a un fonctionnement assuré par 350 et 450 employés selon la saison, pas en simultané, tous services confondus, service de l’état compris. Toutefois, les travaux de rénovation de l’aéroport ont été entamés en septembre 2018 avec le réaménagement total des voies d’accès et des parkings de stationnement de véhicules, un parc réunissant l’ensemble des entreprises de location mais aussi la création d’une véritable gare routière pour les bus. Comme nous avons revu la signalétique. L’objectif était qu’il y ait plus de compréhension des lieux, plus d’espace et pour les voyageurs qui arrivent, plus de zénitude. Quand il sort de l’aéroport il arrive dans un lieu tranquille: pas de véhicules qui passent devant l’aérogare et on peut prendre son temps sur l’esplanade qui a été aménagée. Aujourd’hui pour le voyageur qui arrive. Enfin, nous allons profiter de cet espace-temps à partir du 4 février pour réaménager aussi l’intérieur de l’aérogare, notamment des travaux en hauteur que nous ne pourrions effectuer en présence des voyageurs.

Il nous arrivait parfois l’été d’arrêter l’exploitation pour procéder à une réparation d’urgence. Donc il nous fallait absolument refaire cette piste pour assurer la pérennité. En toute sérénité sans se demander si ces réparations tiendront jusqu’à la fin de la saison. Après avoir procédé à différents examens on a décidé de la refaire. C’était incontournable. Elle ne sera pas allongée et fera la même longueur 2 kilomètres 250 et 45 mètres de large et nécessitera 35 00 tonnes d’enrobé. C’est un peu frustrant d’investir 13 millions d’euros pour avoir un équipement qui sera exactement le même..

@qui! À l’occasion de ces travaux, n’en profitez-vous pas pous installer un système d’atterrissage tout temps dans cet aéroport international?

D.R C’est une question que l’on me pose régulièrement, mais je comprends que la question se pose. Devrait-on faire ces travaux de ce que l’on appelle abusivement atterrissage tout temps, le terme exact étant atterrissage de précision par faible visibilité? Ce qui veut dire que l’on écarte la neige, le vent, la piste inondée et tous les autres cas de figure qui peuvent nous amener à fermer l’aéroport. Si l’on avait pu envisager cela, ce serait un autre projet qui coûterait presque aussi cher. Sa dernière évaluation est de 12 millions.

@qui! L’aéroport de Pau-Pyrénées, situé à 110 kilomètres de Biarritz, ne va pas se paindre de votre fermeture….

D.R Mais Pau ne fonctionne pas mal. D’autant qu’ils ont entrepris des actions de développement qui finiront par payer. À l’exception de vols incontournables, les attentes de la clientèle béarnaise sont différentes de celles de la population basque, comme leurs habitudes estivales. On peut prendre l’exemple des vols vers le Maroc ou la ligne avec la Corse. Cette dernière ‘est une liaison sur laquelle nous avons réfléchi. Nous en avons parlé avec les Corses eux-mêmes qui ont conclu, comme nous, qu’en matière de rentabilité ce serait un pari risqué.

@qui! Pendant cette fermeture, les compagnies vont-elles assurer des navettes Pau-Biarritz? 

 D.R L’aéroport n’est ni organisateur, ni transporteur, il n’en a pas la compétence; ce sont les compagnies qui ont fait leur choix, et il y a trois choix différents car il y a trois compagnies qui fonctionnent l’hiver. Le premier c’est Ryanair qui fait les choses très simplement en disant: »Je ne commercialise pas de vols vers Biarritz en février ». Il y a celui d’Easy Jet qui a décidé de poser pendant un mois ses avions en provenance de Charles de Gaulle à Pau, mais il n’y aura aucune navette. Le troisième choix appartient à Air France qui a décidé d’augmenter sa capacité et son nombre de vols que ce soit sur Orly ou Charles-de-Gaulle. Air France tient à conserver sa clientèle internationale et, pour, cela a mis en place une navette entre l’aéroport de Biarritz et l’aéroport béarnais mais exclusivement pour les vols Charles-de-Gaulle. Il est donc possible d’acheter un billet Paris-Charles-de-Gaulle avec un premier tronçon qui sera effectué par la route. Et dans les deux sens.

@qui! Dans le domaine des perturbations, quid du G7 qui a lieu fin août à Biarritz?

D.R Depuis la première réunion du comité de pilotage présidée par le préfet des Pyrénées-Atlantiques, l’aéroport de Biarritz-Pays basque fait partie du groupe de travail pour préparer l’événement. Une réunion par mois avec ce groupe de travail et une par semaine en interne. À ce jour, nous avons peu d’éléments, mais nous travaillons sur des hypothèses, on crée des scénarios type. L’aéroport ne sera pas fermé mais entièrement dédié à ce G7  à partir du vendredi 23 août au soir, la veille du sommet et reprendra son trafic normal pour les voyageurs le mardi matin 27 août. Pendant ces journées, il nous faut régulariser l’arrivée protocolaire qui demande un nombre certain de dispositions et des délégations. En tout état de cause, ce sont les états eux-mêmes qui décideront.

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