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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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17/01/2016

Apprentissage: regarder la réalité bien en face

Que ne l’a-t-on fait plus tôt ? À vrai dire, l’apprentissage a tellement souffert, depuis si longtemps, du poids d’une idéologie primaire, spécialement entretenue par l’Éducation Nationale, qu’il va peut-être, enfin, bénéficier d’une manière de consensus politique. Ce serait le début d’une petite révolution et, surtout, d’une mobilisation indispensable pour permettre à des jeunes qui décrochent de trouver du boulot alors même que des emplois, nombreux, ne parviennent pas à être pourvus.

Encore va-t-il falloir regarder une certaine réalité bien en face. En commençant par remettre à plat le fonctionnement du collège unique — il en est régulièrement question — cette invention des années 70, façon Giscard et son ministre Haby, au nom de la fameuse démocratisation de l’enseignement. Va-t-on continuer, de façon égale pour tous les jeunes, quelles que soient leurs possibilités, à vouloir coûte que coûte les amener jusqu’à ce brevet des collèges qui ne sert à rien, les laisser, pour beaucoup trop d’entre eux, sortir de la classe de troisième sans avoir acquis ces fameux savoirs fondamentaux dont on fait grand cas... On sait pourtant que s’ils ne sont pas maîtrisés à la sortie du primaire, ils ne le seront plus. La réforme du collège, façon rentrée 2016, réussira-t-elle à redresser le cours des choses ? On en doute. En tout cas lorsque, par ailleurs, on sait l’exorbitant échec dans le cycle universitaire qui suit le second cycle, on se dit, vraiment, qu’il faut avoir le courage de s’attaquer, de bonne heure, à la question de l’orientation et de multiplier les occasions de découvrir une panoplie de métiers en déshérence. Les centres de formation d’apprentis, ici et là, ont fait la preuve de leur efficacité, mais il faut aussi oser promouvoir, à grande échelle, la formation en alternance. Révéler à des jeunes le potentiel des métiers traditionnels dont la société a besoin et des nouveaux métiers dont l’exercice n’a plus rien à voir avec les représentations héritées de la révolution industrielle. Ce n’est qu’à ce prix, au-delà des discours et des initiatives exemplaires, que l’on donnera enfin à l’apprentissage la place qu’il mérite et dont le pays, et son économie ont grand besoin.

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