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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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24/06/2016

 » Brexit » : Le défi que l’Union Européenne doit relever sans tarder

On imagine, déjà, la mine qui sera la sienne au sommet prévu ce mardi à Bruxelles. Il a annoncé sa démission pour octobre; il ne pouvait pas faire moins. Mais sa personne compte bien peu ; désormais il faut tenter d’évaluer les conséquences de cette sortie d’un pays, dont le nom, les valeurs de démocratie qu’il porte, la finance qu’il incarne avec la City, la Défense qui compte encore dans un monde si instable, ne pesaient pas pour rien dans la considération dont l’Union Européenne jouissait encore. De Pékin à Washington en passant par Tokyo et Moscou.

Les conséquences économiques ne se mesureront qu’au fil des mois et des années. Beaucoup dépendra de la réaction de l’Union Européenne et de la réponse politique que ses dirigeants apporteront à ce fameux « Brexit ». Il n’est pas sûr qu’elle doive être brutale, comme le luxembourgeois président de la Commisssion européenne, Jean-Claude Junscker, le laissait entendre ces derniers jours. Il va falloir chercher à retrouver les bases d’une coopération qui ne saurait oublier le réel, les échanges économiques qui se sont fortement développés.

Pour les conséquences politiques, c’est une tout autre histoire qui commence. Une histoire lourde de grandes incertitudes.

1. Pour l’unité, relative d’ailleurs, du Royaume-Uni dont on aura noté, d’emblée que l’Écosse, votant à contre-courant de l’Angleterre et du Pays de Galles, réaffirme fortement son appartenance à l’Union Européenne. Il sera difficile de lui refuser l’idée d’un nouveau référendum.

2. Pour la pérennité de l’Union dans sa composition actuelle, tant le résultat de ce jeudi noir, en Grande-Bretagne, va donner des ailes aux mouvements populistes qui émergent un peu partout et bousculent les partis traditionnels qui ont été, le plus souvent, incapables, une fois au pouvoir, d’assumer leur propre responsabilité, préférant s’en prendre à la technocratie bruxelloise, plutôt que de s’entendre pour prendre la main sur de véritables politiques communes. Vous en avez fait un bouc émissaire ? Voilà le résultat. Et, déjà, comment ne pas voir le parti que vont chercher à en tirer l’extrême droite française pour ne pas parler de l’extrême gauche. Saurait-on pour autant accuser les citoyens des régions déshéritées de l’Angleterre qui n’est pas réductible à l’éclat londonien d’avoir dit : pouce ! Le message qu’ils envoient aux dirigeants du continent, y compris celui qui touche à l’immigration, ne saurait être évacué d’un revers de main.

3. Pour l’équilibre même de l’Union dont la France et l’Allemagne et leurs dirigeants successifs n’ont pas su s’entendre pour faire avancer une Union politique intelligente et ont enfermé cette Europe, trop vite élargie, dans une image de machin « économétrique », source d’éternels différends sur le cœur même du réacteur. Une monnaie unique certes, mais pas de politique économique concertée, hélas laissée aux « bons soins » de la seule Banque Centrale.

Le chantier de rénovation, à moins qu’il ne soit de sauvetage, est bien plus grand qu’on ne l’imagine. Il faut s’y atteler sans tarder ; il y va de l’avenir de notre jeunesse et du bien si précieux qui se nomme la paix.

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