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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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19/09/2014

Nicolas Sarkozy se déclare et Alain Juppé veut des primaires ouvertes

Cette passe d'armes ne laisse guère de doute sur la portée de la bataille politique qui s'annonce au sein de l'UMP et, plus largement, de la droite de gouvernement. On la sentait venir, non seulement parce que Alain Juppé avait pris les devants fort d'une popularité exceptionnelle mais, aussi, à cause de la démarche choisie par Nicolas Sarkozy pour revenir sur le devant de la scène. Se faire désirer par les militants, mobiliser les fidèles et créer les conditions d'une sorte de plébiscite, mis en scène à la faveur d'un Tour de France qui s'annonce déjà « triomphal » … Le hic, car il se dessine dans les propos de Nicolas Sarkozy sur le thème du « sursaut », se niche dans ses oublis volontaires. A aucun moment le vaincu de 2012 ne cite l'UMP ; il évoque sa « famille politique » et se donne trois mois pour construire « un vaste rassemblement » « la formation politique du XXI° siècle' ». Traduisons : nouveau parti, nouveaux statuts et adieu les primaires...

L'enjeu est considérable et c'est pourquoi Alain Juppé, le fondateur de l'UMP, défend et défendra des « primaires ouvertes » , c'est à dire non verrouillées ; c'est pour lui la seule vraie chance de damer le pion à son concurrent en pariant sur le soutien du centre que François Bayrou, par exemple, semble lui promettre mais plus largement sur celui de tous ceux qui ne veulent pas du retour de « Sarko ». Celui-ci entend contourner l'obstacle en se réclamant des militants mais aussi en embarquant l'UDI et la famille centriste qu'il va cajoler après l'avoir rabaissée en 2012, ce qui lui valut pour l'essentiel, avec la droitisation de sa campagne, l'échec face à François Hollande.

La partie ne fait que commencer mais elle sera rude. Et qui peut exclure, aujourd'hui, l'hypothèse d'une double candidature issue de la matrice UMP à l'élection présidentielle de 2017 ? Elle n'est pas invraisemblable d'autant que le maire de Bordeaux campe une ligne politique de rassemblement qui lui ressemble davantage que celle que revendique, déjà, Nicolas Sarkozy....

La guerre est vraiment déclarée: cet éditorial écrit vendredi 19 septembre, au soir de la déclaration de Nicolas Sarkozy le laissait entendre...l'actualité de ce dimanche 21 le confirme pleinement. Nicolas Sarkozy s'en prend vigoureusement dans le Journal du Dimanche à Alain Juppé pointant son âge et rappelant ses ennuis judiciaires lointains; le maire de Bordeaux lui répond dans l'émission de I-télé, Europe 1, Le Monde qu'il ira jusqu'au bout avec une pointe d'ironie sur le thème des affaires judiciaires. Se dessine donc bien le plébiscite que l'ancien président veut obtenir dans un parti qui ne s'appellera plus l'UMP tandis qu'Alain Juppé enfonce le clou et défend des primaires ouvertes à la droite, au centre et même au-delà.

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