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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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26/01/2014

Alliot-Marie recasée, Lamassoure envoyé en île-de-France l’UMP joue avec le feu pour les futures élections européennes

Le dernier épisode est particulièrement révélateur de ces pratiques. Jean-François Copé a imposé la candidature de Michèle Alliot-Marie, malgré le soutien accordé par Alain Juppé et François Fillon à l'ancien maire d'Anglet et actuel conseiller régional d'Aquitaine. L'affaire a été tranchée contre le gré d'Alain Lamassoure qui se voit « offrir » la tête de liste de la circonscription île-de-France. Comprenons que l'actuel député européen du sud ouest devrait se sentir gratifié d'en hériter. Ce serait donc bien plus qu'un lot de consolation, une manière de consécration pour un homme qui, à la tête de la commission des budgets au parlement européen, a mené une bataille de tous les instants, ces derniers mois, pour obliger les Etats à tenir leurs engagements. Alain Lamassoure, au-delà de son appartenance à l'UMP, est un élu dont le travail et la présence au sein du Parlement ont été salués et reconnus par les autres familles politiques du parlement et les élus d'Aquitaine, en premier lieu. Un candidat qui, désormais, portera les couleurs de l'UMP, ailleurs que dans sa région mais qui est accueilli dans la capitale par la très vive critique d'un ancien mentor de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, au prétexte qu'il a de l'Europe une vision fédérale et est donc beaucoup trop "européen ". Il est vrai qu'Alain Lamassoure qui mesure combien l'avenir de l'Union reste incertain plaide, en particulier, pour que le prochain commissaire européen, celui qui remplacera le portugais Barroso, soit choisi par le Parlement et non par les gouvernements, c'est à dire le conseil européen. Dans une déclaration sans ambiguïté, pourquoi "Angela Merkel se trompe" il expliquait, en octobre dernier: « Le traité de Lisbonne établit que le futur Président de la Commission européenne ne sera plus nommé comme un haut-fonctionnaire international, par entente secrète entre grands dirigeants. Il sera issu d’une élection législative gagnée par son parti politique à l’échelle de l’Europe, et il bénéficiera donc de la légitimité donnée par le vote des 500 millions de citoyens européens." 

De pareils propos qui tranchent avec la conception, essentiellement intergouvernementale d'un Guaino, avaient au moins le mérite de souligner l'impérieuse nécessité de donner au futur patron de la Commission un poids nouveau. Et de le placer en situation d'avoir à prendre en compte l'expression du vote des citoyens de l'Union. Un progrès et, à tout le moins, une évolution qui pouvaient être défendus lors de la prochaine campagne. L'UMP dispose encore du plus grand nombre de députés parmi la représentation nationale au Parlement de Strasbourg. En recasant les perdants des dernières législatives, Michèle Alliot-Marie ou Nadine Morano dans le "Grand Est" où elle est imposée par l'appareil de son parti contre le député sortant, elle court le risque d'un discrédit au moment où le centre, façon Modem-UDI, et surtout le Front national entendent s'affirmer dans une élection où l'abstention est traditionnellement forte.

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